"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

samedi 1 octobre 2016

La démocratie Potemkine

Concertation en carton pâte


Au 18ème siècle, un ministre russe du nom de Potemkine, faisait construire de faux et riants villages en carton pâte, pour donner l'illusion à l'Impératrice Catherine II lorsqu'elle parcourait son pays, que son peuple vivait heureux. 
Mes chers Compatriotes, celles et ceux d'entre vous qui suivent de près (ou de pas trop loin) la vie politique bihorellaise, auront remarqué que la démocratie en est absente. L'adoption du PLU voici quelques années, la tentative de fusion avec Rouen au début des années 2000 (tiens, tiens, à l'époque il n'était pas question d’ériger un mur en grillage entre Bihorellais et Rouennais ...) puis l'annexion de Bihorel par BG sont autant d'exemples qui montrent que l'avis de la population bihorellaise compte pour du beurre. C'est ainsi que notre commune se trouve aujourd'hui digérée dans la métropole sans que ni vous ni moi, nous n'ayons eu notre mot à dire sur la question et que demain l'on nous imposera un PLU commun à toutes les communes de la métropole...En matière de construction d'immeubles à Bihorel, nous n'avons encore rien vu !

S'ils étaient taquins, mais je n'ai pas grand chose à en craindre, les freluquistes m'objecteraient que leur idole a été réélue dès le premier tour lors des municipales de 2014 et que cela suffit à donner toute légitimité à ses projets. Si cela est effectivement exact, l'argument choit lorsque l'on sait que les Français sont capables d'élire une brêle d'exception comme François Hollande, président de la république. Alors, comme maire d'une ville de 10.000 habitants, vous pensez bien qu'ils sont capables de tout et surtout du pire... 

Bien évidemment, Bihorel n'a pas l'exclusivité des pratiques démocratiques que je dénonce. Elles sont malheureusement de mise à tous les étages de l'état et répandues un peu partout sur le territoire national, comme des foyers de migrants... Mais reconnaissons, que notre maire pour tous a acquis une certaine dextérité dans ces pratiques et qu'il n'est jamais avare de nous en faire la démonstration.

Mes chers Compatriotes, je me régale toujours à la lecture du bulletin municipal et je n'en loupe jamais un numéro. Oh, ce n'est pas tant la qualité rédactionnelle, ni les articles de fond ou la tenue du débat démocratique (encore faut-il que l'opposition y participe...) qui me le rendent indispensable. Non, mais ce magazine est toujours par ses textes et photographies, une source d'amusement pour celui qui s'adonne à sa lecture avec un tant soit peu d'humour et de dérision.
Ce mois-ci, "Le Mag" (puisque c'est l'original nom qui lui a été donné) nous rapporte un bel exemple de démocratie Potemkine comme le premier des Bihorellais sait en produire fréquemment sur la scène politique locale. 

L'article en question s'intitule "Projet immobilier au Chapitre, après la concertation, l'appel à projets est lancé". Certaines (sans doute) mauvaises langues ont fait courir le bruit que le projet était lancé depuis longtemps en tout cas bien avant l'appel et la concertation...
La photographie qui illustre l'article nous montre le maire dans son costume de premier communiant, serrant dans sa main droite ses notes comme son premier missel et tel un prédicateur, micro en main prêt à nous dire la messe ou à nous lire l'épitre, tout en le faisant. 
Avec lui,  l'évangile est toujours selon Saint Béton et ses prêches ne varient jamais beaucoup. D'abord, et c'est important, un petit coup de pathos "le Chapitre est le quartier de ma jeunesse. Il est cher à mon cœur" mais faisant fi de ses sentiments, la raison reprend le pas et aussitôt il enchaine sur l'intérêt de la commune prônant le modernisme "le quartier vieillit, il faut le redynamiser et le moderniser". Notons, mes chers Compatriotes, que dans l'esprit d'un élu bétonneur qui veut faire son bonheur et celui des promoteurs, "redynamiser" et "moderniser", c'est dire en novlangue, "construire des immeubles". 
Car, il y aurait mes chers Compatriotes, maintes autres manières de redynamiser et moderniser le quartier du Chapitre ou Bihorel dans son ensemble. Cela pourrait commencer par demander aux habitants ce qu'ils veulent en faire, quelles sont leurs idées par exemple pour aménager la place de l'église, comment ils imaginent l'avenir de la commune, quel type de développement urbain ils souhaitent et ce qui serait bon pour celles et ceux qui y vivent. Bref, ce serait de la vraie concertation et non pas une concertation qui n'en est pas une lorsque le maire arrive avec un projet tout chaud et déjà ficelé. Mais nous sommes en démocratie Potemkine. D'ailleurs, je devrais dire "des" projets, tous à courte vue, sans réflexion générale ni vision de développement d'ensemble pour l'avenir, sans cohérence entre eux, si ce n'est celle de faire dans l'immédiat un maximum de business et de fric.
   
Mais poursuivons la lecture de l'article qui nous intéresse. Viennent ensuite, bien sûr, les traditionnels "éléments de langage", c'est à dire le baratin. On nous promet "un quartier innovant et écologique". Je n'ai toujours pas compris, pourquoi remplacer des espaces verts par du béton, c'était "innovant et écologique"  Les politiques font cela depuis un demi-siècle avec la réussite climatique que l'on sait. 
Bien sûr, dans ce genre de discours, il est indispensable de placer les termes "durable", "mobilité " et "déplacements doux " ce que notre maire pour tous fait avec une application de besogneux. 
Cela ne l'empêche pas, par ailleurs, de nous resservir ses éternelles antiennes sur la fiscalité, l'école et ma préférée dont il use et abuse depuis dix ans: "il faut attirer de jeunes couples....offrir également aux personnes âgées du Chapitre la possibilité d'acquérir un appartement quand il ne peuvent plus entretenir leur maison.". J'ai entendu, lu, maintes fois, notamment au sujet du vieux Bihorel,  ce baratin de la part de cet illusionniste de la démocratie depuis une bonne décennie et je serais curieux de savoir combien de primo accédants ont acquis une case dans le clapier fraichement construit près de la mairie ?
En tout cas, je connais des grand-mères qui ont renoncé à y acheter un appartement, la vente de leur maison dans le vieux Bihorel ne couvrant pas le montant de l'achat d'un modeste F2...
Mais en matière de démocratie Potemkine, notre maire pour tous garde le meilleur pour la fin. Dans l'article, il nous est précisé que le projet comportera de l'individuel et du collectif. Et là, sans rire, le maire ajoute à l'attention des habitants "c'est un peu à vous de nous dire où placer le curseur".  Bel exemple de bonimenteur se payant la tête de ses administrés.
Si vous voulez mon avis (ou pas d'ailleurs mais je vais vous le donner tout de même), je pense que le promoteur va tout simplement pour son profit, bourrer au maximum l'espace de logements tout en suivant grosso modo le PLU. Et le maire complice, nous dira que la réglementation a été respectée...
Mais quittons le cadre étriqué du "Mag" et de son article sur le Chapitre. La France est remplie de ces petits marquis de la république, nouvelle aristocratie qui a pris la place de celle de l'ancien régime. Des petits marquis se comportant en propriétaires des territoires dont ils n'ont que délégation à administrer. Bihorel est certes un cas d'école, mais de J.C. Juncker jusqu'au freluquet, en passant par Anne Hidalgo, la méthode est similaire. Étude, concertation bidon, enquête publique pour la forme, démocratie en carton pâte et de façade et c'est ainsi que l'on se retrouve avec des lignes de bus qui ouvrent ou ferment selon le fait du Prince, des voies sur berges réservées aux piétons, avec des lignes à haute tension au dessus de chez soi, des immeubles en face de votre habitation, des rond-points qui ne servent à rien et des traités européens pourtant refusés dans les urnes et mis malgré tout en application dans les faits.
C'est cela mes chers Compatriotes, la démocratie Potemkine. Un simulacre, une illusion, comme l'était au 18ème siècle en Russie, ces villages en carton pâte dont les fausses maisons n'avaient que des façades, tout comme la démocratie française locale ou nationale ne l'est que de façade.

En 1792, le révolutionnaire Vergniaud déclara "Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ". Mes chers Compatriotes, deux siècles plus tard, c'est toujours à vous de décider si vous restez à genoux ou si, enfin, vous vous levez.

CD


Espace vert bientôt bétonné, mais de manière "innovante et écologique"



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