"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

vendredi 4 août 2023

Chronique de la peur ordinaire

 




Bihorel, parc de l'Argilière, juillet 2023 

billet invitée *



La petite main de ma petite fille dans la mienne par un après-midi de juillet qui ressemble à octobre. Nous ramassons de ci de là du petit bois « pour papi » Et nous rencontrons une dame de ma connaissance qui promène comme chaque jour son chien. La conversation s’engage

Ça commence comme souvent par le temps qu’il fait et la santé des gens. Et puis les vacances, le calme de la montagne qui contraste et qui fait du bien après la période que nous venons de traverser.
La petite court vers une balançoire, et au fil des mots je sens bien que la dame avec qui je bavarde a peur. Elle aimerait vivre à la campagne, elle y a longtemps vécu mais elle craint d’y être isolée.
Il lui arrive de ne pas se sentir tranquille quand elle promène son chien sur l’hippodrome où on croise de plus en plus souvent des types dont le regard n’est pas franchement amical. Elle n’oublie jamais de fermer sa maison et la grille de son jardin.
Et tandis qu’elle me livre ses impressions et ses craintes, nous voyons arriver un groupe d’une dizaine de jeunes gens entre peut-être 14 ,15 et 20,25 ans. L’un d’eux porte une tenue islamique,  le pantalon bouffant, la tunique et le calot sur la tête (type Afghan). Ils passent tout près de nous et véritablement nous toisent du regard et la dame au chien me dit tout bas « Il ne faut pas les regarder ».

Je les regarde tout de même et je regarde aussi ma petite fille sur la balançoire parce qu’en cet instant, c’est plus fort que nous et je dis nous parce que toutes les deux, nous pensons à Annecy.
La bande s’éloigne un peu jusque sous les arbres. Là ils semblent se concerter.
Il commence à pleuvoir dru et alors que je voudrais repartir vers l’hippodrome pour rentrer chez moi, la dame me suggère d’attendre qu’ils soient partis pour passer. Nous nous abritons sous un saule, ma petite fille s’amuse de ce grand parapluie. Je sens sa petite main dans la mienne.
Le groupe fait demi tour, revient un peu vers nous et sort du parc. Nous quittons enfin notre abri. Pendant qu’ils passent près de nous, l’atmosphère se refroidit, on sait, on sent, on voit que ces gens nous détestent et qu’en effet pour un regard une parole, ils n’hésiteront pas, qu’ils n’ont aucune limite et qu’ils ne craignent rien, ni personne.

J’ai déjà eu cette impression récemment devant le Carrefour market du coin avec une bande de jeunes africains s'exprimant dans une langue inconnue et qui se comportaient comme des sauvages. Moi, qui jusqu’ici, n’ai jamais laissé une caissière se faire insulter sans réagir, qui me suis toujours opposée, qui ne baissait pas les yeux, je me suis surprise pour la première fois à hésiter, à avoir peur.

On a passé un cap.

Ces jeunes hommes par trop différents sont effrayants, immaitrisables. Au nom de quelle lâcheté de ceux qui font semblant de ne pas voir, cette dame doit elle avoir peur ?

Depuis de longs mois déjà, je ne fréquentais presque plus l’argilière, les jours de beau temps parce que je ne m’y sentais plus la bienvenue, habillée à l’européenne au milieu de femmes au minimum voilées ou en Burka avec des sauvageons dont la seule loi est celle du plus fort et qui vous imposent leur musique à fond, crachent par terre et parlent très fort.




* l'invitée est une ancienne conseillère municipale d'opposition citoyenne de la précédente mandature.




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