"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

vendredi 30 décembre 2022

A Bihorel, pour que tout change, il faut que rien ne change


 

Bientôt, place de l'église à Bihorel


Peut-être au début de la semaine passée, vous êtes vous fait comme moi le plaisir de visionner, une fois encore, "Le Guépard" ? Ce merveilleux film de Visconti figure dans mon panthéon cinématographique aux cotés de Stalker, le Crabe Tambour, Satyricon et quelques autres. 

Comment, la soixantaine passée, ne pas s'identifier au personnage de Don Fabrizio Salina qui avec détachement et mélancolie assiste au déclin de son monde...Chaque plan est une œuvre d'art et si la photographie est magnifique, les dialogues ne sont pas en reste. 

La phrase centrale du film est  "il faut que tout change pour que rien ne change", à l'inverse de Bihorel où il faut que rien ne change pour que tout change. Ceux qui, parmi vous mes chers Compatriotes, suivent la vie politique locale depuis une vingtaine d'années et qui auront visionné la vidéo du dernier conseil municipal en date, comprendront dans la seconde, ce que je veux exprimer par là.

Voilà plusieurs années que je n'avais pas assisté à un  conseil municipal. Depuis que tout ou presque relève de la compétence de la métropole, le charme s'était évanoui. Mais dans le fonctionnement, le conseil est resté la même chambre d'enregistrement. D'ailleurs, qui en aurait douté ? Certes les potiches ont changé mais demeurent des potiches. Les mêmes tapotent toujours sur leurs portables, affectant ainsi d'étaler leur habituel mépris pour les affaires de la commune et sont accompagnés dans le tapotage par quelques nouveaux crétins. L'un d'eux, pour faire honneur à son grand-père, ferait bien de se montrer un peu plus concerné par les débats. 

Qui vote contre ? Qui s'abstient ? Emballé, c'est pesé ! Un vieux rituel, une tradition bihorellaise perpétuée, une rengaine qui vous rajeunit de plusieurs années. La démocratie à Bihorel est toujours une mascarade. 

C'est ainsi que notre maire à tous a été autorisé à vendre, sans trop de contraintes, la parcelle AH-937 dite du "presbytère". Et sans trop d'opposition non plus d'ailleurs, une opposition diesel crit'air poussive, incapable de mettre un coup de turbo au moment opportun, c'est à dire de relancer les uns et les autres l'argumentation, laissant seule au front Annick Bonneau qui finit par s'essouffler.

 Ce qui me sidéra, c'est qu'à l'instant du vote, l'opposition eut besoin d'une interruption de séance pour décider si oui ou non elle voterait en l'état, la délibération 10. Impréparation ? Indécision ? Discorde interne ? J'ai trouvé cela tout simplement pitoyable.

Quant à l'association "au cœur de Bihorel" conviée en toute hâte par le maire à prendre la parole (ça fait partie de la "concertation") avant le début du conseil pour la présenter, son président aura réussi dans une intervention peu tranchante, la performance, entre autres, de ne pas avoir prononcé le nom de l'association ... L'air goguenard du maire à la fin, résume tout. 


L'entrevue 

Quelques jours plus tard, le 21 décembre pour être précis, une délégation composée d'une partie des membres du bureau de "au cœur de Bihorel" ainsi que du Père Henry qui représentait la paroisse, avait rendez-vous avec le maire de Bihorel. 

Pascal Houbron nous a reçus de manière très courtoise mais cette entrevue n'aura pas permis de faire évoluer d'un iota la position du maire qui manœuvra de façon très habile. Qu'il est loin le temps où jeune freluquet, le maire s'était fait mettre en minorité par les vieux briscards de sa majorité à l'heure de voter l'enclenchement du processus d'une fusion de Bihorel avec le Rouen d'Albertini dans les années 2005/2006.

En ce 21 décembre dernier, le président de l'association eut beau insister et  demander plusieurs fois l'annulation de la délibération 10 et sa réécriture, rien n'y fit. Pascal Houbron le promena comme un hockeyeur balade sur la glace, le palet au bout de sa crosse, pour l'emmener là où il le souhaite. De la belle ouvrage ! 

Tout juste, l'association obtint elle la vague promesse d'une écoute de ses doléances, autant dire rien. 

Bref, aujourd'hui "au cœur de Bihorel" se retrouve dans une impasse et marginalisée  dans le dossier du presbytère. La stratégie des angles arrondis et des ronds de jambes, voulue par son président, a montré ses limites. L'association n'a plus qu'à s'en remettre à l'aboutissement des différents recours qui vont être intentés. Affaire à suivre.

Pour ma part, lors de cette entrevue, je me suis contenté d'exposer à Pascal Houbron, mon projet de réhabilition du presbytère, incluant le maintient de la fonction presbytérale, éventuellement la création d'un lieu de restauration pour les élèves de l'école Notre Dame des Anges et surtout la création d'une pépinière d'entreprises au sein du presbytère réhabilité et augmenté, permettant ainsi l'obtention de subventions finançant tout ou partie des travaux et à l'avenir, une source de revenus sous forme de loyers pour la commune. 

A vrai dire, je ne fus pas surpris par la réponse du maire qui écarta poliment mon idée. Je n'apportais pas le "million" espéré, fruit de la vente du presbytère. A chacun sa logique, d'un coté la vente des bijoux de famille, de l'autre un projet innovant et revivifiant pour la commune.

Vous pouvez retrouver l'intégralité de mon intervention en suivant le lien ci dessous.

Texte de mon intervention lors de l'entrevue du 21 12 2022 avec le maire de Bihorel



En conclusion, mes chers Compatriotes, je dirais que l'avenir de notre presbytère pour 2023, ressemble plus à un tas de gravats qu'à une réalisation de type "Gascard".

Après, si notre presbytère doit être détruit pour laisser la place à un collectif de logements, qu'ils soient de standing ou sociaux, peu me chaut, même si je pense que l'homogénéité ethnique et culturelle du vieux Bihorel doit être conservée.


C.D






jeudi 29 décembre 2022

l'Effondrement (3) : la souveraineté

 



“Voilà trente-cinq ans que toute une oligarchie d’experts, de juges, de fonctionnaires, de gouvernants, prend, au nom des peuples, sans en avoir reçu mandat, des décisions dont une formidable conspiration du silence dissimule les enjeux et minimise les conséquences.”

  

Philippe Séguin




mercredi 28 décembre 2022

l'Effondrement (2) : le patrimoine





 “Les églises étant devenues des musées, on conservera celles qui ont une valeur architecturale, artistique ou patrimoniale particulièrement signifiante et on rasera les autres. Pourquoi en serait-il autrement ? Pourquoi conserver des monuments vides et inusités, dont tout le monde se contrefout quand ils ne sont pas incendiés ou bulldozérisés ? Tout comme pour les “commerces de proximité”, que l’on pleure tout en allant faire ses courses à Auchan, l’"artisanat" que l’on vante avec émotion du fond de son intérieur 100% Ikea, il faut que les gens s’habituent à voir disparaitre ce qu’ils ont abandonné… Tant pis pour le charme de la carte postale, bienvenue dans la réalité.”


Xavier Eman, Hécatombe. Pensées éparses pour un monde en miettes, 2021.






mardi 27 décembre 2022

l'Effondrement (1) : l'école

 



“L’avenir dont rêvent les progressistes est encore plus repoussant que celui qu’involontairement ils préparent.”


Nicolás Gómez Dávila, Les Horreurs de la démocratie, trad. Michel Bibard, 2003. 





samedi 24 décembre 2022

Veillée de Noël

 




Quel bonheur, mes enfants, de vous parler ce soir de Noël . Oh ! Je sais que tout pas n'est gai, aujourd'hui, pour les enfants de France. Mais je veux, cependant, vous dire des choses de fierté, de gloire, d'espérance.


Charles de Gaulle, 24 décembre 1941





samedi 17 décembre 2022

Rengaine

 






Mes chers Compatriotes, je me contenterai aujourd'hui de simplement mettre en ligne la vidéo du conseil municipal de jeudi dernier au cours duquel fut débattu l'avenir de notre presbytère. Je ne ferai, pour l'heure, aucun commentaire sur son déroulement pas plus que sur ce qui s'y est dit et décidé. Je vous laisse vous faire votre propre opinion. Le titre du présent billet devrait vous mettre sur la voie quant à mon ressenti personnel.

Ce que je peux vous confier, c'est que contrairement à ce que l'on essaie de nous faire croire, notre presbytère n'est pas en phase de devenir une ruine. Je l'ai visité mercredi dernier de la cave au grenier accompagné d'une architecte spécialiste de la rénovation de bâtiments anciens. Son diagnostic est formel, les murs de fondation, l'ensemble du gros œuvre, la charpente et la toiture sont tous en très bon état et ce malgré deux décennies d'absence d'entretien.

Je peux également vous confier qu'une délégation du bureau de l'association "Au cœur de Bihorel" ainsi que le père Henry, ont rendez-vous cette semaine au sujet du devenir de notre presbytère avec le maire de Bihorel et que je ferai partie du voyage.

A bientôt, pour la suite de nos aventures

C.Dragasès







mardi 13 décembre 2022

Conseil municipal et presbytère

 



Le conseil municipal du 15 décembre 2022 signera-t-il l'arrêt de mort de notre presbytère ?

Il en est toutefois question puisque figure de façon très discrète à l'ordre du jour,  la délibération suivante : 




ou comment ne pas nommer les choses !


Le conseil municipal est appelé à autoriser le maire à vendre comme bon lui semble à un promoteur, notre presbytère.

Mes chers Compatriotes, selon sa mauvaise habitude, le maire va se comporter une fois encore en propriétaire de Bihorel. Rappelons que le presbytère de Notre Dame des Anges est un bien communal depuis la fin du 19ème siècle et qu'il est la propriété de tous les Bihorellais

Le maire, certes élu légalement en 2020 mais dont le score à cette élection municipale (24,86% des inscrits à Bihorel) ne lui donne aucune légitimité, n'a pas reçu mandat de la population d'agir selon son bon plaisir et certainement pas concernant la vente du presbytère. C'est à l'ensemble des Bihorellais de décider de l'avenir du patrimoine bâti de la commune.


Mes chers Compatriotes, soyons nombreux à venir défendre ce qui nous appartient, par notre présence au conseil municipal du jeudi 15 décembre qui se tiendra à 19 heures, salle des mariages, Hôtel de ville de ce qui reste de Bihorel !


C.Dragasès






jeudi 8 décembre 2022


 En panne  de ligne internet depuis trois jours et difficile de gérer un blog depuis un mobile. 

Retour à la normale attendu pour vendredi ou lundi. 

CD





samedi 3 décembre 2022

"au Cœur de Bihorel", l'association

 



J'aime bien cette vieille carte postale, elle représente un Bihorel des origines ou tout du moins d'un temps que les moins de cent ans n'ont pas connu. Elle est intéressante également car elle nous montre trois des prochaines victimes (parmi d'autres, hélas !) de l'urbanisme à Bihorel qui ressemble à un canard sans tête.

On y voit à l'arrière plan l'hippodrome qui à l'occasion de l'adoption du PLUI est passé de zone naturelle à Zone UP (zone urbaine paysagère) ce qui le rend "constructible" pour des équipements publics avant de l'être pour des logements privés dans un futur proche. On y voit aussi le Lido, condamné à moyen terme, c'est à dire dès que la nouvelle salle des fêtes sera opérationnelle.

Enfin, notre presbytère au premier plan, qui se retrouve lui dans l'œil du cyclone. Les choses en effet semblent s'accélérer du coté de la mairie et sa volonté de voir un projet immobilier aboutir rapidement. A Bihorel, comme sur tout le plateau nord, les promoteurs sont à l'urbanisme et au cadre de vie ce que les viandards sont à la chasse : ils s'arrachent et massacre la moindre proie. 

Cette semaine, une association a été créée par de simples habitants de Bihorel et/ou paroissiens de Notre Dame des nations. Son but proposer une alternative aux différents projets que les "viandards de l'urbanisme" vont soumettre à notre maire à tous qui les étudiera avec les yeux de Chimène, enfin surtout le chèque, puisque l'on parle d'une somme de plus d'un million d'euros pour acquérir les quelques  1.400 mètres carrés de foncier de la parcelle du presbytère. 

"Au cœur de Bihorel" proposera et défendra deux projets alternatifs. L'un consistant à raser l'actuelle bâtisse et à bétonner 80% (voir plus) de la parcelle pour y construire un collectif "intergénérationnel et participatif " entre autres dont j'ai déjà écrit tout le "bien" dont je pensais.

L'autre projet de l'association consisterait à réhabiliter le presbytère en le faisant évoluer à l'image de ce qui fut réalisé pour le centre Gascard. Cela permettrait de sauver en grande partie le jardin qui entoure le presbytère, et de conserver ainsi un peu de végétation et un espace vert dans un environnement (celui de la place de l'église) déjà particulièrement bétonné et pavé de granit. 

Bien évidemment, l'association est là également pour veiller à l'application de la clause presbytérale voulue par le donateur de la parcelle à la commune et l'association soutient par ailleurs, la création dans le bâti (ancien et nouveau) d'un restaurant scolaire pour les élèves de l'école Notre Dame des Anges ainsi que la réalisation d'un espace de même surface remplaçant l'actuelle salle paroissiale quelque peu désuète, voire dangereuse...

Le projet de réhabilitation en est à ses balbutiements, les tenants de la sauvegarde du patrimoine historique n'ayant été que très récemment invités à la réflexion sur l'avenir de notre presbytère et cela pour des raisons sur lesquelles je reviendrai à l'heure des bilans.

Bref, si tout cela vous intéresse, une réunion d'information se tiendra le 12 décembre à une heure et un lieu que je préciserai dans ces colonnes.


C.D  

 






vendredi 2 décembre 2022

Dimanche

 


" On reconnaît l'homme libre à ce qu'il est attaqué simultanément ou successivement par des partis opposés." 


Henry de Montherlant





jeudi 1 décembre 2022

Comme le temps passe

 



    On se dit " tiens, je vais écrire un billet aujourd'hui " et puis la nouvelle tombe.

 "Mort à 87 ans de Mylène Demongeot."  Le billet attendra...








vendredi 25 novembre 2022

mercredi 23 novembre 2022

Equipe de France

 



Difficile de s'identifier à cette équipe de France, mais bon, c'est quand même plus facile avec certains joueurs qu'avec d'autres... 


C.D





lundi 21 novembre 2022

 

« Ils achèteront plus tard mes livres, beaucoup plus tard quand je serai mort, pour étudier ce que furent les premiers séismes de la fin. »


Louis-Ferdinand Céline






vendredi 18 novembre 2022

In memoriam - Marcel Proust



votre serviteur - Cabourg / Balbec - Grand Hôtel - février 2014


     Marcel Proust 

" La mer fascinera toujours ceux chez qui le dégoût de la vie et l’attrait du mystère ont devancé les premiers chagrins, comme un pressentiment de l’insuffisance de la réalité à les satisfaire. Ceux-là qui ont besoin de repos avant d’avoir éprouvé encore aucune fatigue, la mer les consolera, les exaltera vaguement. Elle ne porte pas comme la terre les traces des travaux des hommes et de la vie humaine. Rien n’y demeure, rien n’y passe qu’en fuyant, et des barques qui la traversent, combien le sillage est vite évanoui ! De là cette grande pureté de la mer que n’ont pas les choses terrestres. Et cette eau vierge est bien plus délicate que la terre endurcie qu’il faut une pioche pour entamer. Le pas d’un enfant sur l’eau y creuse un sillon profond avec un bruit clair, et les nuances unies de l’eau en sont un moment brisées; puis tout vestige s’efface, et la mer est redevenue calme comme aux premiers jours du monde. Celui qui est las des chemins de la terre ou qui devine, avant de les avoir tentés, combien ils sont âpres et vulgaires, sera séduit par les pâles routes de la mer, plus dangereuses et plus douces, incertaines et désertes. Tout y est plus mystérieux, jusqu’à ces grandes ombres qui flottent parfois paisiblement sur les champs nus de la mer, sans maisons et sans ombrages, et qu’y étendent les nuages, ces hameaux célestes, ces vagues ramures.

La mer a le charme des choses qui ne se taisent pas la nuit, qui sont pour notre vie inquiète une permission de dormir, une promesse que tout ne va pas s’anéantir, comme la veilleuse des petits enfants qui se sentent moins seuls quand elle brille. Elle n’est pas séparée du ciel comme la terre, est toujours en harmonie avec ses couleurs, s’émeut de ses nuances les plus délicates. Elle rayonne sous le soleil et chaque soir semble mourir avec lui. Et quand il a disparu, elle continue à le regretter, à conserver un peu de son lumineux souvenir, en face de la terre uniformément sombre. C’est le moment de ses reflets mélancoliques et si doux qu’on sent son coeur se fondre en les regardant. Quand la nuit est presque venue et que le ciel est sombre sur la terre noircie, elle luit encore faiblement, on ne sait par quel mystère, par quelle brillante relique du jour enfouie sous les flots. Elle rafraîchit notre imagination parce qu’elle ne fait pas penser à la vie des hommes, mais elle réjouit notre âme, parce qu’elle est, comme elle, aspiration infinie et impuissante, élan sans cesse brisé de chutes, plainte éternelle et douce. Elle nous enchante ainsi comme la musique, qui ne porte pas comme le langage la trace des choses, qui ne nous dit rien des hommes, mais qui imite les mouvements de notre âme. Notre coeur en s’élançant avec leurs vagues, en retombant avec elles, oublie ainsi ses propres défaillances, et se console dans une harmonie intime entre sa tristesse et celle de la mer, qui confond sa destinée et celle des choses. "


Marcel Proust /  septembre 1892

Les Plaisirs et les jours, 1896.





lundi 14 novembre 2022

Humanité par Charlotte d'Ornellas




 

Personne ne quitte son pays de gaité de cœur, c’est entendu. Mais personne ne devrait quitter son pays pour finir dans une tente sous un pont du périphérique parisien, poussé à la délinquance par des réseaux criminels ou par les basiques nécessités d’une vie déracinée et solitaire. C’est pourtant ce qui arrive, sans que cela n’arrête la propagande migratoire des idéologues endurcis et des élites décidemment déconnectées.

On peut bien accueillir 234 personnes de plus, répètent en cœur ceux qui ne subissent jamais les conséquences de leur prétendue générosité. 234 personnes en détresse, qu’est-ce que cela pèse dans un pays de 67 millions de personnes, ânonnent en cœur les vedettes au grand cœur virtuel. Ils affirment agir par humanité… Mais où sont ces défenseurs de l’humanité lorsque ce sont leurs proches, ceux dont le gouvernement a premièrement la charge, qui murmurent leur détresse sans association de défense, sans micro ni caméra, sans avocats commis d’office, sans défenseurs de droits fondamentaux à leurs trousses ?

Savent-ils seulement qu’il suffit de quatre clandestins pour terroriser les habitants d’une place défigurée par le trafic de crack ? Qu’il a suffi d’un seul pour faire basculer la vie d’une jeune fille violée dans son sommeil ? Qu’il n’en suffit que d’une dizaine pour rendre un quartier invivable aux familles ? Qu’il n’a fallu que l’un d’entre eux pour salir les derniers jours d’une vieille femme violée dans son salon ? Qu’il a suffit d’un seul pour endeuiller les parents de tel ou tel petit Français assassiné.

Le dire serait de la « récupération » ? Répétons que ce n’est que de l’élémentaire compassion, doublée d’un appel au réalise.

Bien sûr, l’immigration illégale n’est pas seulement affaire de délinquance. Nombre d’exilés sont de pauvres hères innocents de tout délit ou crime, de simples exilés malheureux de vivre si loin de leurs patries. Mais où donc se cache la compassion des généreux pour les Français désespérés de leur exil intérieur, de la disparition culturelle de pans entiers de leur patrie à eux ? Nulle part.

Il est indiscutable que les malheureux qui forcent les portes d’entrée de l’Europe n’ont pas des vies enviables. Mais que les bonnes âmes se posent honnêtement la question : envisageraient-ils la détresse d’un inconnu si ce dernier venait à forcer la porte de leur maison ? S’inquiéteraient-ils de la souffrance de l’intru au moment d’exiger son départ à grand renfort de police ? Non, évidemment. Qu’ils acceptent alors de comprendre que la France est pour beaucoup de Français une maison commune dont il convient de préserver les murs porteurs.

Eux qui n’ont que la démocratie à la bouche devraient comprendre : rêver d’un vaste monde sans frontière est leur droit, accepter l’épuisement d’une majorité de leurs concitoyens devant la question migratoire est leur devoir.

Quand accepterons-nous enfin d’avoir l’humilité de reconnaître que nous ne pouvons plus ? Que la charité ne s’impose pas à d’autres ?

Le baromètre arabe, un réseau de recherche qui publie des enquêtes d’opinion dans les pays du Moyen-Orient et du nord de l’Afrique, publie des chiffres qui devraient faire réfléchir : 48% des jordaniens rêvent de quitter leur pays, 46% des Soudanais, 45% des Tunisiens, 34% des Marocains… Des proportions qui doivent être au moins similaires dans les pays de l’Afrique subsaharienne. Evidemment que ces aspirations individuelles sont compréhensibles.

Mais n’importe qui peut comprendre que nos pays ne pourront jamais digérer de tels mouvements de population sans disparaître.

Les 234 malheureux du jour sont potentiellement des millions. Quand aurons-nous la sagesse de comprendre que les portes doivent se fermer ? L’humilité de reconnaître que nous n’y arriverons plus ?

Ou plus exactement que la limite est déjà largement franchie : leur humanité ressemble à un bidonville porte de la Chapelle. Leur générosité finit sous une tente de fortune en périphérie des grandes villes. C’est cette réalité qui devrait remplacer l’imaginaire de l’eldorado dans la tête de tous les candidats à l’exil. Et dans celle des militants qui organisent la submersion.

 

Charlotte d'Ornellas

Journaliste à Valeurs actuelles









dimanche 13 novembre 2022

Parole de gauche (la vraie)

 




 



vendredi 11 novembre 2022

Des vainqueurs de Verdun aux nabots d'en marche

 

Défilé des morts sous l'arc de triomphe - Georges Scott (1876/1943)


Si la grande Histoire , à juste titre, a retenu le 11 novembre 1918 comme un jour de victoire du grand peuple français, la petite histoire elle, retiendra le 11 novembre 2022 comme un jour de défaite et de trahison, celles des nabots qui nous dirigent aujourd'hui et d'une république qui chaque jour trahit un peu plus la France et les Français.

En laissant les portes et fenêtres grandes ouvertes à l'immigration clandestine, d'une maison qui n'avait déjà plus de toit, le pouvoir en place trahit la mémoire et les sacrifices des poilus de 14/18 tout en lançant un message clair aux passeurs trafiquants d'esclaves du 21ème siècle: venez, nous ne nous opposerons pas.

Quelle offense faite à nos soldats qui défendirent mètre par mètre le sol français,  l'indépendance et les frontières nationales, tout cela pour qu'un siècle plus tard des nabots, le pantalon sur les chaussures, regardent arriver l'invasion migratoire partie d'Afrique comme on regarde passer les trains.

Mais où sont donc les Français ? Une partie semble résignée et beaucoup d'autres sont des incultes pour qui le Chemin des dames doit être le surnom d'une rue où tapinent des dames de petite vertu. Le 11 novembre ? Une bonne occasion d'aller chez Leroy Merlin, Decathlon ou Ikéa puisque c'est ouvert.

Bihorel n'est pas en reste. A la messe ce matin célébrée en l'église Notre Dame des Anges en mémoire de tous les morts pour la France, nous étions une petite soixantaine. Si le maire, comme à son habitude, était présent ce qui l'honore (non, non, je n'ai rien à lui demander), je n'ai guère reconnu que deux ou trois conseillers municipaux et en tout cas aucun de ceux sensés "rajeunir" la majorité municipale. Pour eux, sans doute Verdun appartient-il à la préhistoire et leur ait aussi éloigné que Tolbiac et Iéna, si par chance, ces noms illustres leur évoquent autre chose que celui d'une station de métro. Des mécréants et des cancrelas. 

Seul espoir en ce jour: la petite lumière rouge qui scintillait au fond du cœur de notre église.

C.Dragasès

















jeudi 10 novembre 2022

9 novembre

 


" Seul à Colombey entre le souvenir et la mort, comme les grands maîtres des chevaliers de Palestine devant leur cercueil, il est encore le grand maître de l'Ordre de la France. Parce qu'il l'a assumée ? Parce qu'il a, pendant tant d'années, dressé à bout de bras son cadavre, en faisant croire au monde qu'elle était vivante ?

Des branches de noyers se tordent sur le ciel éteint. Je pense à mes noyers d'Alsace, leur grande circonférence de noix mortes au pied du tronc, de noix mortes destinées à devenir des graines : la vie sans hommes continue. Nous aurons tenté de faire ce que peut faire l'homme avec ses mains périssables, avec son esprit condamné, en face de la grande race des arbres, plus forte que les cimetières. Le général de Gaulle mourra-t-il ici ? Nous repassons devant la guérite saugrenue qui abrite un C.R.S à mitraillette, quittons le parc de la Boisserie funèbre. Maintenant le dernier grand homme qu'ait hanté la France est seul avec elle : agonie, transfiguration ou chimère. La nuit tombe, la nuit qui ne connait pas l'Histoire. "


André Malraux - Les chênes qu'on abat...  /  Gallimard 1971






mardi 8 novembre 2022

Toujours prêts

 





 

samedi 5 novembre 2022

Samedi soir (avec Ottorino et sa valse caressante)

 

















Instrumentalisations et manipulations staliniennes



 "ce sont des passeurs, qu'ils retournent en Afrique".


Voilà ce que contient le verbatim officiel de l'assemblée nationale. Le reste n'est que littérature, basse politique et manipulation grossière par le bloc remplaciste, animé par les activistes islamo gauchistes de la NUPES.

La formule de Monsieur de Fournas est certes sommaire, mais elle a le mérite de dire tout haut dans l'hémicycle ce qu'exprimaient les Français dans un récent sondage où 62% d'entre eux trouvaient qu'il y avait trop d'émigrés en France.

Alors que Macron et Darmanin préparent une vaste opération de régularisation des clandestins sur le territoire national, la ficelle de la diversion est un peu grosse et ne vise qu'à verrouiller une énième fois le débat sur l'immigration. Le patronat français veut une fois encore puiser dans le stock de "l'armée de réserve" des esclaves et les bobos des métropoles renouveler leur domesticité. 

Notons, mes chers compatriotes, que M. de Fournas, député RN, n'a été sanctionné par ses pairs que pour avoir provoqué un "tumulte" à l'Assemblée Nationale et non pour de fantasmés propos racistes. Il s'agit donc d'une sanction politique, pour avoir rappelé le programme de son parti, sur lequel il a été élu par les Français. 

Cela en dit long sur l'état de la démocratie en France.


C.Dragasès





mercredi 2 novembre 2022

2 novembre, jour des Morts

 



" les souvenirs anciens c'est tenace, mais c'est cassant, c'est fragile, on peut se perdre en allant à tâtons parmi les formes révolues. C'est effrayant ce qu'on en a des choses et des gens qui ne bougent plus dans son passé. 

La vie c'est ça, un bout de lumière qui finit dans la nuit."


L.F.Céline / Voyage au bout de la nuit






samedi 29 octobre 2022

Samedi soir (Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, Johnny Cash & Elvis)

 





Jerry Lee Lewis a rejoint le paradis des Rock n'Rollers hier à l'âge de 87 ans...
Au ciel, The Million Dollar Quartet est donc de nouveau réuni.

séance du 4 décembre 1956















jeudi 27 octobre 2022

Notre presbytère pris dans la tenaille des "progressistes"

 



Pourquoi, mes chers Compatriotes, se passionner en cette fin 2022 pour un vieux  presbytère laissé volontairement à l'abandon depuis 20 ans par le maire de Bihorel ? A l'heure où l'ennemi vient égorger et violer jusque dans nos maisons, nos filles et nos compagnes, où l'humanité n'a jamais été aussi près d'une crise majeure et peut-être définitive, oui pourquoi s'intéresser à une vieille masure ?

Peut-être parce que ce presbytère est comme moi, qu'il appartient à un monde qui se meurt, qu'il est de la France "d'avant" la grande déculturation, d'avant le grand déracinement, le grand remplacement, la grande déchristianisation et l'effacement de nos paysages derrière la laideur contemporaine. 

Peut-être aussi parce que le petit caillou, que j'ai toujours cherché à être dans la chaussure de ceux qui décident pour nous, peut tenter une ultime fois, de faire boiter les obsédés du bulldozer et de la toupie à béton dans notre commune.

C'est dans cet esprit que je me suis rendu à la réunion qui se tenait dans notre salle paroissiale, jeudi 20 octobre dernier.  

Une bonne surprise m'y attendait. L'assistance était nombreuse, le vieux bâtiment suscitait donc encore de l'intérêt chez les paroissiens de toutes obédiences. Un regret, le maire de la commune propriétaire des lieux n'était pas là, mais Pathé Marconi, une vieille connaissance, était lui présent. Notre petit marquis eût sans doute de ce fait, un rapport précis et circonstancié des échanges de la soirée, des tendances et des forces en présence.   

Si je résume à grands traits, la situation du presbytère est très inconfortable, il se trouve pris dans la tenaille des "progressistes" des deux rives qui veulent les uns comme les autres le démolir, le trouvant "obsolète". 

D'un coté le progressisme "libéral" du maire, celui que nous connaissons le mieux pour le voir à l'œuvre depuis une dizaine d'années, celui qui défigure notre commune et qui consiste à raser tout ce qui existe pour bétonner un maximum de mètres carrés dans la plus pure logique financière des promoteurs immobiliers. Notre petit marquis n'a qu'une envie, vendre la parcelle du presbytère au plus offrant tout en se lavant les mains de ce qu'il adviendra. 

Mais il y a un "hic". L'abbé Flavigny, donateur à la commune au 19ème siècle de la parcelle posa une clause, exigeant que les lieux aient une fonction presbytérale et éducative. Le maire a bien essayé de la faire invalider par les tribunaux mais les descendants du donateur s'y opposent. Le petit marquis est tombé sur un bec.

C'est dans cette faille que se sont engouffrés, ceux que j'appellerais les tenants d'un progressisme "social", un brin "remplaciste" et collectiviste. Ils ont élaboré le projet "Pour un habitat innovant et participatif à Bihorel" mis en ligne avec mon billet du 27 septembre dernier et dont j'ai déjà écrit ce que j'en pensais.

Bref, le sort du presbytère semble scellé. D'un coté comme de l'autre, on ne lui voit qu'un seul avenir, celui d'un tas de gravas qui laissera la place à une "bétonnerie" quelconque. Seule la suite diffère: un bon fromage pour les promoteurs ou un habillage social pour introduire une mixité qui soi-disant serait absente du vieux Bihorel, à moins bien évidemment que l'on sous-entende par là "mixité ethnique" ?

Une deuxième bonne surprise m'attendait, lorsque j'ai parlé de "cadre de vie", de "patrimoine historique" plusieurs personnes ont été sensibles à l'argument et se sont montrées hostiles à la politique du tout bulldozer et béton. 

Mes chers Compatriotes, il faut tout de même que vous imaginiez à quoi  ressemblera notre place de l'église d'ici à quelques années. Je ne reviendrai pas sur la minéralisation et la déforestation (1) de celle-ci ces derniers mois, mais en plus des deux immeubles construits ces dernières années, vont venir s'ajouter le projet qui remplacera les bâtiments de la pharmacie et alentour, celui qui remplacera la maison des médecins, celui prévu en bas de la place près de l'office notarial, celui qui remplacera le P'tit Lido (quel nom ridicule ! ) et enfin celui dit du "presbytère" que les esprits "marketing" des promoteurs ne manqueront pas de nommer "Les jardins du Curé". Bref, Adieu Bihorel !

A l'occasion de cette réunion, j'ai proposé la piste s'inspirant de la transformation des laboratoires Gascard en école de musique et "médiathèque", celle qui consiste à demander aide et concours aux élèves de l'école d'architecture de Rouen (si cela se révèle possible) pour conserver l'existant du presbytère en l'intégrant dans une évolution des lieux. 

Une troisième voie, qui ferait le trait d'union entre passé, racines et avenir, peut-être et même sans doute éloignée des logiques purement comptables et financières mais qui aurait au moins le mérite de ne pas faire de Bihorel une page blanche tout en préservant sur cette place ce qui peut l'être encore après une décennie de destruction. Les Bihorellais de demain méritent mieux qu'un urbanisme pensé par des esprits restés bloqués dans les années "80". 

Comme je l'ai rappelé lors de cette réunion, nous ne sommes pas propriétaires de ce que nous ont transmis les Bihorellais du passé. Nous n'en sommes que les dépositaires. Ils nous ont simplement donné pour mission de transmettre à ceux qui nous suivront la belle commune de Bihorel. Si cela parait déjà fort compromis par deux décennies de saccages urbanistiques, essayons au moins de sauver ce qui peut l'être encore !  

Bien sûr, certains lors de cette réunion en m'écoutant, ont levé les yeux au ciel et secoué la tête en signe de désapprobation. Sans doute, ont-ils pensé "passéiste" et/ou "ringard" à mon encontre. A ceux là, je répondrai par la phrase d'Alain Finkielkraut : " les vrais déclinistes sont les progressistes parce qu'ils prennent la marche vers l'abime pour une marche vers l'avant".

A suivre...


C.Dragasès


(1) notre petit marquis évoque la création d'une forêt "urbaine" (bel oxymore), je crois dans le quartier du chapitre. Alors pourquoi ne pas s'autoriser le terme de "déforestation" pour qualifier l'abattage des arbres de la place de l'église ?



 

dimanche 23 octobre 2022

Albane



 


"les mots sont peu de choses et impuissants, face à une telle tragédie" ai-je écrit dans un précédent billet consacré à la disparition de la petite Albane. J'avais tort. Les mots d'un prêtre sont tout lorsqu'ils sont inspirés par le Saint Esprit. Voici l' Homélie du Père François Xavier Henry prononcée lors de la messe d'inhumation d'Albane en l'église Saint François le 21 octobre 2022.


"   Depuis 10 jours, nous sommes comme ces deux hommes de l’Evangile quittant Jérusalem, tristes, le visage sombre. Ils viennent de connaître un tremblement de terre dans leur vie : l’homme en qui ils avaient toute leur foi, tous leurs espoirs, est mort comme un esclave sur la croix. Et ils ruminent leur tristesses, leurs espoirs déçus, ils se reposent la question du sens de leur vie : « Nous pensions qu’il était le Messie d’Israël, qu’allons devenir sans lui ? » Oui, il y a 10 jours, un mercredi, la journée des enfants, en fin de matinée, nous avons connu un tremblement de terre similaire : au cours d’un accident brusque et soudain, une petite fille pleine de vie Albane nous a quittés, une maman Constance a été meurtrie dans son corps pour de longs mois et dans son cœur à jamais, un petit garçon Gabriel a été miraculé, un papa Etienne pleure sans honte, une grande sœur Clotilde a perdu sa compagne de jeu et sa confidente et un homme, chauffeur de son métier est plongé dans les abîmes profondes d’immenses remords.

Ce tremblement de terre a connu des répliques immenses bien au-delà de Bihorel : 

- pour vous arrières-grands-parents, grands-parents, oncles et tantes, parrain et marraine, cousins et cousines d’Albane qui vivaient désormais avec un grand vide dans votre cœur,

- pour vous les enfants de l’école Méliès et du centre aéré du quartier du Chapitre à Bihorel et de l’école Germaine Coty de Bois-Guillaume, qui perdez et pleurez une sacrée camarade de jeux.

- pour des milliers de parents qui regardent désormais leurs enfants avec les yeux embués de larmes, et les étreignent un peu plus fortement le soir avant qu’ils aillent se coucher.

- pour des centaines de cyclistes de la Métropole de Rouen, qui, comme vous Etienne et Constance, croient en ce moyen de transport et qui appuient un peu plus fortement sur leurs freins avant chaque carrefour,

- pour vous, membres de l’équipe territorial des guides et scouts de France, mouvement si plein de vie et de belles amitiés, de nouveau endeuillé après avoir connu plusieurs décès ces derniers mois. 

- pour nous prêtres qui sans honte pleurons devant Dieu le décès d’une petite fille baptisée il y a 4 ans dans cette même église, et qui l'implorons : « Seigneur, que fais-tu ? » 

Il y a le tremblement de terre du drame, et peu à peu, chemin faisant, il y a un hôte mystérieux qui s’insère dans notre vie, qui vient questionner nos colères et nos peurs et réchauffer nos cœurs. Sur le chemin d’Emmaüs, Jésus s’insère dans la conversation sans se faire reconnaître, mais sa parole lumineuse vient peu à peu réchauffer le cœur des deux marcheurs. Cette parole qui réchauffe les cœurs, c’est l’amour en acte, maladroit, un peu gauche, mais  qui fait apparaître ce surcroît d’humanité, sans fard ni maquillage, où nous n’avons plus honte d’apparaître tel que nous sommes devant les autres. Depuis 10 jours, nos cœurs rongés par le chagrin se réchauffent peu à peu et des torrents d’amour insoupçonnés se manifestent par des gestes d’attention, des initiatives de prière, des institutions qui se rapprochent, des mots d’enfants baignés de larmes, des parents qui s’entraident pour dire l’indicible sans tricher et sans blesser. Pourquoi nous autres adultes de l’espèce humaine, avons-nous besoin de tels drames pour laisser jaillir l’amour et ce surcroît d’humanité que nous retenons si souvent dans nos vies bien rangées ? L’amour est insécurisant, il nous fait prendre des risques, il nous sort de nos zones de confort, il polit notre humanité, il nous fait prendre soin des autres, il construit ce monde plus juste et fraternel auquel vous tenez tant, Etienne et Constance.

Etienne et Constance, au cours de ces derniers jours, j’ai découvert votre immense altruisme, fruit de votre conjugal qui se diffuse de proches en proches. Vous avez choisi , depuis le jour de votre mariage, de demeurer dans l’amour qui parfait nos humanités. Malgré votre immense tristesse devant le décès d’Albane, vous ne vous apitoyez pas tant sur votre peine que vous ne pleurez le chagrin des autres. Avant d’avoir souci de vous, vous avez souci de l’autre, au sein de votre couple et de votre famille. Etienne, vous révélez aux yeux de tous un courage hors du commun méconnu par beaucoup et une grande capacité à tout mener de front. Constance, vous faites preuve d’une maîtrise de vous-même impressionnante, prenant sur vous, sur vos douleurs physiques et vos bleus de l’âme pour accueillir les uns et les autres, ayant souci de vous intéresser à ce qu’ils portent et rattrapant gentiment leurs boulettes spontanées.

D’ailleurs, à propos de boulette, j’en ai fait une belle mercredi soir. Constance, en quittant votre chambre d’hôpital, je vous ai dit : « Au revoir Albane », et avec un sourire triste vous avez répondu en chuchotant « Père, c’est Constance ». Et vous avez ajouté : « Ce n’est pas grave, ça fait du bien d’entendre son prénom ! » A travers ma maladroite spontanéité, Albane avait été rendu présente de manière fugace. Alors, vous tous qui êtes ici présents, prenez l’engagement dans les semaines et les mois qui viennent de ne jamais faire d’Albane un silence gêné entre vous. Souriez, riez à l’évocation de ses tics, de ses tocs, de ses manies de petite fille de 5 ans !

En effet, Albane est une petite fille pleine de spontanéité. Comme toi Clotilde : L’autre jour, tu es venue à l’hôpital avec Gabriel pour saluer ta maman. Et en sortant de sa chambre, tu sautais de joie dans le couloir, attitude peu commune dans un service d’orthopédie. Tu avais pu embrasser ta maman ! La spontanéité, c’est notre humanité  profonde qui s’exprime sans calcul de l’instant présent, pour le goûter pleinement. Sur la photo que vous avez choisie, Albane a un joli strabisme toute concentrée sur ce qu’elle fait : des bulles de savon ! Où sont ses chaussures ? Elle-même ne le sait pas. Seules comptent les bulles de savon ! Seul compte l’instant présent. Nous adultes, nous voulons apparaître lisses, passe-partout, sans aspérités, en self contrôle permanent et fatigant, prisonniers de notre passé, angoissés quant à notre avenir, et l’instant présent nous passe sous le nez. Albane nous dit : « Soyez spontanés. »

Albane est une petite fille espiègle. Elle sourit, elle rit, elle est joyeuse. Des ingrédients qui donnent du sel et de la couleur à nos vies. Et c’est dans cette espièglerie que vous la reconnaîtrez, comme Jésus qui laisse à ses disciples le mémorial humble et sobre de sa présence : la nourriture d’un morceau de pain sans levain. Albane vous laisse aussi des mémoriaux, signes de sa présence au cœur de vos vies : l’espièglerie et la spontanéité.

La couleur préférée d’Albane est le violet : ses lunettes et son serre-tête sont là pour le rappeler sur la photo. Cette couleur a une signification particulière pour l’Eglise : elle est la couleur de l’attente avant la célébration d’un des grands mystères de la vie de Jésus, Noël ou Pâques. Cette couleur est un message qu’Albane nous laisse : nous sommes désormais dans l’attente de la retrouver un jour auprès de Dieu.

Etienne, vous me glissiez que lorsque votre petite tribu familiale s’élançait pour aller à l’école, Albane est toujours devant, c’est elle qui entraîne Clotilde et Gabriel, elle les précède. Aujourd’hui, dans la foi et l’espérance, Albane nous précède comme Jésus a promis qu’il précéderait ses disciples, qu’il partirait pour leur préparer une place et reviendrait les chercher. Albane nous précède, elle est la première à rejoindre la maison du Père. La première sur un chemin imprévu, nouveau, radical : celui d’un amour vécu dans l’absence de l’être aimé, qui nous laisse des signes humbles et fugaces de son amour dans l’attente de retrouvailles éternelles. A vue humaine, Albane est peut-être un souvenir, mais dans la foi, l'amour et l’espérance, elle est surtout une communion et un a-venir.

Alors, merci Jésus de nous avoir donné Albane, merci pour son témoignage de vie intense et lumineux. Merci Albane, pour ta spontanéité, pour ton espièglerie, pour ton amour de l’instant présent, pour ta joie de vivre, pour ton caractère fonceur qui nous ont laissé voir à travers ta trop courte vie un beau cœur d’enfant qui annonce le Royaume de Dieu.

Avec toi Albane, le cœur très lourd du chagrin de te quitter mais rempli de l’espérance de te savoir dans les mains de Dieu, nous voulons fredonner et garder en nous ta maxime de vie : 

T’en fais pas, la vie est belle,

Comme un vol d’hirondelle,

Qui s’en va et qui revient 

Au printemps un beau matin."

Père Henry