"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

vendredi 26 avril 2024

La possibilité d'une plage

 



 Sans doute, s'en passa-t-il des évènements à la surface de cette planète cette semaine, mais voyez-vous, mes chers Compatriotes, ma priorité, ce fut ces jours derniers de ramasser des coquillages sur la plage du Prieuré à Dinard.

Le reste n'est que l'écume des vagues. 


C.D 






samedi 20 avril 2024

Non, je ne regrette rien …

 



« – Si on chantait ? Dit le colonel.

Il avait enlevé son masque et respirait l’air frais, par la portière, avec les mimiques réjouies d’un gastronome comblé. Le camion grimpait allègrement, dans les vignes, la petite départementale sinueuse. A chaque tournant, le Village brun, là-haut, se rapprochait.

– Mon Dieu ! Que cela sent bon ! Reprit-il. On ‘est de nouveau chez nous. Il ne s’est rien passé. Alors ! Qu’est-ce qu’on chante ?

– La Marseillaise, peut-être…, proposa comiquement le secrétaire d’État.

A l’intérieur du camion, l’armée fut prise de toux violente, gloussements et hoquets divers. Entre hussards et commandos de marine, un concours à qui rirait le plus fort. Qu’on ne croie pas qu’ils se forçaient, non. Pas d’affectation amère. Une franche rigolade, simplement. Délivrés de tout, ils se marraient.

– Ce que j’en disais, fit le ministre, c’était plutôt pour tâter le moral du peuple…

Ils se regardèrent tous deux et rirent encore une fois de bon cœur.

– Bon ! Marseillaise, aux accessoires ! conclut Dragasès. Capitaine, qu’est-ce que vous proposez de mieux ?

– Le Boudin, dit l’officier de commando. C’est con comme tout, mais ça parle. Et au moins tout le monde connaît les paroles.

– Le boudin, apprécia le colonel, le boudin… Nous sommes la plus étrangère des légions étrangères, étrangère à tout. Alors le boudin, en effet… Mais je me demande si ce serait tellement de circonstance ? Le boudin, ça se mérite et quant à faire Camerone, aujourd’hui, on ne peut pas dire que c’était réussi ! Peut-être demain, là-haut… Je crois que je tiens une meilleure idée.

S’assurant d’un œil malicieux que tout le monde écoutait, il s’éclaircit la voix comme un chanteur de dessert, prit son souffle et entonna :

Non, rien de rien

Non, je ne regrette rien

Ni le bien qu’on m’a fait

Ni le mal, tout ça m’est bien égal

Non, rien de rien

Non, je ne regrette rien

Tralala, tralala,

Aujourd’hui, je me fous du passé !


– Qu’en pensez-vous dit-il en terminant. Pas mal, non ? C’est un vieux truc. Je ne me souviens plus très bien des paroles, mais le principal y est. Vous ne connaissiez pas ? (…)

A gueuler comme des perdus, les veines du front à éclater, le cou gonflé, le visage écarlate, ils firent plus de bruit qu’une armée catholique victorieuse, chantant le Te Deum sous la nef d’une cathédrale. Dans les tournants, le camion vacillait, puis titubait sur les lignes droites, ses doubles roues mordaient joyeusement les talus. Joignant le geste à la parole, le hussard chauffeur lâchait le volant en cadence et jouait des mains et des bras comme un cabot qui sort ses tripes dans un mauvais tour de chant. L’officier de commando martelait le tableau de bord avec ses poings. Au « rien de rien », tout le plancher du camion vibrait sous les crosses des fusils. Si l’on peut analyser les sentiments profonds de ces braillards, on y trouve d’abord l’ivresse du clan. La tribu, au complet, célèbre son unité. Si peu nombreuse qu’elle se compte, elle emmerde le reste du monde. Mais on y décèle également quelque chose comme de l’angoisse. »


Jean Raspail. Le Camp des saints. 1973.




vendredi 19 avril 2024

Postérité

 



Cher freluquet,

Cher fossoyeur de Bihorel,

Mon cher petit marquis,


En post-scriptum de la lettre ouverte que je vous adressai ici même, le 5 avril dernier, je m'engageai à vous faire une proposition, afin que la marque que vous laisserez dans l'histoire de Bihorel, soit un peu plus reluisante que celle, à ce jour,  de votre piteux bilan.

Je vous propose donc, qu'en la qualité de maire de Bihorel, vous suiviez l'exemple d'un de vos homologues, Patrick Mangin, maire de Saint Maurice aux Forges (Meurthe et Moselle) qui a fait don de la totalité de ses indemnités de maire, afin d'aider au financement de la restauration et sauvegarde de l'église de son village.

Faites en de même ! Faites don de la totalité de vos indemnités de maire de Bihorel afin de permettre la restauration de l'église Notre Dame des Anges, qui jusqu'ici, n'a pas beaucoup bénéficié de vos largesses depuis votre première élection.

Vous ne serez pas sans le sou. Il vous restera votre salaire de postier, vos indemnités de conseiller régional auxquelles il convient d'ajouter celles de la métropole et celles de votre participation à diverses instances.

Et quel geste admirable, vous feriez là ! Quelle classe cela aurait ! Vous rentreriez par la grande porte dans l'histoire de notre commune, devenant pour l'éternité "celui qui sauva N.D.A". Votre réputation ne serait plus celle d'un "fossoyeur" mais deviendrait, bien au contraire, celle d'un conservateur, que dis-je, de sauveur de notre patrimoine. Vous susciteriez l'admiration de nos anciens, de vos contemporains et de générations de futurs Bihorellais. 

Si vous acceptiez ma proposition, je m'engage à faire, ici même, votre éloge et à vous tresser des louanges et mieux encore, à vous ficher la paix, en un mot, à ne plus être un petit cailloux dans votre chaussure. J'en prends l'engagement devant mes chers Compatriotes !

Alors, c'est à vous de décider. Soit pour toute postérité, un jour peut-être, la commune de Bihorel donnera votre nom à un nouveau bac à sable inauguré au parc de l'Argilière, ou bien, en acceptant ma proposition, les Bihorellais reconnaissants vous dresseront une statue en majesté à coté de celle d'Alfred Caron, dont enfin, vous vous serez montré le digne successeur. 

Pensez-y ! Que sont quelques dizaines de milliers d'euros en regard de la gloire éternelle ?

Cher freluquet, cher fossoyeur de Bihorel, mon cher petit marquis, veuillez agréer l'expression de ma considération choisie.

C.Dragasès


ps:

- pendant que vous y serez, faites un petit don pour la restructuration du presbytère. 

- concernant les modalités de votre donation pour notre église, je vous laisse voir cela avec Monsieur le Maire de Saint Maurice aux Forges (Meurthe et Moselle). Lien utile ci dessous.

Meurthe-et-moselle/ce-maire-donne-ses-indemnites-d-elu-pour-sauver-l-eglise-de-son-village





Sotteville les Rouen, 19 avril 1944. Souvenons-nous

 




LE 19 AVRIL 1944, LE CENTRE-VILLE DISPARAISSAIT SOUS LES BOMBES

Je vous recommande de visiter le site de "Sotteville au fil du temps".

https://sottevilleaufildutemps.fr/2024/04/19/le-19-avril-1944-le-centre-ville-disparaissait-sous-les-bombes/





Liberté d'expression et démocratie

 







jeudi 18 avril 2024

 



  Ils [les journalistes] ont commencé à délimiter deux camps très nets: d’un côté les jeunes, les dynamiques, les modernes, les belles gueules, les cadres entreprenants… de l’autre, les pue-du-cul, les fachos, les paysans, les arriérés, les Vendéens, les rancis, les communistes… 

Après, ils ont dit: Et maintenant, choisissez votre camp, messieurs, dames! L’avenir radieux? le bonheur? l’épanouissement? Le rire et les petits oiseaux du ciel? Ou la France maurassienne recroquevillée! les frustrés! les racistes! les pourris à chicots! les ratés! les agricoles! Puisqu’on vous dit que vous êtes libres de choisir votre camp, nom de Dieu! Libres d’être intelligents, légers, bien dans votre peau, bronzés et rigolos! Ou péquenots peureux, puant l’ail et impuissants! (…) 

Que la France soit encore un tout petit peu la France les rendait fous furieux. Ils la voulaient bien garce, leur Marianne, maquillée en pute universelle, les lèvres toutes tartinées de rouge, exhibant charmes et modernités au tapin du monde…


Olivier Maulin, Petit monarque et catacombes.






Petite typologie des électeurs de Raphaël Glucksmann



 


par Samuel Fitoussi - Le Figaro - 15 avril 2024


L’intellectuel qui « reste de gauche ». Cet homme de gauche est résolument engagé contre… la gauche. S’il a un certain âge, il l’est depuis plusieurs décennies. Dans les années 1960, 1970 et 1980, il déplorait les compromissions de la gauche avec des régimes totalitaires meurtriers, son aveuglement envers Mao, Staline, Pol Pot, Fidel Castro… En 1981, il critiquait le programme commun, son irréalisme économique, les nationalisations qu’il impliquait. Depuis 1989 et l’affaire des foulards de Creil, il reproche à la gauche d’avoir abandonné la laïcité, d’avoir renié les Lumières, d’abdiquer face à l’obscurantisme islamiste. Depuis 2011 et la fameuse note Terra Nova, il l’accuse de verser dans le clientélisme et le communautarisme, d’abandonner l’universalisme. Et pourtant, pas question pour lui de voter à droite, car il n’en démord pas : il reste de gauche. D’ailleurs, c’est la gauche qui n’est plus de gauche. Il se bat donc (et continuera aussi longtemps qu’il vivra) pour la reconstruction d’une « vraie » gauche, d’une gauche « républicaine », c’est-à-dire d’une droite qui porterait l’étiquette « gauche ». Aujourd’hui, son espoir a un nom : Raphaël Glucksmann.

Le professeur de « nouveaux médias » à Sciences Po. Extralucide, il sait que la République est en danger de mort. En danger de mort, car la liberté d’expression la menace. Les chaînes d’info en continu, qui jouent sur les peurs pour faire de l’audience, attisent les crispations identitaires et font le jeu de l’extrême droite. (Ce professeur souffre notamment d’une maladie nouvelle : la Pascal Praud-anxiété.) Les réseaux sociaux, eux, alimentent les fake news, que les Français, naïfs, avalent. (Ce professeur souffre aussi d’Elon Musk-anxiété, les deux maladies vont souvent de pair.) Mais il en a l’intime conviction : c’est quand un pays est au bord du gouffre qu’émergent des hommes d’État, ceux de la trempe de Lionel Jospin. Et si, en 2024, Raphaël Glucksmann était cet homme ? (Ce professeur est désormais suspendu par Sciences Po, après avoir été dénoncé pour son utilisation problématique de l’expression sexiste « homme d’État ».)

Le professeur de l’Éducation nationale. Issu d’une famille marxiste (sa mère vote désormais RN sans révéler à son mari qu’elle vote RN, et vice versa), il est resté, via son engagement syndicaliste, ancré à gauche. Il éprouve cependant une certaine antipathie pour l’électorat LFI, qui, en classe, menace régulièrement de lui couper la tête. Il votera donc pour Raphaël Glucksmann.

Le citoyen peu politisé. Il n’a aucune opinion forte. Mais il écoute France Inter. Et fera ce qu’on lui dit.

L’électeur macroniste qui éprouve un désir de changement. Il a décidé de voter pour un parti situé à la gauche de celui qui gouverne le pays depuis sept ans. Il pense donc que la France manque de deux choses : de dépense publique et d’immigration.

La journaliste du service public. Elle baigne dans le gauchisme culturel depuis plusieurs décennies, épouse chacune des causes progressistes à la mode. Elle a néanmoins une petite réticence à voter LFI, car elle sent intuitivement que l’intersectionnalité a quelques impasses. La fascination de LFI pour l’islam, se dit-elle sagement, pourrait à terme menacer la bonne tenue des cours d’éducation sexuelle en CE1. Quant à l’interdiction du droit au blasphème, elle pourrait nuire à Guillaume Meurice, qui ne pourra plus se moquer du christianisme.

La jeune bobo. Après une licence à Sciences Po Reims (Sciences Po Paris délocalisé, corrige-t-elle), un master d’affaires publiques, des choix de vie courageux (elle a été végétarienne de décembre 2022 à janvier 2023) et un stage à la Commission européenne, elle s’est engagée dans l’équipe de campagne de Raphaël Glucksmann, dont elle apprécie l’engagement pour les Ouïgours sur Instagram. Soucieuse de se distinguer intellectuellement, elle ne pourra jamais voter LFI ; elle est en cela semblable à l’électeur parisien diplômé qui vote avec enthousiasme pour Éric Zemmour, mais ne votera jamais pour le RN. Elle adhère à beaucoup de croyances de luxe, c’est-à-dire à des croyances qui lui permettent de se positionner socialement, et dont elle est protégée des conséquences. Elle souhaite augmenter l’immigration (elle n’est ni juive à Sarcelles, ni professeur dans un collège en Seine-Saint-Denis) ; elle souhaite obliger les plateformes à réguler les discours (ce n’est pas elle qui tiendra un jour une opinion non consensuelle) ; elle s’oppose à la sélection à l’université (ayant à la fois un réseau et un capital culturel, elle n’est pas de ceux qui n’ont que leur travail et leur intelligence pour se distinguer) ; elle prône la décroissance (elle ne connaît pas les difficultés de fin de mois), etc.

L’électeur macroniste qui se sent trahi par le macronisme. Récemment, il a entendu un ministre dire « tous » plutôt que des « toutes et tous ». Le dérapage de trop.

Le téléspectateur addict à LCI. Tous les candidats sauf Raphaël Glucksmann sont selon lui des poutinôlatres.



NDLR : l’union de toutes ces sociologies devrait permettre à Raphaël Glucksmann d’atteindre un score de 6 %.

(aujourd'hui, environ 10% / C.D )





mercredi 17 avril 2024

Conseil de la métropole

 







Ah, quel sketch ! 


J'aime bien lorsque notre petit marquis s'insurge "ASSEZ DE CE SIMULACRE DE DEMOCRATIE !".  Il parle en expert ! J'avoue mettre tenu les cotes. 

Cela doit être "sympa", les conseils métropolitains, il faudrait que j'aille y faire un tour, histoire de voir notre arroseur, arrosé, dans ce beau panier de crabes... 

N'hésitez pas à lire l'intégralité de l'échange ! 



C.D



Mauvaise histoire au Belgikistan

 



Démocratie nul part, censure partout. L'islamisation de l'Europe s'accompagne du recul de la liberté d'expression avec la complicité des européistes, utiles idiots de l'islam.

Le 9 juin, réagissons !





 




 "J’ai bien connu la France. J’ai connu ses villages. Le dimanche, l’église était pleine à craquer et, à la fin de la messe, une foule se répandait dans la rue principale en direction des boulangeries et des boucheries. J'ai connu les banlieues quand elles étaient la campagne du pauvre, le repos du citadin, l’excursion des amoureux. J’ai vu, de mes yeux vu, derrière les pavillons en meulière, des cultures et des champs en friche. J’ai bien connu cette France-là, quand on apprenait l’orthographe aux enfants, quand des générations entières s’écrivaient de longues lettres pour se donner mutuellement des nouvelles. Oui, j'ai bien connu ma France."


Alain Paucard, La crétinisation par la culture (1998). pages 90-92.





lundi 15 avril 2024

Le retour de M. le maudit

 


par Eric Naulleau - Journal du Dimanche, 14 avril 2024


Richard Millet a été banni de la République des lettres pour avoir publié Langue fantôme suivi d’Éloge littéraire d’Anders Breivik. Le verdict prit la forme d’une pétition ainsi évoquée par le condamné lui-même : « Cent vingt salauds qui ont apposé leur nom à un texte d’Ernaux, depuis lors nobélisée pour ses bourdieu-siennes paraphrases, ses bondieuseries existentielles et ses fuites urinaires, article publié à la une du Monde en septembre 2012 […] Le salaud se cache aujourd’hui dans le Bien : c’est le dénonciateur vertueux, le sycophante pétitionnaire, l’indic post-littéraire, avec tout ce qui traduit la bonne conscience de l’idéologie dominante, laquelle est, on le sait, de la mauvaise foi patentée. » L’ouvrage cité prêtait à discussion et même à controverse. Fort bien. Mais on ne sache pas que Louis Aragon ait été privé d’entrer dans la Pléiade pour avoir commis une ode au Guépéou, ni Virginie Despentes à l’académie Goncourt pour avoir bramé son amour des frères Kouachi, les massacreurs islamistes de Charlie Hebdo.

Ces dix dernières années, l’auteur de Lauve le pur (P.O.L., 2000) a donc peu publié, mais beaucoup observé, beaucoup écouté. Et s’il est permis d’user d’un oxymore, seul le ton de froide imprécation de ces Nouveaux Lieux communs pouvait rendre compte du désastre en cours. De l’effondrement du niveau scolaire et intellectuel, de l’ensauvagement de la société, de la décivilisation de l’humanité. Et surtout d’une offensive terminale contre le français, « à propos de quoi il faudra un jour écrire un essai tel que celui que Victor Klemperer a consacré à la dénaturation de la langue allemande par le IIIe Reich ». En attendant, Richard Millet concasse l’époque en 300 morceaux, 300 poncifs – de « Nauséabond » aux « Territoires perdus de la République », de « Faire payer les riches » à « Nous sommes tous des migrants », de « Les Israéliens font aux Palestiniens ce que les nazis ont fait aux juifs » à « La personnalité préférée des Français ». Trois cents petits cailloux semés à l’intention des Petits Poucets de la postmodernité, un à un soulevés pour dévoiler l’inquiétant grouillement qu’ils dissimulaient : « Des êtres ignorants, veules, connectés, conditionnés, esclaves de vices reconvertis en “orientations sexuelles”, malmenés par les flux migratoires, égarés dans la guerre intercommunautaire, les attaques de l’islamisme, l’hébétude démocratique et cannabisée, quelques-uns seulement refusant cette servilité, notamment de sombrer en même temps que la langue qui a porté jusqu’à eux l’héritage d’Athènes, Jérusalem et Rome – celui de la France, aussi. » Le poison des injonctions progressistes distillé à flot continu dans les cervelles contemporaines agit comme le venin d’un serpent qui endort sa victime pour mieux la dévorer. À l’encontre de ce que voudrait faire croire l’étymologie anglaise du mot, « l’idéologie woke plonge les gens dans une stupeur si proche de la stupidité que le paradoxe se résout encore de cette façon : wokistes, encore un effort pour demeurer des esclaves ». L’empire du Bien, insiste Millet, ne connaît aucune limite dans son entreprise de falsification et sa volonté d’annexion. 

Depuis la figure de Simone Weil (« Étrange, n’est-ce pas, qu’on fasse servir à l’idéologie mondialiste une femme qui eût exécré […] le délitement de la nation où elle avait vu le jour et, avec elle, de la civilisation européenne… ») jusqu’à la civilisation arabo-musulmane : « C’est donc cette bannière que revendiquent tout à la fois les Frères musulmans, l’État islamique, et les utiles idiots de l’islamo-gauchisme européen, tout comme les benêts œcuménistes qui, la tête sous le couteau, loueraient encore le modèle de vivre-ensemble d’al Andalus, l’Alhambra, les jardins de Grenade, la tolérance islamique, etc. »

Le siècle a perdu le nord, la dissidence est passée d’est en ouest, refuznik se dit aujourd’hui « réfugié de l’intérieur, naufragé éditorial ». Il connaît sa mission : « Les animateurs culturels et propagandistes du Bien se vouent désormais à la traque de ce qui critique, dévie, contourne le Système, tandis que notre tâche à nous, francs-tireurs, est de le contourner sans relâche en détruisant leurs mots d’ordre, et en n’étant jamais là où on nous attend. » Message reçu.




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Qui ?

 






dimanche 14 avril 2024

Prisonniers du Viêt Minh : Dans l’enfer rouge

 



Au crépuscule de la bataille de Diên Biên Phu, près de 12 000 soldats français sont faits prisonniers par les forces communistes. Après une traversée macabre de 800 kilomètres, des conditions de détention effroyables et des séances d’endoctrinement à répétition, seuls 3 300 survivront. Plongée dans l’enfer rouge.


Par Wandrille de Guerpel   Extraits du n°74 du journal L'Incorrect



  Le 8 mai, après plusieurs semaines d’intenses combats, la dernière colline « Isabelle » est tombée aux mains de l’ennemi. Le cessez-le-feu est annoncé. Mais le calvaire ne fait que commencer pour les 11 721 soldats français qui sont faits prisonniers par les forces du Viêt Minh. Parmi eux, 4 400 sont blessés et, ceux qui ne le sont pas, sont exténués par le rythme effréné des affrontements qu’ils viennent de mener. Seuls 3 300 d’entre eux survivront et retrouveront leurs foyers.


À marche forcée

Trois jours après que le général de Castries a ordonné le cessez-le-feu, il faut laisser sur place les corps du millier de camarades tombés – qui seront enfouis dans des fosses communes – car 800 kilomètres à pied attendent les soldats français. Peu importe leur état, qu’ils soient blessés, amputés, dysentériques ou autres. Tous vont marcher. Les longues chenilles humaines des prisonniers se mettent en place, avec cette « terrible rancœur envers les politiques qui l’ont emmené dans ce merdier » d’après les propos du mythique général Bigeard.

Il y a, au fond du calvaire qui attend ces soldats, un peu de l’épopée de Slavomir Rawicz qui s’échappa d’un camp russe quelques années avant eux, pour échapper à d’autres communistes. Les Vietnamiens, qui considèrent la marche comme un rite initiatique, vont imposer aux Français une pénitence quotidienne entre souffrance et propagande : 40 jours de marche en direction des camps de détention n° 1, 5, 73, 113 et 121. Les malades jonchent les bas-côtés des routes, abandonnés par les geôliers qui ne veulent pas s’encombrer de ces derniers.

Les marcheurs, eux, doivent continuer à avaler la piste boueuse qui serpente devant leurs yeux. Dans la jungle, l’humidité est à son comble. Les treillis sont imbibés de sueur qui se mélange à la poussière, ce qui a pour inévitable conséquence de les raidir. La marche est rendue plus difficile encore, car ils avancent pieds nus. Les rangers ont été confisquées. Le climat, chaud et humide, regorge de tous les maux. Les sangsues s’accrochent aux pieds, aux aisselles, aux testicules, jusqu’à se loger dans les orifices des soldats. Les maladies se répandent dans les rangs à toute allure : malaria des montagnes, leptospirose, etc. Les 700 grammes de riz quotidien pour quatre ne suffisent pas à remplir les estomacs et raviver les forces.

Les longues chenilles de soldats voient passer leurs gradés, secoués par l’irrégularité de la route qu’empruntent les camions, dans lesquels ils sont entassés. Les officiers ont le privilège d’éviter la longue marche pour rejoindre leur lieu de détention.


La vie au camp

C’est à bout de souffle que les colonnes des soldats arrivent dans les camps qui deviendront leur lieu de vie, ou plutôt leur lieu d’agonie. Perdus au milieu de l’enfer vert, ces camps de la mort offrent une triste destinée. Les officiers sont cantonnés au camp n° 1 mais ne bénéficieront plus de traitement de faveur. Eux et leurs hommes vivront le même calvaire et baigneront dans la misère et la peur. Les paillotes où ils dorment sont imprégnées d’eau que le ciel crache sans discontinuer. Sur ces terres marécageuses, les mycoses apparaissent inévitablement sur la peau des hommes. Les poux et autres parasites gagnent les barbes et les cheveux des hommes qui se blottissent dans les huttes infectées d’excréments. Ceux qui meurent dans ce camp sont grignotés par les rats, au milieu des camarades. Un jeune lieutenant témoigne des conditions de vie de ce camp dans ces mémoires : « Avec notre maigre ration de riz, nous nous couchions évidemment avec la faim. Ce moment de la journée, je le souhaitais, mais paradoxalement je l’appréhendais aussi, car les insomnies, dues à la faim, à la gale, au béribéri, aux parasites intestinaux (ténia, ankylostomes, ascaris, etc.), et surtout à la dysenterie, m’empêchaient de me relaxer, non pas physiquement, mais psychiquement. […] Comme la plupart des êtres devant le danger, je me réfugiais dans la prière. »

Ici, les journées sont partagées entre travaux manuels et séances d’endoctrinement. Les communistes tentent d’imprégner les prisonniers de leur idéologie en multipliant les brimades et en leur rabâchant à longueur de journée les valeurs de l’internationalisme communiste. Les Vietnamiens exhortent même les captifs à signer des manifestes pour dénoncer les responsables politiques qui leur ont ordonné de combattre sur le sol asiatique. On leur impose aussi des séances d’autocritique organisées par les commissaires politiques. Le découragement est total.

Le militant communiste Français Georges Bouradel fait partie de ces commissaires politiques. Pendant la guerre, il officiait en tant que numéro 2 au camp 113. En 1991, il donnera son nom à la tristement célèbre affaire Bouradel puisqu’il sera accusé de crime contre l’humanité.


L’évasion impossible

Beaucoup rêvent d’évasion. Mais l’acte de bravoure, pourtant caractéristique de ces troupes de la Coloniale ou de la Légion, est ici vain. Les quelques hommes qui tentent de s’évader sont aussitôt repris ou retrouvés morts d’épuisement quelques kilomètres plus loin. Certains sont même dévorés par les bêtes qui hantent la jungle alentour. La géographie est une geôlière plus efficace que n’importe quelle palissade ou barreau. 90 % des évadés échouent.


Ceux qui sont rattrapés sont voués à des séances de torture qui dépassent l’imagination. Parmi elles, l’enclos à buffles. L’idée consiste à attacher les hommes des jours et des nuits durant au milieu de la vermine jusqu’à ce que la folie s’empare d’eux. On les inonde de matières fécales, on les bat, on les laisse se faire mordre par les porcs et écraser par les buffles. Les Vietnamiens sont connus pour être de redoutables tortionnaires. Tout au long de la guerre, les militaires gardaient une dernière cartouche dans leur giberne pour se donner la mort lorsque la situation devenait désespérée. Mieux vaut la mort que la torture.


Morts-vivants

Ils sont abandonnés à leur triste sort. Paris semble oublier ses soldats partis se battre loin de leur terre natale pour terminer dans ces camps de la mort. C’est seulement après de longs mois que commencent les négociations pour la libération des prisonniers. Le 5 juillet, la conférence militaire de Trung Gia réfléchit aux modalités d’échange. Mais, ce n’est que dans la nuit du 20 au 21 juillet que les choses semblent bouger. Le temps est suspendu au pavillon des nations, qui accueille cette nuit-là l’ensemble des délégations internationales pour, enfin, signer la fin de la guerre. L’heure est au bilan, mais la question des prisonniers du Viêt Minh ne semble pas être une priorité tant elle est délicate. Les libérations n’ont lieu qu’à partir du 18 août et s’étendront jusqu’au mois de septembre.

À l’embouchure du Sông Ma, les embarcations françaises attendent les anciens détenus pris en charge par le service de santé des armées. L’état général de ces hommes est décrit par le capitaine de corvette René Bardit qui accueille les premiers libérés : « Les camps d’internement vietminh sont de véritables Buchenwald. Ce sont des squelettes vivants qui nous arrivent. » Les médecins militaires qui font les premiers examens découvrent des hommes pesants entre 30 et 40 kg.

Sur une photographie historique de Jean Lussan, on identifie les états désastreux du lieutenant-colonel Bigeard et du colonel Langlais, qui témoigne de l’inhumanité de leur détention. Les héros militaires français ont la peau sur les os. La France découvre une armée meurtrie dont la plaie semble incicatrisable. L’infirmière Geneviève de Galard dira de cette guerre que « le courage a sauvé l’honneur ».