"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

vendredi 30 novembre 2018

Éric Zemmour: «Deux peuples, deux mondes, deux France»



La France périphérique et la France des «minorités» ne vivent plus ensemble. Elles se méprisent et se haïssent.


A chacun son pavé. A chacun ses rues, à chacun ses manifs, à chacun ses slogans. Samedi 24 novembre, il y avait d'un côté les «gilets jaunes» et de l'autre, #NousToutes. D'un côté, on protestait contre la hausse de la fiscalité sur le diesel, de l'autre, «contre les violences faites aux femmes». D'un côté, la France périphérique, les classes populaires, employés, commerçants, ouvriers, une majorité d'hommes blancs entre 30 et 50 ans ; de l'autre, la France des «minorités», les mouvements féministes, LGBT, les «racisés», les indigénistes islamiques, les défenseurs des femmes voilées. D'un côté, les réseaux sociaux, de l'autre les médias «mainstream», les syndicats, la gauche bien-pensante ; d'un côté, la France qui a du mal à finir ses fins de mois ; de l'autre, la France qui vit grassement de subventions publiques. Et qui en demande toujours plus!

D'un côté, un peuple ostracisé par les élites et les médias, vilipendé et brocardé, traité de «beauf», de «fasciste», de «chemise brune». Quand les casseurs émergent en leur sein, le ministre de l'Intérieur s'empresse de dénoncer «l'ultradroite», avant qu'on ne découvre que c'était plutôt«l'ultragauche».

La «manif pour les femmes» est au contraire exaltée et glorifiée par tous les médias. Ceux-ci ne s'offusquent pas des cortèges séparés, interdits aux hommes ou aux femmes blanches ; ils ne s'interrogent pas non plus sur le profil dominant des agresseurs de femmes ou d'homosexuels dans la rue, que la police a ordre de tenir secret.

Jadis, la gauche faisait le lien politique entre les élites et les classes populaires. Depuis de nombreuses décennies, la gauche, des universités aux médias jusqu'aux partis politiques, a choisi de célébrer «les minorités» et d'oublier les ouvriers et employés, coupables de mauvaises pensées «racistes», ou «homophobes». Cesnouveaux prêtres de la bien-pensance, dont Benoît Hamon est une des figures de proue, ont soumis sans état d'âme leur progressisme sociétal à l'islamo-gauchisme. Au nom de l'internationalisme, elles ont abandonné le peuple français. A ses yeux, les «gilets jaunes» sont des «déplorables», le mot dont Hillary Clinton avait affublé les électeurs de Trump ; pour les «gilets jaunes», leurs adversaires sont de plus en plus assimilés au «parti de l'étranger».

Les deux cortèges de samedi dernier incarnaient deux peuples, deux France, deux mondes. Les «gilets jaunes», c'est le «cher et vieux pays» du général de Gaulle, «les Gaulois réfractaires», dirait Macron ; interdits de centre-ville par la hausse du foncier, ils ont fui la banlieue, où «ils ne se sentaient plus en France», pour se réfugier dans des zones éloignées des métropoles oùla voiture est leur instrument de survie. Le cortège féministe incarne la France des métropoles, la France mondialisée, l'alliance des centres-villes et des banlieues. Ces deux France ne vivent plus ensemble ; ne se parlent plus, ne se comprennent plus. Se méprisent et se haïssent.

Eric Zemmour, Le Figaro, 30 novembre 2018






lundi 26 novembre 2018

Barbara Lefebvre : «Christophe Castaner et le 6 février 1934: la double faute du ministre»

Barbara Lefebvre, auteur de «Génération “J'ai le droit”» (Albin Michel, 2018). - Crédits photo : Clairefond






Le ministre de l'Intérieur affiche fièrement son ignorance de l'histoire et multiplie les amalgames grossiers, voire odieux, pour «fasciser» les «gilets jaunes», déplore le professeur d'histoire-géographie et essayiste




Christophe Castaner, comme tant d'autres politiciens aux connaissances historiques superficielles, devrait cesser les références au passé pour argumenter au sujet de faits politiques présents. S'il avait la culture littéraire et historique de De Gaulle, Mitterrand, Séguin ou Chevènement, pour ne citer qu'eux, on serait ravis d'être éclairés par la parole du ministre. Las. La fragilité de M. Castaner en termes de culture générale est par trop criante.

Désormais, nos «grands hommes» s'appuient sur des conseillers qui rédigent leurs discours truffés de références historiques passées au tamis du politiquement correct pour donner de l'épaisseur à la communication ou à la vile stratégie politicienne.

Déjà, le 16 avril dernier, M. Castaner interrogé sur RTL au sujet de la dimension sexiste du hijab bottait en touche avec cette comparaison extravagante: «Il y a quelques années, quand en France, y compris nos mamans portaient un voile, portaient le voile catholique, on ne se posait pas la question.» «Nos mamans» signifie qu'il situait ce fait social dans un passé relativement proche puisque l'intéressé est né en 1966 ; il évoquait donc les années 1950. Malgré les railleries survenues après cette calamiteuse interview, Christophe Castaner n'est jamais revenu sur ses propos pour nous éclairer sur ce fait historique largement méconnu. J'invite toute personne ayant vu dans sa tendre enfance des «mamans avec leur voile catholique» se promener dans les rues, à porter témoignage de ce fait social si peu, voire pas du tout, étudié par les historiens.

Devenu ministre des Cultes, on espère qu'il a révisé ses fiches. Sommes-nous néanmoins fondés à ressentir quelque inquiétude en l'imaginant comme interlocuteur avec les représentants de l'islam au vu de sa connaissance du «fait religieux» en France?

Le désormais ministre de l'Intérieur continue de nous abreuver de références historiques douteuses, et le silence des journalistes présents lors de la conférence de presse de samedi soir en dit long sur leur propre culture historique. Interrogé sur la responsabilité de Mme Le Pen dans le choix des Champs-Élysées pour la mobilisation des «gilets jaunes», M. Castaner commence par répondre en faisant appel au passé. Pas n'importe lequel. «Depuis 1934, il n'y a jamais eu de manifestations politiques sur les Champs-Élysées, uniquement des rassemblements festifs», déclare-t-il d'un air grave. Février 1934 d'un côté, un tweet de Marine Le Pen en novembre 2018 de l'autre. Plus c'est gros, plus ça passe.

Rappelons donc les faits. Le 6 février 1934, différentes ligues d'extrême droite (Camelots du roi, Jeunesses patriotes, Solidarité française) ou de droite traditionaliste (Croix-de-Feu), mais aussi des anciens combattants dont certains proches du Parti communiste et des groupes de droite manifestent en face de la Chambre des députés, place de la Concorde, et non pas sur les Champs-Élysées, première erreur historique. Plusieurs dizaines de morts parmi les manifestants, chute du gouvernement Daladier, formation d'un gouvernement dit d'union nationale dirigé par Gaston Doumergue. On connaît la suite: la gauche du futur Front populaire soutient l'idée d'une tentative de prise du pouvoir par les fascistes le 6 février 1934, ce qu'aujourd'hui la majorité des historiens récuse. C'est un autre sujet.

Deuxième erreur historique et non des moindres: M. Castaner a oublié qu'après 1934 (où il ne se passa rien sur les Champs-Élysées), trois grands moments politiques se sont déroulés sur les Champs-Élysées.

D'abord le 11 novembre 1940, quelques semaines après l'entrevue de Montoire officialisant la collaboration entre le régime de Vichy et l'occupant, près de 3000 jeunes hommes, étudiants et lycéens bravent l'interdiction allemande de célébrer publiquement l'armistice et la victoire française de novembre 1918. Durant les jours précédents, des tracts se diffusaient, se recopiaient, passaient de main en main pour mobiliser. Pas besoinde Twitter ou de Facebook pour bâtir une résistance, on l'oublie un peu vite de nos jours. Les voici, ces jeunes patriotes, en fin d'après-midi, qui chantent La Marseillaise, crient «Vive de Gaulle» sur la place de l'Étoile, non loin de la tombe du Soldat inconnu. Deux cents seront arrêtés par l'armée allemande, plus de la moitié incarcérés un mois durant.

Autre oubli de notre ministre, le 26 août 1944. Rien moins que le défilé de la victoire des troupes de Leclerc en présence du général de Gaulle qui descendent l'avenue, là où quatre ans plus tôt les troupes de l'occupant nazi avaient marché triomphantes. À moins que notre actuel ministre-historien ne voie dans le défilé du 26 août 1944 qu'un «rassemblement festif» sans connotation politique…

Enfin le 30 mai 1968, une immense manifestation populaire en faveur du président de Gaulle, après les heurts estudiantins des semaines précédentes, se déroule sur l'avenue parisienne noire de monde. Quelques heures auparavant, de Gaulle avait annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. La France gaulliste se rassemblait massivement pour lui témoigner son soutien.

On comprend bien la stratégie du ministre Castaner avec ses gros sabots pour évoquer le 6 février 1934 quand on l'interroge sur un tweet de la présidente du Rassemblement national. Il s'agit d'une part de remettre Marine Le Pen au centre de l'échiquier politique comme principale opposante au président Macron à l'orée des européennes, et d'autre part d'entretenir la figure démoniaque du «fascisme lepéniste» aux portes du pouvoir dans la perspective de 2022. Seul un nouveau face-à-face Macron-Le Pen pourrait permettre au président un second quinquennat au train où vont les choses. La manœuvre paraît grossière, mais tout est bon pour que le «nouveau monde» se maintienne au pouvoir, y compris fausser le jeu politique et construire des face-à-face sans avenir pour le peuple français.

La présidente du RN, de son côté, est complice de ce système politicien dont elle use et abuse pour exister, par des postures tantôt de victime, tantôt de résistante antisystème, de grandes déclarations tout aussi démagogiques que celles de ses adversaires. Grâce au président et au gouvernement qui l'ont remise en selle, Marine Le Pen a presque réussi à faire oublier son échec cinglant lors du débat de l'entre-deux-tours du printemps 2018, son manque de tenue et de professionnalisme, ses tergiversations politiques sur l'euro, son incompétence sur la politique économique. Elle demeure le «meilleur» adversaire possible pour le président Macron, étant entendu que M. Mélenchon se fait régulièrement hara-kiri. Quant à LR, ils ne savent toujours pas où ils habitent, et on suppose que d'ici 2022 ils resteront des SDF, des Sans Droite Fixe.

Les Français sont légitimes à désespérer de la médiocrité de cette classe politique. Et ce n'est pas en déformant l'histoire que des politiciens détourneront notre attention des enjeux actuels. Chaque jour, ils viennent nous reprocher de pas partager leur optimisme dans le progrès, dans les lendemains radieux de la mondialisation. Ils disqualifient ces «Gaulois réfractaires au changement», ces ploucs de «gilets jaunes», ces intellectuels antimodernes. Non, avertissait déjà Bernanos en février 1946, «la France n'est pas pessimiste, mais elle réserve son espérance. On nous prêche aujourd'hui l'optimisme comme on nous prêchait jadis le pacifisme, et pour les mêmes raisons. L'optimisme qu'on nous prêche, c'est le désarmement de l'esprit».

Barbara Lefebvre, Le Figaro, 25 novembre 2018






samedi 24 novembre 2018

Samedi soir (d'émeute blanche et...jaune)




Émeute blanche – je veux faire une émeute
Émeute blanche – ma propre émeute

Les noirs ont beaucoup de problèmes
Mais ça ne les dérangent pas d'envoyer des briques
Les blancs vont à l'école
Où l'on t'enseigne comment devenir idiot

Et chacun fait
Ce qu'on lui dit de faire
Et personne ne veut
Aller en prison !

Tout le pouvoir dans les mains
Des gens assez riches pour l'acheter
Pendant que nous marchons dans la rue
Trop trouillards pour ne serait ce qu'essayer

Et chacun fait
Ce qu'on lui a dit de faire
Et personne ne veut
Aller en prison !

Est ce que tu prends le contrôle
Ou prends les ordres ?
Est-ce que tu recules
Ou vas-tu de l'avant ?


White Riot, premier 45 tours des Clash sorti en mars 1977







Macronie ou en marche sur la tête



Dans la Manche, un réfugié acquitté d'un viol car il n'avait pas «les codes culturels»

http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2018/11/23/01016-20181123ARTFIG00310-acquitte-d-un-viol-car-il-n-avait-pas-les-codes-culturels.php 






 

lundi 19 novembre 2018

Répliques





De Gaulle, Pétain, La France, émission Répliques d'Alain Finkielkraut du 17 novembre 2018 avec Eric Zemmour et Paul Thibaud





samedi 17 novembre 2018

Samedi soir : des fourches, des piques et des lanternes !





17 novembre 2018, la France des rouleurs au diesel et fumeurs de clopes contre celle des élites consommatrices de kérosène et sniffeurs de coke.







vendredi 16 novembre 2018

Même dans la jacquerie, diantre, restons classe !






Oui, mes chers Compatriotes, demain j'ai bien envie d'aller manifester. D'abord parce que je n'ai jamais aimé ce Macron, ce qu'il représente et sa politique ou plutôt celle qu'en tant que petit commis de Bruxelles, il met en application. 

Je pourrais y aller pour râler contre toutes les hausses ou créations de taxes, les exemples ne manquent pas. Je pourrais y aller par fraternité avec ceux "qui roulent au diesel et fument des clopes" comme les méprisait voilà peu, ce nigaud de Benjamin Griveaux qui serait bien inspiré de prendre des cours de littérature afin de ne plus confondre dans ses citations un auteur anti-sémite (pas que) avec un écrivain sémite (pas que).

Je pourrais y aller pour défendre ce qui reste de notre patrie. Je pourrais y aller pour rappeler à Macron (l'a-t-il au moins su, un jour ?) que nos grands-pères ne se sont pas battus en 14/18 pour la paix mais pour la France... Je pourrais y aller pour dire haut et fort que l'on ne demande pas uniquement le respect de la loi sur l'intégralité du territoire national, mais qu'on y vive à la française !

Bref, demain, toutes les raisons qui sont la cause du délitement de notre nation, seront bonnes pour aller manifester. Chacun aura la sienne et c'est bien tout le problème comme l'analyse Zemmour.

J'en choisirai une parmi toute. Demain j'irai manifester par procuration. Celle que me donnerait toutes ces personnes qui attendent la mort dans ces EPHAD souvent dans des conditions indignes et à qui le petit commis de Bruxelles n'a pas hésité à raboter de plusieurs points de C.S.G les maigres retraites souvent insuffisantes pour payer les tarifs exorbitants de ces établissements.

Facile, pour les Macronnards, de s'attaquer à nos compatriotes du quatrième âge. On n'a jamais vu des fauteuils roulants ou nos "ainés" en déambulateur manifester et bloquer les routes. Faire les poches de personnes qui ont perdu la raison et tout pouvoir de se défendre, c'est la honte de ce Macron.

Pour autant, mes chers Compatriotes, pas question pour moi demain, de me déguiser en docker cégétiste ou cheminot "Sud Rail" adepte du pneu en flamme ou du tas de palettes en feu, vêtu d'un gilet jaune.

Même dans la jacquerie, diantre, restons classe !

CD







Les camarades fluo (1)



«Le 17 novembre, la révolte des Français qui voient jaune»

par Eric Zemmour



C'est une révolution? Non, sire, c'est une révolte. On pourrait ainsi retourner le célèbre dialogue qui annonça au roi la prise de la Bastille. Non, la manifestation des «gilets jaunes» ne sera pas une révolution. Le 17 novembre 2018 ne sera pas le 14 juillet 1789. Le monarque élyséen n'a rien à craindre, en dépit des cris poussés par les sans-culottes de La France insoumise et du Rassemblement national. On pourrait même dire que cette révolte n'est qu'une jacquerie, c'est-à-dire une rébellion de manants sans perspective politique ; mais cela la rend d'autant plus grave.

La protestation contre la hausse du prix de l'essence est aussi vieille… que l'automobile. Pendant longtemps, elle fut provoquée par celle du prix du pétrole. Au moins, il y avait une certaine logique. Et puis, le prix de l'essence est devenu une arme au service des idéaux écologiques. C'est en tout cas ainsi que nos gouvernants habillent leurs décisions. Le diesel, voilà l'ennemi! Il y a quelques années, pourtant, les mêmes nous disaient: le diesel, voilà l'ami! Allez comprendre. En vérité, les Français ne consomment pas plus d'essence (diesel compris) mais moins. C'est même pour cette raison que l'Etat en augmente le prix. Cela paraît complexe mais c'est simple pour un technocrate de Bercy: plus on achète de l'essence à la pompe, plus on paie de taxes: pour compenser la baisse des recettes fiscales provoquée par la baisse de la consommation d'essence, il faut augmenter son prix! C.Q.F.D.

Les technocrates de Bercy sont d'autant plus inquiets que la première année du mandat de Macron a vu les dépenses publiques s'envoler de nouveau. On est loin des promesses du candidat de réduire les effectifs de la fonction publique ; mais on est au plus près des électeurs du candidat Macron: les fonctionnaires d'un côté et surtout, de l'autre, les habitants des métropoles qui n'ont pas besoin d'automobile pour se déplacer, bien pourvus en métros, bus, tramways ou encore vélos, voire trottinettes.

Les cibles de la politique de Bercy sont les habitants de cette France périphérique des petites villes qui ont besoin de leurs voitures (souvent au diesel) pour se rendre à leur travail ou conduire leurs enfants à l'école. Comme par hasard, cette France-là n'a pas voté Macron. Elle lui a préféré l'abstention ou Marine Le Pen. Ou, pour les plus âgés d'entre eux, François Fillon. Cette France-là, ce sont ceux qui «fument des clopes et qui roulent au diesel», que brocardait récemment un ministre, à la manière d'Hillary Clinton se gaussant des «déplorables» qui votaient pour Donald Trump. Ce «mépris de classe», qui traduit le retour de la «lutte des classes», est le grand non-dit de cette manifestation des «gilets jaunes»: une «lutte des classes» remise au goût du jour par la mondialisation, qui s'exprime géographiquement, socialement, et électoralement. Une lutte des classes qui est le fil rouge de la présidence Macron, quels que soient les efforts de celui-ci pour le dissimuler.


(1) clin d’œil en souvenir du bon vieux temps de "Bihorel avec vous" ... ( CD )





lundi 12 novembre 2018

Poilus



En 1914, nos gars étaient des culs-terreux ; (…) Ils étaient ignorants comme des bœufs d'herbe. Ils prenaient la Hongrie pour quelque chose comme la vérole. 

Seulement voilà : s'ils ne savaient pas ce qu'était la Hongrie, ils savaient, eux, ce que c'était que la France.
 



Louis-Ferdinand Céline, “Le baptême du feu en 1914”, récit recueilli par Pierre Ordini en 1939 





 

dimanche 11 novembre 2018

11 novembre




Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,
Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.

Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.



Charles Péguy - Eve (1913) extraits









samedi 10 novembre 2018

Samedi soir






Le concerto pour la main gauche est une œuvre composée par Maurice Ravel en 1929 pour le pianiste autrichien Paul Wittgenstein, mutilé du bras droit sur le front russe lors de la première guerre mondiale.







vendredi 9 novembre 2018

9 novembre 1970, la France inconsolable

8 mai 1959, Fête Jeanne d'Arc à Orléans. Charles de Gaulle rencontre Melle Deschamps qui cette année là incarna la Pucelle d'Orléans


Le sixième vieillard

Le général de Gaule est passé à Vaucouleurs en juin 1961. Sur la place de l'hôtel de ville pavoisée de drapeaux tricolores et d'oriflammes bleu ciel et blanc, après les discours officiels, parmi les autorités, les maires de l'arrondissement et les journalistes avec lesquels il s'entretenait, son attention sembla s'absenter un instant, puis il dit, comme pour lui-même mais à haute voix : 
"On pense : Jeanne d'Arc, elle est très loin de nous ; en fait, ce n'est pas énorme. Cela fait six vieillards mis au bout l'un de l'autre. En réalité, nous sommes tout près de Jeanne d'Arc. ".

Il songe à son propre destin, maintenant dans sa dernière station. N'est-il pas, lui, le sixième vieillard, qui a vu se rompre le fil de l'histoire de France et qui l'a renoué, un jour, seul ?

 Michel Bernard / La Tranchée de Calonne / juin 2007






jeudi 8 novembre 2018

De France, mon pote (3)



«Il y a eu tellement de tués, mutilés et prisonniers, à Verdun et ailleurs, qu'en France comme en Allemagne, pour compléter les effectifs, il fallut avancer l'appel de la classe à mobiliser.

La République et l'Empire incorporaient les fils de ceux tombés en 14. Beaucoup n'avaient pas dix-neuf ans, leurs joues étaient rondes et lisses sous le casque. Sans rien dire, ils montèrent aux créneaux du pays.

Les femmes, lorsque le maire traversait la cour de la ferme, ne savaient pas pour qui, le fils ou le mari, leur cœur saisi allait se briser l'instant d'après.»

Michel Bernard, Visages de Verdun.










Pétain



"Courage, on les aura ! "

Général Philippe Pétain, 9 avril 1916


ps: et ils les eurent !




mardi 6 novembre 2018

De France, mon pote (2)



Bouna Alboury N’Diaye, d'origine sénégalaise, il s'est porté volontaire en 14 pour défendre la France. Après ses actes de bravoure au front, il est le premier Africain promu grand officier de la Légion d'honneur. Il est décédé à Louga le 28 juillet 1952.





 

Pourquoi, lorsque Édouard Philippe a honoré la mémoire d’Hô Chi Minh, ai-je pensé à vous, Geneviève de Galard ? par GabrielleCluzel




Pourquoi, lorsque Édouard Philippe a honoré la mémoire d’Hô Chi Minh, scandale aussitôt justifié dans la presse par l’hommage qu’il aurait aussi rendu aux combattants de Dien-Bien-Phu – comme si enfumer du même coup d’encensoir les victimes et leur bourreau pouvait faire souffler l’esprit de paix et de justice -, ai-je pensé à vous, Madame ?

Pourquoi dans cette gouvernance, comme disent les gens chics, de la confusion et du en même temps, en particulier historique, où chacun serait à la fois ange et démon – et surtout démon, en réalité, lorsqu’il est français -, ai-je revu « l’ange de Ðiện Biên Phủ » ?

J’ai fait votre connaissance par personne interposée à un déjeuner familial, à l’âge où on s’y ennuie ferme et où, faute de pouvoir se lever de table, on bombarde les cousins de boulettes de mie de pain en écoutant d’une oreille les conversations des grands. J’ai entendu votre nom, un oncle parlait de vous. Frissonnante, je me suis imaginée à votre place, infirmière volontaire dans l’enfer de Ðiện Biên Phủ. Ou plutôt non, j’ai surtout pensé que la froussarde patentée que j’étais n’aurait jamais pu.

Puis je vous ai revue quelques années plus tard dans une bibliothèque antédiluvienne, sur la couverture d’un vieux, très vieux Paris Match, sous ce titre : « La France accueille l’héroïne de Ðiện Biên Phủ », à la place exacte qu’occupent aujourd’hui Marc-Olivier Fogiel et son « combat » pour la GPA. Chaque époque a les combattants qu’elle mérite.

Je vous ai rencontrée, enfin, « pour de vrai » il y a deux ans, à un mariage, vous étiez assise, fragile, élégante et souriante, j’ai eu du mal à vous approcher, de jeunes officiers empressés vous entouraient, comme si malgré vos 90 ans vous étiez Scarlett O’Hara. Ils voulaient vous faire part de leur admiration et buvaient vos paroles.

Pourquoi ai-je envie de parler de vous aujourd’hui ? Plutôt que dénoncer cette nouvelle trahison, devenue, dans son genre, presque banale, et qui n’est sans doute pas la dernière, je préfère mettre en avant ce qui est beau, bien et vrai et que l’on ne montre pourtant jamais. Une jeune fille de tête – mais peut-il en être autrement quand on s’appelle Geneviève ? – qui n’a pas attendu nos féministes pour oser l’héroïsme et qui, au péril de sa vie, a soigné des malades, assisté des mourants, caché dans sa civière des médicaments à l’insu des Viet-Minhs, ce qui demande un peu plus de courage, on en conviendra, que de provoquer dans les églises avec ses nibards, son œil hagard et son verbe braillard – suivez mon regard. Chaque époque a (aussi) les égéries qu’elle mérite.

Le temps passe, les témoins de cette guerre se font rares. Je vous imagine, silencieuse, votre mémoire comme un sanctuaire, et me dis que les mots que d’autres peuvent prononcer, finalement, ne sont rien, du vent, de l’air. Un jour prochain, c’est certain, l’Histoire rendra justice à ces soldats qui se sont sacrifiés et pour lesquels la vision de « l’ange de Ðien-Bien-Phủ » a été peut-être comme un avant-goût du ciel.

Ce jour-là, ceux qui, par désamour de la France ou simplement par ignorance bête, auront fait des courbettes devant Hô Chi Minh auront bonne mine…


Gabrielle Cluzel






lundi 5 novembre 2018

De France, mon pote



 “Car on nous méprisera vigoureusement, hein, Norbert ?… Des inutiles, des incapables, des attardés ! Nous rappellerons de si sales souvenirs !… Et puis, rien qu'en existant, nous affirmerons qu'une guerre reste possible, et on nous accusera de la regretter, de la préparer en la souhaitant…”

    Roger Vercel, Capitaine Conan