"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

jeudi 27 octobre 2022

Notre presbytère pris dans la tenaille des "progressistes"

 



Pourquoi, mes chers Compatriotes, se passionner en cette fin 2022 pour un vieux  presbytère laissé volontairement à l'abandon depuis 20 ans par le maire de Bihorel ? A l'heure où l'ennemi vient égorger et violer jusque dans nos maisons, nos filles et nos compagnes, où l'humanité n'a jamais été aussi près d'une crise majeure et peut-être définitive, oui pourquoi s'intéresser à une vieille masure ?

Peut-être parce que ce presbytère est comme moi, qu'il appartient à un monde qui se meurt, qu'il est de la France "d'avant" la grande déculturation, d'avant le grand déracinement, le grand remplacement, la grande déchristianisation et l'effacement de nos paysages derrière la laideur contemporaine. 

Peut-être aussi parce que le petit caillou, que j'ai toujours cherché à être dans la chaussure de ceux qui décident pour nous, peut tenter une ultime fois, de faire boiter les obsédés du bulldozer et de la toupie à béton dans notre commune.

C'est dans cet esprit que je me suis rendu à la réunion qui se tenait dans notre salle paroissiale, jeudi 20 octobre dernier.  

Une bonne surprise m'y attendait. L'assistance était nombreuse, le vieux bâtiment suscitait donc encore de l'intérêt chez les paroissiens de toutes obédiences. Un regret, le maire de la commune propriétaire des lieux n'était pas là, mais Pathé Marconi, une vieille connaissance, était lui présent. Notre petit marquis eût sans doute de ce fait, un rapport précis et circonstancié des échanges de la soirée, des tendances et des forces en présence.   

Si je résume à grands traits, la situation du presbytère est très inconfortable, il se trouve pris dans la tenaille des "progressistes" des deux rives qui veulent les uns comme les autres le démolir, le trouvant "obsolète". 

D'un coté le progressisme "libéral" du maire, celui que nous connaissons le mieux pour le voir à l'œuvre depuis une dizaine d'années, celui qui défigure notre commune et qui consiste à raser tout ce qui existe pour bétonner un maximum de mètres carrés dans la plus pure logique financière des promoteurs immobiliers. Notre petit marquis n'a qu'une envie, vendre la parcelle du presbytère au plus offrant tout en se lavant les mains de ce qu'il adviendra. 

Mais il y a un "hic". L'abbé Flavigny, donateur à la commune au 19ème siècle de la parcelle posa une clause, exigeant que les lieux aient une fonction presbytérale et éducative. Le maire a bien essayé de la faire invalider par les tribunaux mais les descendants du donateur s'y opposent. Le petit marquis est tombé sur un bec.

C'est dans cette faille que se sont engouffrés, ceux que j'appellerais les tenants d'un progressisme "social", un brin "remplaciste" et collectiviste. Ils ont élaboré le projet "Pour un habitat innovant et participatif à Bihorel" mis en ligne avec mon billet du 27 septembre dernier et dont j'ai déjà écrit ce que j'en pensais.

Bref, le sort du presbytère semble scellé. D'un coté comme de l'autre, on ne lui voit qu'un seul avenir, celui d'un tas de gravas qui laissera la place à une "bétonnerie" quelconque. Seule la suite diffère: un bon fromage pour les promoteurs ou un habillage social pour introduire une mixité qui soi-disant serait absente du vieux Bihorel, à moins bien évidemment que l'on sous-entende par là "mixité ethnique" ?

Une deuxième bonne surprise m'attendait, lorsque j'ai parlé de "cadre de vie", de "patrimoine historique" plusieurs personnes ont été sensibles à l'argument et se sont montrées hostiles à la politique du tout bulldozer et béton. 

Mes chers Compatriotes, il faut tout de même que vous imaginiez à quoi  ressemblera notre place de l'église d'ici à quelques années. Je ne reviendrai pas sur la minéralisation et la déforestation (1) de celle-ci ces derniers mois, mais en plus des deux immeubles construits ces dernières années, vont venir s'ajouter le projet qui remplacera les bâtiments de la pharmacie et alentour, celui qui remplacera la maison des médecins, celui prévu en bas de la place près de l'office notarial, celui qui remplacera le P'tit Lido (quel nom ridicule ! ) et enfin celui dit du "presbytère" que les esprits "marketing" des promoteurs ne manqueront pas de nommer "Les jardins du Curé". Bref, Adieu Bihorel !

A l'occasion de cette réunion, j'ai proposé la piste s'inspirant de la transformation des laboratoires Gascard en école de musique et "médiathèque", celle qui consiste à demander aide et concours aux élèves de l'école d'architecture de Rouen (si cela se révèle possible) pour conserver l'existant du presbytère en l'intégrant dans une évolution des lieux. 

Une troisième voie, qui ferait le trait d'union entre passé, racines et avenir, peut-être et même sans doute éloignée des logiques purement comptables et financières mais qui aurait au moins le mérite de ne pas faire de Bihorel une page blanche tout en préservant sur cette place ce qui peut l'être encore après une décennie de destruction. Les Bihorellais de demain méritent mieux qu'un urbanisme pensé par des esprits restés bloqués dans les années "80". 

Comme je l'ai rappelé lors de cette réunion, nous ne sommes pas propriétaires de ce que nous ont transmis les Bihorellais du passé. Nous n'en sommes que les dépositaires. Ils nous ont simplement donné pour mission de transmettre à ceux qui nous suivront la belle commune de Bihorel. Si cela parait déjà fort compromis par deux décennies de saccages urbanistiques, essayons au moins de sauver ce qui peut l'être encore !  

Bien sûr, certains lors de cette réunion en m'écoutant, ont levé les yeux au ciel et secoué la tête en signe de désapprobation. Sans doute, ont-ils pensé "passéiste" et/ou "ringard" à mon encontre. A ceux là, je répondrai par la phrase d'Alain Finkielkraut : " les vrais déclinistes sont les progressistes parce qu'ils prennent la marche vers l'abime pour une marche vers l'avant".

A suivre...


C.Dragasès


(1) notre petit marquis évoque la création d'une forêt "urbaine" (bel oxymore), je crois dans le quartier du chapitre. Alors pourquoi ne pas s'autoriser le terme de "déforestation" pour qualifier l'abattage des arbres de la place de l'église ?



 

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