"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

mercredi 10 octobre 2012

Revue de presse internationale sur France Culture



Par Thomas CLUZEL

Il y a quelques jours, j’ai vécu une expérience aussi intéressante que préoccupante. Flânant dans un quartier parisien éminemment populaire, je fus constamment hélé par des hommes et femmes en colère, m’expliquant que s’ils avaient voté François Hollande, ce n’était pas pour qu’il fasse la même politique que Nicolas Sarkozy, voire, ajoutaient certains, du sarkozysme en pire et en plus brutal. Mais alors, comment diable François Hollande a-t-il pu ainsi se laisser enfermer dans cette nasse, interroge l’éditorialiste du SOIR de Bruxelles ?

Première erreur, Hollande a engagé la France dans une politique d’extrême rigueur, ce que non seulement son prédécesseur n’avait pas fait, quoique la gauche l'en accusât, mais ce qu’il n’avait pas lui-même annoncé, ce qui inévitablement est aujourd’hui ressentie par son électorat comme une pure et simple trahison. Ensuite, le pouvoir précédent avait laissé pour 2013 une facture, c’est-à-dire un trou à combler de 33 milliards d’euros. Or, Hollande a choisi de boucher cette béance en faisant appel, pour deux tiers à la pression fiscale, et pour un tiers aux réductions de dépenses. Et le problème poursuit l’éditorialiste, c’est qu’il fallait faire exactement l’inverse, puisque la multiplication des impôts et des taxes risque de précipiter une récession, qui coûtera plus cher en manque à gagner, que la rigueur ne permettra de doper les recettes. Enfin, cet effort national exige bien entendu des sacrifices. Et si l’on veut qu’une majorité de la population accepte de participer à cet effort, alors il faut qu’un objectif cohérent et mobilisateur soit défini. Or on ne voit rien de tel s’esquisser. Personne, aujourd’hui, n’est capable de dire, au-delà des nécessités d’assainir les comptes publics, dans quelle direction le nouveau pouvoir entend mener le pays.

Même analyse pour la SUDDEUTSCHE ZEITUNG. François Hollande ne dit pas quelle France et quelle Europe il veut façonner écrit le journal de Munich. Il demande seulement aux citoyens des sacrifices, mais sans expliciter les liens de cause à effet. Il garde le silence sur ce qu'il pense vraiment et se réfugie dans l'à-peu-près. Et voilà pourquoi, non seulement de nombreux Français s’estiment à présent désarçonnés par ses louvoiements, mais aussi de nombreux Européens se disent déçus.

Dernier exemple en date, hier, le gouvernement français a réussit à faire adopter un projet de loi, qui autorise la ratification du traité budgétaire européen, autrement dit celui là même écrit le NEW YORK TIMES que François Hollande n'avait cessé de critiquer lors de sa campagne présidentielle. Mieux encore, à l'époque rappelle toujours le quotidien américain, le candidat à l'Elysée avait promis de modifier le traité. Là encore, que de louvoiements inutiles, puisqu'au final, Hollande élu s'est donc résolu à convaincre son propre parti de la nécessité d'un tel acte pour préserver l'unité européenne.

Et son confrère de l'IRISH TIMES de se rappeler à son tour ce matin au bon souvenir de la gauche. Le vote d'hier ravive dit-il les mauvais souvenirs de la scission profonde qui avait affecté le Parti socialiste lors du vote malheureux sur la Constitution européenne en 2005, épisode, qui on s'en souvient avait durablement entaché la direction du parti.

Non décidément, la France est bel et bien malade. Le diagnostic est sévère, mais il ne souffre aucune contradiction selon l'éditorialiste du journal de CHICAGO. Le temps des promesses est terminé et l’heure du réalisme a sonné pour François Hollande. Et pourquoi, interroge le quotidien américain ? Parce que le Président français est arrivé au pouvoir en berçant ses électeurs de belles promesses : les riches et les entreprises allaient mettre la main au portefeuille, l'Etat allait créer des emplois, le protectionnisme allait faire son grand retour et surtout, toutes ces mesures allaient remettre la France sur le chemin de la croissance, en clair, la rigueur ne passerait pas par là. Pour l'instant, la cote de popularité de Hollande est en chute libre, l'économie de la France est au point mort et le taux de chômage continue à grimper.

Le journal de Genève joint lui aussi sa voix au chœur des critiques. François Hollande a fait de l’anti-sarkozysme une marque de fabrique et associé à ce label, un slogan. Reconnaissons le, l’idée a fait mouche auprès des électeurs lassés de l’agitation brouillonne de l’ancien chef de l’Etat, dont les résultats n’étaient pas à la hauteur de l’énergie mise à les annoncer. Sauf que la campagne est terminée et que la rentrée a sonné. 

Même si c’est vrai les français adorent se plaindre nuance LA STAMPA de Turin, même si la grogne passe pour une caractéristique nationale dans ce pays, cet automne semble bel et bien placé sous le signe du mécontentement écrit le journal. Et son confrère de Milan le CORRIERE d’enfoncer un peu plus encore le clou : François Hollande dit-il, ne veut pas réformer la France, mais uniquement faire des économies. Les mesures annoncées visent plus à équilibrer le budget, qu'à engager des réformes structurelles profondes. Hollande en somme n'a pas demandé aux Français de changer leur mentalité. Or faute d’oser proposer à terme un changement de système sinon de modèle, faute d’être capable d’indiquer un horizon, et bien la partie n’est pas jouable reprend LE SOIR de Bruxelles. Au final, la France risque de payer la double addition d’un bilan sarkozyste calamiteux et d’une politique hollandaise suicidaire. Et de conclure, au mieux, dans cinq ans, le pays sera sauvé. Mais la gauche, elle, sera morte.

9 commentaires:

  1. C’est étrange, il n’y a pas si longtemps, je lisais sur ce même blog, votre agacement tout à fait légitime face à cette pensée unique propagée par une large majorité de journalistes en proie, selon vous cher Constantin, à un anti-sarkozisme primaire. Le vent a tourné depuis et la revue de presse internationale que vous relayez ici est maintenant entièrement à charge contre F. Hollande.
    Et, je dois vous avouer que ce que je trouvais parfaitement justifié hier me paraît aujourd’hui tout à fait discutable. Nous portons tous des « lunettes » idéologiques qui nous font opérer un tri sélectif des informations et surtout qui infléchissent le jugement que l’on peut porter sur les personnalités politiques autant que sur le cours des évènements mais là n’est pas vraiment mon propos. Ce qui m’intéresse ici, c’est plus de comprendre la logique grégaire d’une presse dans ce qu’elle choisit de relater et dans la manière même qu’elle a d’analyser et de commenter les faits, conditionnant ainsi profondément le jugement des lecteurs. Nous pourrions penser que la polychromie idéologique affichée ou non de la presse nous préserve de cette uniformité d’analyse et de jugement mais paradoxalement, la concurrence entre les différents journaux semble bien aboutir au contraire à une véritable homogénéisation de la pensée qui amène les médias à reproduire en un temps de plus en plus court ce scénario en 3 actes (bien décrit par je ne sais plus qui d’ailleurs) : on lèche d’abord, on lâche ensuite et on finit par lyncher…
    Ce dont est aujourd’hui victime Hollande après Sarkozy relève de ce même mécanisme structurel invisible que Pierre Bourdieu, il y a 10 ans déjà s’est efforcé de mettre à jour dans un tout petit ouvrage intitulé « Sur la télévision » aux éditions Raisons d’agir - disponible chez moi… Bon, comme je ne suis pas certain que Bourdieu soit votre auteur préféré mon cher Constantin – et bien que le soleil de ce samedi après-midi m’appellerait plutôt à l’extérieur…- je vais essayer de vous résumer en quelques phrases le dévoilement que mon sociologue préféré opère de ce mécanisme insidieux menant les journalistes, quel que soit le parti pris politique du journal qui les emploie, à énoncer, peu ou prou, le même rejet de l’action d’un Hollande aujourd’hui ou d’un Sarkozy hier, qu’ils écrivent depuis Genève, Turin, Chicago, Londres ou Berlin.
    Au nom du credo libéral, la logique de la concurrence s’impose à tous les organes de presse et pourtant, soumis aux mêmes contraintes, alimentés des mêmes sources, des mêmes sondages d’opinion et soucieux de faire le meilleur audimat, les voilà inquiets de ne pas s’inscrire dans cet air du temps à la construction duquel ils participent en se répétant et se copiant les uns les autres : « pour savoir ce qu’on va dire, il faut savoir ce que les autres ont dit » ; leur peur est de rater le scoop ou l’angle de traitement de l’information qui va faire le buzz comme on dit aujourd’hui. Et c’est ce qui explique cette « circulation circulaire de l’information (…), cette sorte de jeu de miroirs se réfléchissant mutuellement (qui) produit un formidable effet de clôture, d’enfermement mental » dont le lecteur est à la fois la raison et la victime inconsciente. De sorte qu’en citant un savoureux aphorisme - l’ancêtre du tweet en quelque sorte - de Jean Rostand, on peut dire du consommateur des médias que nous sommes tous plus ou moins : « Il croit qu’il sait, il ne sait pas qu’il croit ».
    Dès lors, j’en viens à me demander si la reconquête d’une pensée plus autonome, l’extraction du convenu moelleux de tous ces poncifs charriés par des médias collant au plus près de ces préjugés communs qu’ils ont eux-mêmes contribué à installer, ne passent pas aujourd’hui par une position incroyablement transgressive et même génialement subversive : faire une lecture un tant soit peu bienveillante de ce début de quinquennat. Un rôle enfin taillé à votre mesure !
    Michel Coruble

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  2. Ainsi vous aviez, cher Michel, trouvé mon agacement face à l'anti-sarkozysme primaire "tout à fait légitime", cela avait dû m'échapper...(je plaisante)

    Bref, il devient de plus en plus difficile de sauver le soldat Hollande avec son gouvernement et pour cela vous convoquez de beaux esprits comme celui de Monsieur Debord (vous savez je ne lis pas que du Muray, il m'est arrivé aussi de lire Guy Debord) mais je crois que sa grille de lecture (marxiste) ne peut être d'aucun secours à un gouvernement au sein duquel pour le coup, il ne règne pas de pensée unique, c'est le moins que l'on puisse dire !

    Je dois reconnaitre que socialistes et écologistes vont un peu vite pour moi et que les scènes du désastreux spectacle qu'ils nous offrent depuis leur retour aux affaires s'enchainent trop vite pour me laisser le temps de les moquer toutes.
    Sincèrement si je peux, comme vous, penser qu'il y a une certaine uniformisation de la réflexion, de l'analyse et de la pensée journalistique occidentale comme cette uniformisation peut être constatée dans bien d'autres domaines (alimentaire, vestimentaire, musical, littéraire etc...)je ne crois pas que Moi-Je président soit victime "d'un jeux de miroirs se réfléchissant mutuellement" et qui mènerait à un enfermement mental.
    Regardons simplement sur la forme, alors qu'il y aurait tant à dire sur le fond, le spectacle qu'offre Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale qui le dimanche nous affirme qu'il faut aller vers la dépénalisation du cannabis pour revenir le lundi matin sur ses déclarations, recadré par le transparent JM Ayrault ou ce bon Claude Bartolone, PDT de l'assemblée nationale (quand même) qui nous déclare aujourd'hui que "l'objectif des 3% est absurde" alors que la semaine passée la majorité parlementaire socialiste votait le traité européen sur ce sujet et que Moscovici ministre PS de l'économie et des finances nous déclare dans le même temps que le respect des 3% est primordial car il conditionne la crédibilité de la signature de la France !
    En conclusion, j'ironisai en vous demandant si, sur la cacophonie et l’incohérence, Debord n'a rien écrit là dessus, parce que ce serait vraiment le moment de s'en servir...
    CD

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  3. Je ne faisais pas référence à Guy Debord mais peut-être après tout confirmerait-il lui aussi mes propos avec ses analyses percutantes de sa "société du spectacle" mais bien à Pierre Bourdieu, le sociologue, l'unique, celui qui vers la fin de sa vie descendit dans l'arène des manifestations de rues et se prononça pour une "gauche de gauche" ; ça devrait vous plaire cette appellation, c'est en tout cas moins oxymorien que la nouvelle UDI de nos "amis" communs.
    Permettez-moi d'insister : à lire votre déjà longue et pourtant annoncée incomplète, énumération des bévues et autres cacophonies de notre bon gouvernement , je crois qu'il est vraiment temps pour vous de lire Pierre Bourdieu pour tenter de mettre vos présupposés à distance, devant ce type d'informations même et surtout quand elles vous confortent dans vos a priori, vos attentes inconscientes les mieux enracinées. Soumettre sa propre lecture critique de la société et/ou de ses institutions à la critique était l'un des derniers beaux combats de Bourdieu et Pierre Carles en a fait ce film au titre très parlant : "la sociologie est un sport de combat" mais il aurait dû ajouter : contre soi-même avant tout. Aussi bien que la boxe après tout.
    Michel Coruble

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  4. cela fait deux fois que je commets cette confusion (Debord/ Bourdieu), vous vous en souviendrez certainement, la première fois vous en fûtes déjà témoin, bref je vous répondrai sur le fond dès que j'aurai pu rassembler toutes les parties disponibles de mon cerveau...

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  5. Bon voyons voir un peu ce que produit votre théorie lorsqu'elle se frotte à la réalité.
    Si je vous suis, lorsque dans la presse, je tombe sur un article qui descend en flamme la politique de développement urbain d'Houbron&Renard ou les bienfaits de la fusion ou l'exemple de démocratie moderne que représente le vote du 4 juillet 2011, au lieu de me dire "chouette d'autres pensent comme moi", je dois avant, "mettre mes présupposés à distance" puisque ces articles me "confortent dans mes à priori" et mes "attentes inconscientes les mieux enracinées". Puis je "critique ma lecture critique" me dis que je suis victime du tamtam médiatique qui mène tout droit à l'enfermement mental et que, oh merci Bourdieu, grâce à toi je découvre qu'Houbron&Renard sont des gentils et les plus beaux et après un séjour dans les rizières pour faire mon auto-critique, je demande pardon au peuple de l'avoir trompé et je ferme mon blog.
    Ai-je bon ?

    Sinon dites nous à quelles conclusions, la pensée bourdieusienne devrait nous amener lorsque le gouvernement Ayrault se prend les pieds dans le tapis? Je suis sûr que cela en intéressera beaucoup.
    CD

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  6. Si je ne connaissais pas les ravages (des deux côtés de l'estrade) dus à l'humiliation provoquée par les zéros pointés et si surtout j'étais inapte à saisir l'ironie de votre message, je n'hésiterais pas un instant à en inscrire un beau à l'encre rouge sur votre dernière copie !
    Je ne crois pas en effet que la presse locale ait dénoncé unanimement et surtout avec beaucoup d'insistance le crime commis contre la démocratie par nos chers élus. Je crois même qu'elle regorge en permanence depuis d'une propagande régulière nous montrant chaque jour un peu plus les bienfaits de la fusion et c'est bien cette convergence qu'il convient de continuer à critiquer comme vous le faites très bien d'ailleurs sur ce blog.
    Bon, parlons un peu du gouvernement Ayrault puisque vous m'y invitez avec insistance et prenons même le cas d'école de Vincent Peillon. Déjà, en termes de spectacle, vous me permettrez de préférer une parole certes un peu maladroite eu égard à ses devoirs de solidarité gouvernementale au formatage fondé sur des éléments de discours stéréotypés de tous les ministres de l'époque Fillon. Ensuite, c'est le parfait exemple pour se livrer à l'exercice Bourdieusien. Qu'a dit véritablement Peillon sur la question du cannabis ? Il a dit que oui c'était bien une question... Ah ! Il faut vraiment s'appeler Copé pour considérer que le trafic des stupéfiants et sa gestion posent moins de questions que le fait simplement d'évoquer la nécessité de se poser la question ; et c'est là que la polémique prend cette formidable ampleur et rebondit de radios en télés, de blogs en journaux et de bistrots en bistrots et du coup, emporté par son ardeur à être le plus grand défenseur de l'ordre et la morale (il faut dire que la compétition est sévère à l'UMP pour le titre de meilleur pourfendeur de la gauche), voilà notre Copé, vite relayé par tous nos médias, qui entonne la bonne vieille ritournelle de la gauche laxiste et comme toujours irresponsable, quitte à en remettre une louche du genre de celle que je trouve sous votre plume : voilà notre Peillon qui aurait affirmé qu'il "faut aller vers la dépénalisation du cannabis".
    Il me semble qu'il y a là un pas un peu vite franchi entre se demander s'il faut rester dans l'hypocrisie, s'enterrer chaque jour un peu plus la tête dans le sable et bientôt, si la polémique continue, faire la promotion du cannabis en autorisant sa culture dans les jardins de l'Elysée. Et ce pas, on ne le franchit que quand nos lunettes idéologiques se trouvent particulièrement brouillées par une série continue de messages convergents et répétitifs qui prennent d'autant plus de liberté avec la réalité objective qu'ils vont à la rencontre d'une opinion qui attend d'être encouragé dans ses parti-pris.
    En espérant vous avoir intéressé beaucoup,
    Michel C

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  7. Ainsi, il y a encore quelques semaines, lorsque l’opinion portait aux nues Moi-Je président, elle était pleine de bon sens et avait votre admiration alors qu’aujourd‘hui, désapprouvant aux deux tiers l’action de Normal 1er , la voici à vos yeux, pleine de parti pris, accoudée qu’elle serait à son comptoir de bistrot. Monsieur Bourdieu aura-t-il une théorie qui nous aiderait à percer ce mystère ?
    L’élève retors que je fus, conteste la note que vous lui avez donnée. J’ai appliqué à la lettre les préceptes de M. Bourdieu et l’exemple que j’ai pris prouve que sa théorie ne marche pas à tous les coups mais je veux bien vous accorder qu’elle rend bien service parfois, lorsque scrutant l’horizon on ne trouve pas un seul argument pour défendre ce qui ne l’est pas.

    Je n'ai pas souvenir qu'une Rama Yade ait été particulièrement formatée dans le gouvernement Fillon. Par ailleurs avec son aréopage de conseillers en communication, Vincent Peillon n'a pas lâché cette phrase par hasard. C'était parfaitement calculé surtout au moment où une élue d'EELV se trouve mêlée à une affaire de lessiveuse d'argent sale issu du trafic de drogue (nous en reparlerons). De la part de Peillon, le fait de dire "oui c'est une question" c'était déjà y répondre.
    Il me semble enfin que l'éducation nationale a peut être un ou deux détails à régler en son sein pour parfaire l'accomplissement de sa mission avant de s'occuper de cannabis.
    CD

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  8. A vrai dire, je n'ai pas franchement envie de me laisser enfermer dans le rôle de défenseur systématique de François Hollande et de vous encourager, ce faisant, à renforcer vos convictions opposées. Si notre débat à un intérêt et peut-être même un sens, ils sont dans notre capacité à prendre en compte au moins une part des arguments de l'autre dans notre propre vision du monde ; s'il s'agit au contraire d'un affrontement théâtralisé dans lequel toutes les répliques entre ceux qui sont censés être de gauche et ceux qui sont censés être de droite, sont excessivement prévisibles, ce sempiternel débat risque de devenir passablement lassant et surtout totalement inutile à force d'être redondant.
    J'avais reconnu dès le départ je crois, ma part de subjectivité - souvenez-vous : "les lunettes idéologiques" - face à l'encensement médiatique du candidat Hollande car précisément, et c'est ce contre quoi Bourdieu nous met tous en garde, il est bien difficile d'échapper au matraquage convergent de commentaires et d'analyses surtout quand ils entrent en résonance positive avec nos propres représentations. Aujourd'hui, à l'inverse, le vent médiatique me prend en quelque sorte à rebrousse-poil quand il flatte plutôt votre vision du personnage. Il n'en reste pas moins que nous sommes dépendants, l'un comme l'autre, d'images construites par des médias obéissant à des lois d'uniformisation, d'emballement dans un sens ou un autre, ayant plus à voir avec la recherche de l'audimat qu'avec celle d'une réalité objective. L'intérêt du travail de Bourdieu - et après je ne vous en parle plus - est dans cette tentative de mise à jour des mécanismes invisibles qui aliènent notre liberté.
    Je vais donc prendre la liberté d'être d'accord avec vous sur au moins deux points de votre dernière intervention.
    Premièrement, vous avez raison, pour Peillon, dire "oui, c'est une question" c'était déjà y répondre, et là, très nettement, j'avais joué sur les mots dans un réflexe partisan mais par contre je maintiens que la tirade clientéliste de Copé menant droit au renforcement du tabou absolu de tout débat sur la question de la dépénalisation de l'usage (et non du trafic) de cannabis relève d'une irresponsabilité bien plus grande encore. Là où nous tomberons sans doute d'accord, c'est que sur ce sujet comme sur d'autres, (les pigeons,les moutons maintenant, l'ISF et les oeuvres d'art), notre gouvernement ne fait pas réellement preuve d'un grand courage politique et qu'il finit ainsi par s'aliéner la colère de l'ensemble des classes sociales. Et si aéropage de conseillers en communication il y a, je leur conseillerai vivement d'en changer.
    Deuxième point sur lequel je partage pleinement votre avis c'est sur la nécessité de recentrer le ministre de l'éducation nationale sur sa mission spécifique et si possible en nous évitant le serpent de mer des rythmes scolaires ou la vieille antienne de la suppression des devoirs. Je ne sais pas moi, parlons de la formation des enseignants, de la nécessité de l'adapter aux élèves d'aujourd'hui, de la nécessité d'une pratique et d'une théorie qui se féconderaient l'une l'autre en permanence, faire de tout enseignant un enseignant-chercheur comme Meirieu le souhaitait avec son école du XXIème siècle... projet qui a duré 3 ans, merci Chirac.
    Voilà, le débat n'est pas clos mais je vous laisse bien volontiers le soin de le conclure.
    Michel Coruble

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  9. "Aujourd’hui, mû par un réflexe auto-protecteur, les maitre censeurs nous expliquent, calculette à la main, qu’il y a autant d’éditorialistes de gauche que de bretteurs de droite. Faux, bien sûr.

    Mais le problème est ailleurs : l’immense majorité des 36 300 cartes de presse que compte notre pays pense à gauche. Ceux-là ne sont ni éditorialistes ni débatteurs. On ne les voit pas sur BFMTtv ou i>TÉLÉ. Ce sont des journalistes discrets et « objectifs », des reporters de radio ou de télévision, des localiers de la presse régionale, des enquêteurs, des correspondants, des interviewers, des reporters d’images, des documentaristes… Des femmes et des hommes de gauche, qui estiment faire leur métier honnêtement mais dont l’écrasante supériorité arithmétique constitue à elle seule une entrave à la liberté d’information.

    Chaque matin, réitérée des milliers de fois, leur vision du monde s’imprime dans les consciences. Ils sont l’Information. Ils accomplissent paisiblement et bourgeoisement leur petit ouvrage, avec le sentiment du travail bien fait, nous reprochant même de parler trop haut.

    Ils sont tout et nous ne sommes rien.

    Le journalisme est un territoire occupé de la gauche.

    Embaucher deux ou trois alibis de droite à France Télévisions n’y changera rien."


    Éric Brunet, le 17 octobre 2012

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