"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

lundi 10 mai 2021

Qu'il est loin, le temps des cerises.

 


Le troubadour Jacques Attali et ceux qui la semaine dernière, dénonçaient la commémoration de la mort de Napoléon, font aujourd'hui excès de superlatifs dans une réécriture de ce jour où selon Jack Lang, "la France passa des ténèbres à la lumière". 

Que reste-t-il en 2021 de ce soir là ?  Que reste-t-il des belles promesses ? Que reste-t-il des espoirs du 10 mai 1981 ?

Poniatowski, Mesmer, Poher, Fourcade, Raymond Barre, ce n'était pas très "sexy" pour des années soixante dix qui l'étaient tant. Alors, s'est fait ressentir un grand besoin d'ouvrir les portes et les fenêtres, de faire un grand courant d'air, de vivifier l'atmosphère. Exclue du pouvoir depuis 1958, François Mitterrand ramenait la gauche à la tête du pays.

Bien vite vinrent les renoncements, les abandons et la désillusion. On bascula dans les années fric. Yves Montant et Bernard Tapie à la télévision nous expliquèrent comment réussir sa vie en créant sa boite. Il fallait être en costard cravate avec un attaché-case pour être "chébran" et jouer les décideurs dynamiques. L'économie dévora tout le reste et le culturel remplaça la culture. Les radios libres finirent en NRJ et la machine à décerveler se mit en route. L'abêtissement général prit sa source dans ces années là et les "pédagos" travaillèrent à celui des générations futures.   

L'industrie française déjà en grande difficulté périclita à de rares exceptions près (Airbus, nucléaire, TGV) et le nombre de chômeurs ne cessa de croitre. La France de 1981 étant encore une nation maitresse de son destin. Certains avançaient que la politique française se  décidait "à la corbeille" (en référence à la bourse) ce qui n'était pas tout à fait faux, mais au moins, était-ce la finance française qui influait. Quarante ans plus tard, nous sommes entre les mains de celles de Shanghai, de New York et de Francfort.  

Puis ce fut la souveraineté de la France qui fut dépecée morceau par morceau à coups de traités européens au profit d'une Europe bâtie en dépit du bon sens. On laissa les capitaux et les marchandises circuler librement et on institua la concurrence sociale et fiscale entre pays européens. J'entends déjà certains dire que la droite ne fut pas en reste dans ce dépeçage. A ceux-là,  je répondrai en citant cette phrase de Philippe Seguin " la gauche et la droite sont des détaillants qui ont le même grossiste, l'Europe". Le débat politique depuis lors est mort. Resta des alternances mais plus d'alternative.

 Dès les années 1984/85, devenue impuissante à changer l'économie et faire progresser le social, la gauche abandonna les ouvriers et les employés et prit le virage du "sociétal". Commença alors une politique de déconstruction de la société française dont nous voyons aujourd'hui l'aboutissement avec les "woke", les décoloniaux, les LGBT et autre "cancel culture".  Tout cela prend sa source dans le relativisme culturel né dans les années 80, dans le "tout se vaut", dans la repentance et la haine de la nation française qui est devenue un marqueur de gauche depuis soixante ans, à l'exception des trop rares Chevènementistes qui d'ailleurs n'ont plus rien de commun avec la gauche actuelle. Et pour planter le dernier clou du cercueil, ce furent les régularisations en masse et le robinet grand ouvert de l'immigration, "SOS racisme" et la phrase définitive du Sphinx en la matière : "parce qu'ils sont chez nous, chez eux". La gauche avait trouvé là ses nouveaux damnés de la terre. 

1981, c'est si loin, mais pourtant aujourd'hui  la France paie la note salée de ce qui fut initié en ce 10 mai et poursuivi lors des quarante années qui suivirent, avec la complicité d'une droite en carton pâte, assujettie et inféodée à la morale de gauche. La droite depuis 1981 n'a pensé et agi qu'en se référant à l'autorité morale exercée par la gauche, sorte de sur-moi de la droite. Une gauche qui pendant quarante ans distribua les bons et les mauvais points, décerna les brevets de respectabilité et traça la frontière entre le bien et le mal, avec le résultat que l'on sait...

Puisse le clairon qui retentit encore timidement dans nos casernes, nous aider à clore définitivement ce chapitre de l'Histoire de France, inauguré le 10 mai 1981 et à créer l'élan qui nous permettra de faire "France" de nouveau et à refabriquer des Français. 


C.Dragasès




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