"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

mercredi 12 septembre 2012

Cocus, dès maintenant...






Le 9 septembre était sans doute le meilleur jour pour revenir. Je ne parle pas de la rentrée médiatique de Moi-Je président mais du retour de votre humble serviteur. Traverser la France par une  belle matinée ensoleillée est toujours une source d’émerveillement et ce dimanche matin, en parcourant les 640 kilomètres qui séparent  la Margeride profonde de Bihorel (libre), j’eus tout le loisir en voyant ces villages perchés sur les monts d’Auvergne, puis étendus dans la plaine de la Limagne et enfin dans le bocage bourbonnais, d’imaginer leurs clochers appelant les fidèles à l’office et leurs places de l’église, finalement si semblables à la notre, dont les boulangeries et les bistrots ne devaient pas désemplir à l’heure de la messe dominicale, de l’apéro et du tiercé. La France, je l’aime comme cela.

C’est un peu plus tard, après avoir dépassé les forêts et les étangs de Sologne, qu’en abordant la Beauce, j’ai pointé mon autoradio sur ces fréquences où experts et commentateurs nous expliquent tout et son contraire en moins de temps qu’il n’en faut pour changer de sens à ces girouettes aperçues le matin même sur nos clochers.
Ce dimanche, il n’était question que de cela. Certains allaient jusqu’à affirmer que le quinquennat de Moi-Je président, ne commençait vraiment que ce 9 septembre au soir, avec son interview sur TF1, ce qui, si l’on se réfère à l’activité gouvernementale depuis son entrée en fonction, n’était pas tout à fait faux. 

La France avait, nous a-t-on répété tout l'été, retrouvé un climat " apaisé " depuis que Pierre Arditi et Yannick Noah avaient entonné l’Internationale au soir du 6 mai dernier place de la Bastille. Un observateur étranger, qui aurait fait abstraction des chiffres du chômage et du moral des Français, aurait pu se croire de retour au temps béni de la France du regretté Président Georges Pompidou.
Les socialistes avaient bien viré quelques camps de Roms entre deux étapes du tour de France, donné un coup de pouce quelque part aux smicards entre deux médailles aux J.O, mais non, rien ne semblait pouvoir troubler un Moi-Je président parti faire le bidochon dans le Var avec ses claquettes et débardeurs achetés au Distri Center du coin, histoire d'afficher sa "normalitude". En passant tenez, dites-moi,  si vous en connaissez vous, des types qui courent après un boulot depuis des années et qui deux mois après l'avoir obtenu, partent deux semaines en congés, qui plus est payés? 
Moi-Je président avait jugé que la situation de la France et des Français dans la crise mondiale, n'était somme toute pas suffisamment préoccupante pour se mettre au travail dès l'été et que ma foi, cela pouvait bien attendre la rentrée. Peut-être avait-il aussi besoin après ces longs mois de campagne électorale et d'intense baratinage, d'un peu de temps pour trouver quelques idées et qui sait, un programme ?
C'est à ce  moment là que la courbe de popularité de Moi-Je président croisa celle de son poids et que certains dirent que ce furent cent premiers jours pour rien. D'autres ou les mêmes commençaient à regretter Sarkozy. A Chalon en Champagne, le fameux « casse-toi, pauv’con » si souvent adressé à l'ancien Président par des intellectuels de gauche disséminés dans la foule, fut même remplacé par un « casse-toi, sale flan » lancé par les mêmes intellectuels de gauche à l’adresse de Moi-Je président. Alors en ce 9 septembre, le moment de réagir était venu.
Pour une rentrée, ce fut une rentrée. Non je ne vous parle toujours pas de celle d’Hollande mais de la mienne. Moi-Je président, dans son souci de rupture affiché avec le Sarkozysme et sa volonté de changement, avait choisi pour s’exprimer, une chaine du service public (je plaisante). 
S’infliger les pubs sur TF1, puis le générique « starwar » remastérisé du 20 heures et l’apparition de la cougar liftée de service le week end sur la une, est une expérience qui vous fait  immédiatement et dans l’instant, regretter les landes aux bruyères fleuries de la Margeride ou de l’Aubrac.
Enfin au bout d’un long moment, Moi-Je président apparut. Il avait la tête des mauvais jours, même si Valérie avait pris soin de lui refaire, l’après midi même, une petite couleur capillaire. Rien qu’à l’expression de son visage, on aurait dû se douter qu’il y avait du renoncement et de la trahison dans l’air et que la débandade, cela allait être pour maintenant.
La suite vous la connaissez, comme moi. Les 50 et quelques pour cent de Français qui mirent un cierge à Moi-Je président le 6 mai dernier, vécurent en ce 9 septembre une expérience commune et instantanée: tous cocus. Je dois vous avouer, mes chers Compatriotes, que comme le cancre que je fus à l’occasion jadis, je n’ai pas pu m’empêcher de ricaner au fond de la classe.
Le changement pour maintenant était expédié  à dans deux ans minimum, enfin tout allant bien et comme tout ira mal, autant dire à la Saint-glinglin. Oui, les Français avait viré le président "bling-bling" pour élire le président " glinglin" et en lieu et place de « réinventer le rêve français » comme l’avait bonimenté ce président alors candidat, c’est une longue période de rigueur et de vaches maigres que, telle une cuillerée d’huile de foie de morue, il se proposait d’infliger à un peuple de gauche, tout aussi ébranlé que sidéré par l'annonce du François.
Pourtant à ce peuple de gauche, il lui avait expliqué que tous les malheurs du monde et du reste de l’univers, c’était la faute de Sarkozy. Alors le bon peuple tout confiant avait chassé le méchant et cru que Moi-Je président le ferait chanter et danser pendant l'éternelle été que seraient les années de gouvernement socialiste.

Le mensonge est avec le cynisme, sans doute ce que l’UMP et le PS se partagent le mieux. Alors, en ce dimanche soir, ce n’est pas tant le mensonge qui m’a dérangé. Après tout, les cocus du jour n’auraient du, simplement ne pas faire semblant d’y croire pour s’épargner pareille désillusion. Seuls les naïfs prennent encore, en ce début de 21ème siècle, pour argent comptant les bobards que leur débitent à longueur de profession de foi et de bulletins municipaux tous les baltringues professionnels du politique circus.
Le cynisme affiché par Moi-Je président, lui me procura une sensation de nausée. Avoir joué avec le désespoir de millions de Français vivant près du seuil de pauvreté, avoir créé chez eux l'espérance de voir s'éclaircir, même juste un peu, leur avenir pour les trahir une fois le pouvoir conquis, voilà une méthode qui chez moi ne suscita que mépris et dégout pour celui qui l'utilisa.

Mais le plus grave n'est pas là. Le plus inquiétant, c'est le décalage qui sépare les remèdes que le capitaine de pédalo a proposés pour résoudre la crise dans laquelle la France s'enfonce un peu plus chaque jour et la dimension de celle-ci. 
Personnellement je ne me suis jamais beaucoup bercé d'illusions concernant la capacité des socialistes à résoudre cette crise. N'a-t-il pas fallu deux mois à Moscovici, pour échouer dans une simple tentative d'encadrement des prix des carburants ? Il est alors permis de se demander, combien de quinquennats il leur faudrait pour enrayer la crise  financière et économique actuelle.
Vingt milliards d'impôts supplémentaires et dix d'économie, on avait l'impression que Moi-Je président avait découvert la pierre philosophale ! Le problème de la dette en sera-t-il  pour autant réglé ? Que nenni. Cela suffira tout juste, et encore sous réserve d'une croissance de 0.8%, à faire qu'en 2013, le déficit budgétaire de la  France n’excède pas 3%. Nous serons bien loin d'avoir sorti la tête de l'eau. 
Puis, le président "Saint GlinGlin" prenant des airs de matador (de course de vachettes), nous affirma vouloir inverser la courbe du chômage en moins d'un an. Vœu pieux et effet d'annonce, que personnellement j'ai entendu répéter par tous les gouvernements depuis 1973 et que les socialistes entendent résoudre, cette fois encore, en ressortant des tiroirs quelques vieilles mesurettes poussiéreuses de l'époque Yoyo Jospin. Emplois aidés, contrat de génération, l'inventaire dressé par Philippe Muray des emplois jeunes de Martine Aubry en 1998, va redevenir d'actualité:
 "Un bataillon d'agents de développement du patrimoine ouvre la marche, suivi presque aussitôt par un peloton d'accompagnateurs de détenus. Puis arrivent, en rangs serrés, des compagnies d'agents de gestion locative, d'agents polyvalents, d'agents d'ambiance, d'adjoints de sécurité, de coordinateurs petite enfance, d'agents d'entretien des espaces naturels, d'agents de médiation, d'aides-éducateurs en temps périscolaire, d'agents d'accueil des victimes et j'en passe. [...] Il s'agit du rassemblement imaginaire de tous les nouveaux "emplois jeunes" de Martine Aubry". 

Oui, mes chers Compatriotes, il suffisait d'avoir visionné l'excellent documentaire "Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde" (1) diffusé sur Arte, pour mesurer le gouffre, que dis-je, l'abime qui sépare la politique que se proposent de mener nos gouvernants socialistes, d'un éventuel début de solution aux problèmes de notre pays. Moi-Je président a-t-il parlé de lutte contre les paradis fiscaux ou contre les délocalisations ? D'harmonisation sociale et fiscale en Europe ? D'un protectionnisme au niveau européen ? " L'inventeur de la croissance" a-t-il rappelé son intention de renégocier le traité européen et de montrer à Angela qui portait la culotte dans le couple franco allemand ?
Non, rien de tout cela, les mesurettes avancées relèvent de l'indigence et de la paresse intellectuelle, démontrant encore un peu plus l'impuissance et le renoncement de ceux qui nous gouvernent. Qu'il semblait bien loin dimanche soir, le discours du Bourget, où le temps d'un racolage électoral, le candidat Hollande promettait de traquer "l'ennemi invisible".
Mais que les accros au changement soient rassurés. Celui ci est sur les rails et rien ne saurait l'arrêter. Pour preuve, dès le lendemain, cette harpie de Taubira, n'annonçait-elle pas la très prochaine loi qui fera faire à l'humanité un pas aussi important que celui d'Amstrong sur la lune: le mariage pour tous.
Mes chers Compatriotes, bienvenue en "sociétale" démocratie.
CD 

(1): concernant le scandale du rôle joué par Golman Sachs dans l'affaire du maquillage des comptes de la Grèce, si la presse française fut à l'époque au courant, il est à noter que cela fit dans nos médias bien moins de bruit qu'une histoire comme le tweet de Valérie Trierweiler. Tous complices ?


4 commentaires:

  1. Cher Constantin, vous vous êtes fait désirer. Bravo, votre retour s’illustre par un tir en pleine lucarne et vous ne manquez pas votre cible.

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  2. Une question, Constantin : dans votre France idéale où il y a la messe, le tiercé et le café, on doit forcément pratiquer les 3 ou bien on peut ne faire qu'un truc ? Parce que sur le bistrot, je suis assez partant, mais alors sur le reste...
    Bonne rentrée, retroussons les manches, sinon il nous reste la Belgique.

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  3. Il est arrivé à certains de rencontrer Dieu après avoir éclusé plusieurs canons. Du coup, touché par la grâce, vous traverseriez la place qui sépare le bistrot de l'église pour y assister à votre première messe. Puis en sortant, ayant reçu l'inspiration sous la forme de 3 nombres, vous vous diriez que décidément, c'est un jour de chance et emporté dans votre élan, vous iriez tenter un petit tiercé.

    Personnellement, mon patriotisme qui n'est pas que fiscal, m'interdit tout exil, sauf bien sûr à la manière du Général de Gaulle. Dans ce cas, plutôt que la Belgique, j'aurais un petit penchant pour la Suisse puisqu'on y produit d'excellents vins blancs.
    Bonne journée

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  4. C'est ma région, c'est là que j'ai passé une quinzaine. Je fais vite, je n'ai pas le temps de mettre de commentaires, je viens de rentrer de vacances. A plus...

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