"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

mardi 22 mai 2018

Un homme de son temps



A priori, je n'avais pas prévu revenir sur ce conseil municipal du jeudi 19 avril 2018 à Bihorel, mais la lecture du tweet du maire m'a fait changer d'avis.  
Passons rapidement sur la forme. Soyons certains, mes chers Compatriotes, que ce tweet n'a pas été rédigé par un conseiller en communication mais bien par le maire en personne. On y retrouve ses habituelles difficultés avec l'orthographe et les règles de grammaire: "pas de grands enjeux ont été débattues", le "e" à "débattues" est tout à fait superflu, "enjeux" étant du genre masculin... Quant à la syntaxe, j'ai connu des vaches espagnoles qui parlaient mieux le français...

Ce tweet du maire m'a tout d'abord fait sourire. Il y déplore le fait que "pas de grands enjeux ont été débattues" constatant ainsi sa propre médiocrité car qui d'autre que le maire établit l'ordre du jour des conseils ? Qui d'autre que lui pourrait avoir engagé des projets importants pour Bihorel ? Qui d'autre que lui fait en sorte que les décisions importantes pour notre commune sont prises dans le clair obscur de son bureau et non pas, comme les règles de la démocratie l'exigent, lors d'un conseil municipal ?

Imaginons mes chers compatriotes, qu'il y eut à débattre du renouvellement de la place de l'église, des moyens d'actions fermes pour qu'enfin les camions cessent de traverser le plateau des provinces ? Qu'il soit débattu de la modernisation du foyer municipal pour que Bihorel ait enfin une salle de spectacle digne de ce nom ? Que le maire nous expose quelles sont les pistes suivies pour la ré-ouverture de notre piscine et les actions entreprises pour trouver les subventions nécessaires ou comment compte-t-il la gérer sans engraisser avec nos impôts, une société privée à la réputation disons, ambiguë...
Si la commune n'était pas gérée de façon médiocre, si le maire avait de l'ambition pour Bihorel et non pas uniquement des ambitions pour lui-même, alors là oui, mes chers Compatriotes, de grands enjeux seraient débattus lors du conseil municipal. 

"Ceux qui veulent mettre Bihorel sous cloche, qui vit en autarcie comme au moyen âge". 
Dans son tweet, le petit marquis s'essaie à railler ses opposants mais il y fait plutôt étalage de son ignorance en nous délivrant l'image quelque peu rétrécie qu'il se fait du Moyen Age, lorsqu'il nous parle d'autarcie...
Rappelons-lui simplement que c'est à cette époque que ce sont développés des ports comme Londres ou Venise ainsi que le commerce méditerranéen. Que les foires marchandes (Reims, Troyes, Londres, Cologne, Rouen etc...) connurent un essor important pendant cette période.
C'est également au Moyen Age que tailleurs de pierre, sculpteurs, charpentiers, artistes peintres parcoururent l'Europe pour y bâtir Châteaux, Abbayes et Cathédrales qui ont malgré les siècles bien plus fière allure que les immeubles étrons R +2 + combles, ornés d'un enduit fadasse et de briquettes pour lesquels le maire signe des permis de construire à tour de bras ! Les bâtisseurs du Moyen Age avaient du génie, les projets architecturaux retenus par le maire sont d'une indicible médiocrité. 

Le discours mièvre du maire se résume à peu de choses: je suis l'homme de mon temps, celui du progrès et mes opposants ne sont que de doux passéistes. Ainsi lança-t-il en plein conseil municipal à l'adresse de J.C.Ravenel " mais Monsieur, nous sommes quand même au vingt et unième siècle !".
Oh certes, il n'a pas l'exclusivité de l'usage de ce ridicule argument, c'est celui de tous les "macronnards" et  je suis certain que bon nombre de politiciens et de technocrates de la métropole en usent et en abusent. Il sert de béquille aux progressistes de tous poils, ceux qui bientôt imposeront la PMA et la GPA pour tous ou l'euthanasie pour ceux qui, aux yeux des gestionnaires des caisses de retraites et des dépenses de santé ne servent plus à rien et qui occupent inutilement de la surface habitable...
Le fait de vivre au début du 21ème siècle conférerait-il une quelconque supériorité intellectuelle sur les esprits brillants du passé ? L’apostrophe du  maire de Bihorel à l'adresse de J.C.Ravenel pourrait de manière un peu plus élaborée se décliner ainsi : " Vous faites référence à Corneille alors que, Monsieur Ravenel, nous sommes quand même à l'époque de Christine Angot et de Yann Moueix ! ".

“Les vrais déclinistes sont les progressistes parce qu’ils prennent la marche vers l'abîme pour une marche vers l’avant” écrivait récemment Alain Finkielkraut. Notre maire à tous a quelques "progrès" de retard. Sa bétonisation et sa densification du vieux Bihorel regarde vers la politique d’urbanisation des années soixante. Une politique destructrice d'espaces verts, d'arbres, de lieux de vie pour la flore et la faune et du cadre de vie de l'être humain.

Mes chers Compatriotes, le petit marquis est peut-être un homme de son temps mais ce serait alors dans le sens où l'entendait Nicolás Gómez Dávila :
 "de celui dont nous disons qu'il est un « homme de son temps », nous ne faisons que remarquer qu'il coïncide avec la majorité des imbéciles du moment". (1)


CD

(1) Carnets d'un vaincu, recueil d'aphorismes de Nicolas Gomez Dàvila, écrivain Colombien mort en 1994




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