On ne compte plus les égorgements de rue perpétrés par des islamistes
présentés par le personnel politique de la France maastrichtienne comme
des épiphénomènes à ranger dans la rubrique des faits divers. Très
vite, les journalistes, les éditorialistes, les parleurs ayant leurs
ronds de serviette sur les plateaux de télé des chaînes d’information
continue, invoquent des problèmes avec l’alcool, la drogue, les
antidépresseurs, la famille explosée, ils glosent abondement sur "les
antécédents psychiatriques" -tout est fait, et dit, pour éviter que le
réel soit vu en face. Or ces attentats ne sont pas des faits divers
conjoncturels mais des actes de guérilla structurels conduits par des
gens dont l’horizon idéologique et politique est d’affaiblir d’abord
puis d’abolir ensuite la démocratie et la république en France afin d’y
faire avancer la cause de la charia.
L’islamo-gauchisme ne
concerne pas, hélas, que les gauchistes. Ce serait tellement simple si
cette frange antisémite de la gauche était la seule à trouver
systématiquement des excuses aux égorgeurs! Car, dans l’extrême gauche
historique, je songe aux trotskistes, on assimile Israël, l’argent, le
capital, le capitalisme, le sionisme et les Etats-Unis afin de
compagnonner avec l’islamisme sous prétexte qu’il serait la nouvelle
avant-garde éclairée sur laquelle il faudrait s’appuyer afin d’en finir
avec le capitalisme. L’islamiste d’aujourd’hui serait le prolétaire
d’avant-hier. Si les seuls gauchistes pensaient ainsi, ce serait
quantité négligeable.
Mais l’islamo-gauchisme concerne hélas une
grande partie de La France insoumise. Dans ce parti, certains justifient
et légitiment la cause islamiste puis s’opposent aux souverainistes
républicains et laïcs qui ont mon soutien, mais que Mélenchon vire comme
des malpropres -je songe aux récentes évictions de Djordje Kuzmanovic
et de François Cocq, membre fondateur du Parti de gauche.
Le PCF,
pour ce qu’il en reste, entre un récent tropisme LGBT (qui lui fait
désormais justifier la marchandisation des utérus et la vente des
enfants) et l’amnésie concernant son soutien au nazisme, eu égard au
Pacte germano-soviétique entre 1939 et 1941, se retrouve sur la ligne du
compagnonnage avec la cause islamiste.
On trouve également la
même complaisance pour cette cause chez la quasi totalité des
socialistes qui ont abandonné le peuple à la famille Le Pen depuis des
années. L’instrumentalisation mitterrandienne du Front national pour
casser la droite traditionnelle en deux afin d’assurer une réélection en
1988 qui, sinon, se serait trouvé bien difficile, suivie de
l’instrumentalisation de Carpentras afin de faire descendre un parti que
Mitterrand avait fait monter trop haut, montre aujourd’hui ses
limites. C’est François Hollande lui-même qui, s’épanchant dans le giron
de deux journalistes du Monde, entre une tranche de saucisson et un
verre de vin rouge en regardant un match de foot (véridique, lisez
Un président ne devrait pas dire ça…), annonce que la partition est assez probablement le devenir du pays qu’il n’a pas su diriger pendant cinq ans.
Ajoutons
à ces benêts de l’extrême gauche, d’une frange de La France dite
"insoumise", du Parti communiste français, de la plupart des
socialistes, l’essentiel de ceux qui défendent le projet maastrichtien:
car, qu’est-ce qui distingue Besancenot et Raffarin, Hollande et
Sarkozy, Juppé et Macron, Mélenchon et Edouard Philippe, Olivier Faure
et Fabien Roussel -respectivement les noms des patrons du PS et du
patron du PCF pour ceux qui l’auraient oublié…-, et Alain Juppé ou
Gérard Larcher sur la question qu’on dira par facilité islamo-gauchiste?
Je
regardais une chaîne d’information continue qui commentait l’attentat
de la préfecture de police de Paris. Nous étions dans les premières
heures et on savait sûrement qu’un homme avait égorgé et tué quatre
policiers à l’arme blanche dans le bâtiment et qu’il s’était converti à
l’islam dix-huit mois plus tôt (disait-on alors -en fait une dizaine
d’années). Le modus operandi de l’égorgement au couteau, les cibles
républicaines, la conversion à une religion qui semble bien être la
seule en France depuis des années à revendiquer des attentats mortels et
à fournir le contingent de leurs acteurs -il n’y a en effet ni
catholiques, ni juifs, ni protestants, ni bouddhistes, ni témoins de
Jéhovah, ni sikhs, dans la liste des auteurs d’attentats qui
ensanglantent le pays depuis des années -tout ceci ne suffisait pas: les
journalistes, les éditorialistes se refusaient à l’évidence que tout
cela ressemblait fort à un attentat terroriste.
Quand le
Rassemblement national a dit sur ce sujet ce que le bon sens imposait
qu’il fut dit, l’habituel panoplie des insultes est arrivé -récupération
indigne, fond de commerce de politique politicienne, discours de haine,
sans parler de l’inévitable islamophobie bien sûr…
Je suis
toujours stupéfait de constater les ravages effectués par l’idéologie en
vertu de laquelle on ne voit pas ce qu’il y a à voir mais on voit ce
qu’on veut voir. Les compagnons de route de l’islamo-fascisme refusent
de croire ce qu’ils voient parce qu’ils voient ce qu’ils croient -on
pourrait même dire: ils ne voient que ce qu’ils croient. Normalement, en
toute bonne logique: conversion à l’islam + couteau + égorgement +
cibles républicaines = suspicion d’attentat terroriste. Et bien non… La
logique ne fait plus la loi dans un régime libéral où le slogan a
remplacé la réflexion.
Cette crainte de passer pour islamophobe
quand on dit qu’un attentat a été commis par un islamiste qui a crié
"Allahu akbar" -autrement dit: qu’on se contente de dire ce qui a eu
lieu, d’énoncer un fait…- inhibe toute intelligence, toute réflexion,
tout bon sens même. Si l’islamophobie est étymologiquement peur de
l’islam, l’usage de cette épithète infamante génère la peur de passer
pour quelqu’un qui n’aimerait pas l’islam -péché mortel en régime
idéologique islamo-gauchiste. Or, il n’y a aucun jugement de valeur dans
le fait de dire, quand un musulman radicalisé égorge au nom de sa
religion, qu’un musulman radicalisé a égorgé au nom de sa religion.
L’un
des signes du régime totalitaire, c’est que l’idéologie qui le
sous-tend réussit à abolir le réel auquel on lui préfère une fiction. Le
musulman radicalisé qui a égorgé au nom de sa religion n’est pas un
musulman, il n’est pas radicalisé, il n’a pas égorgé et son geste n’a
pas été perpétré au nom de sa religion. Il s’en faut de peu qu’avec
force sophisme et effets de rhétorique, les journalistes et les
éditorialistes recyclent l’image de Lichtenberg et parlent avec
conviction d’un couteau sans manche auquel il manque la lame utilisé par
un homme dont le suivi psychiatrique atteste qu’il avait perdu tout
discernement lors de son geste et que, bien qu’il ait crié en arabe
"Dieu est Grand", la religion n’entre en rien dans ce fait divers qu’il
faut classer le plus rapidement possible. Il ne s’agirait donc pas,
selon ceux qui nous gouvernent, d’une guérilla perpétuelle contre
laquelle les politiques ne peuvent rien mais une série de faits divers
hétérogènes.
Cette cécité est visible, si je puis dire, quand on
apprend que l’égorgeur de la préfecture de police de Paris était un
Antillais connu pour s’être converti à l’islam (1), qu’il avait fait
savoir publiquement sa satisfaction lors de l’attentat de Charlie Hebdo
(2), qu’il refusait de serrer la main des femmes dans son service (3),
qu’il avait été condamné pour violence à l’endroit de son épouse (4),
qu’il fréquentait une mosquée à laquelle il se rendait habillé avec
le vêtement des radicalisés (5), qu’il était en contact avec des
islamistes (6)! Qu’aurait-il fallu de plus au ministère de l’Intérieur
pour retirer son accréditation secret défense à cet homme qui
travaillait expressément au renseignent à la préfecture de police de
Paris? Quoi d’autre? Quoi de plus?
Quatre personnes sont mortes.
On ne sait combien cela fait de veuves, de veufs et d’orphelins, de
familles et de parents dont la vie s’est arrêtée ce jour funeste.
Mâchoire
serrée, Emmanuel Macron pourra aller aux obsèques, accrocher une
breloque sur les drapeaux tricolores qui recouvriront le cercueil. Il y
aura des gros plans sur son visage lors de la cérémonie retransmise sur
les chaines d’information continue. Il lira un discours, écrit par un
autre, rempli de bons sentiments, de prêchi-prêcha, de dénégation, de
politiquement correct, de catéchisme idéologique maastrichtien. Puis un
mort chasse l’autre, jusqu’au prochain. On oubliera.
Qui saurait
dire au pied levé combien il y a eu d’attentats de ce genre en France
depuis le début de l’année? Et combien de victimes?
Michel Onfray , 6 octobre 2019