Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de
l'association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte
l'actualité pour FigaroVox. (24/11/2015)
Bien sûr qu'il faut nommer le nom de la nouvelle bête immonde si on
veut avoir la moindre chance de la terrasser. On a tellement caché l'un
pour caresser l'autre dans le sens du poil. Il y a peu encore, le 12
janvier, notre ministre du Quai se refusait encore à prononcer le mot
tabou en cinq syllabes, par crainte obséquieuse pour les deux premières.
Et
notre président laisse à son Premier ministre le devoir de vocabulaire.
Mais pour autant, si l'on croit que le mal s'appelle islam radical, on
se trompe encore. Car s'il faut complètement donner un nom au mal,
celui-ci s'appelle «islamo-gauchisme».
Jamais l'islam radical ne
se serait implanté aussi insidieusement, profondément, irrésistiblement
sur le sol et dans les esprits français, sans l'assistance du
prêt-à-penser gauchisant. Jamais, la complaisance envers son discours et
l'indulgence envers ses membres, n'aurait pénétré par capillarité aussi
librement les partis politiques-et pas seulement ceux de gauche-où les
médias-et pas seulement ceux du service prétendument public-sans cette
force destructrice de l'État et de la nation français aux manettes
depuis 68. Jamais, les réflexes vitaux de défense du corps social et
national-les frontières, l'éducation, la justice, l'information-
n'auraient été autant paralysés sans le pouvoir sidérant de la fausse
pensée, et de la fausse générosité.
Car on voit mieux, à la
lumière glauque de l'horreur, sous le masque brutalement arraché de la
bonté accueillante, le visage grimaçant de la bêtise méchante. Mais huit
jours après la tragédie, on est encore loin du compte à rebours pour
régler celui de la bête en furie.
Combien d'électrochocs faudra-t-il encore pour remettre en bon état
de marche les esprits décérébrés? S'il n'écorche plus les lèvres les
plus mièvres de dire islam et radical, la responsabilité gauchisante
n'est point du tout pointée. Il faudrait un procès. À la hauteur de la
catastrophe soudainement révélée. Tel Colomb découvrant le Nouveau
Monde, nos responsables ont découvert l'Europe, ou plutôt son
inexistence, sa vacuité faconde, sa fatuité féconde, son vide
vertigineux. Et les Français, à la télévision, ont découvert à travers
la visière des femmes en burqa, qu'un terroriste pouvait être comme un
poisson dans l'eau de la Seine à Saint-Denis et que la Belgique n'avait
pas le monopole de son Molenbeek. Il faudrait un procès, mais il n'y en
aura pas. Car les gens par qui nous en sommes là, sont sans pudeur, sans
complexe, sans mémoire critique, et dépourvus de toute humilité. Et,
hélas sans juges.
Sans même leur demander une mortification
chrétienne ou une autocritique stalinienne, on aurait pu espérer rien
qu'un léger regret. Il s'en faut de beaucoup. Il n'aura pas fallu huit
jours, pour que la stupidité gauchisante, friande de symboles creux, qui
a peur de tout sauf de ce qu'il faut craindre, pousse ses premiers cris
d'orfraie quant à l'état d'urgence et chante à nouveau les louanges
d'une France multiculturelle que l'on aurait voulu assassiner. Dans les
médias, la pensée gauchisante, comme si de rien n'était, a repris du
service public.
Sur Arte, mercredi soir, touchant l'état d'urgence,
seule les expertises du Syndicat de la Magistrature et de la Ligue des
Droits de l'Homme étaient requises. Sur France Info, on permettait à
Louis, rescapé du Bataclan, et sans doute pour cela grande conscience à
boire les paroles une à une, de déclarer «j'ai beaucoup de souffrance
à me dire que des mecs qui viennent d'à côté de chez moi en soient
venus là. Je n'en voudrais jamais à un pauvre gosse palestinien qui
souffre depuis qu'il est né de se faire péter la gueule et de me faire
péter avec…». Il y avait effectivement trop longtemps que l'on
n'avait pas entendu sur les ondes justifier le terrorisme aveugle. Il
fallait que ce soit sur une radio d'État.
Comme si de rien n'était ou presque: au lendemain des attentats, le site de France Inter modifiait a posteriori et en douce le titre d'un article d'avant le drame. Du péremptoire «réfugiés: le fantasme de l'infiltration terroriste» on passait à un plus prudent «des terroristes parmi les migrants?»
Pour faire bonne mesure, on effaçait également un sous-titre
cruellement invalidé par la découverte de terroristes parmi les
migrants: «l'argument est répété à longueur d'interviews par des
personnalités comme Marine Le Pen ou Christian Estrosi: des terroristes
se cacheraient parmi les migrants… mais est-ce crédible? Autant le dire
tout de suite: non, et on vous explique pourquoi.» Lorsque l'on a
proféré superbement des énormités et pris de haut, par idéologie, ceux
qui disaient vrai, il est évidemment plus commode de les effacer plutôt
que de s'en excuser.
Quant à France 2 et France 3, chez Ruquier ou avec le concours d'Alain Gresh du Monde Diplomatique,
toujours la même célébration, sans trop de pluralisme, de la France
multiculturelle, véritable village Potemkine auquel la France d'en haut
est la dernière à croire. À ce degré de fausseté, n'est-il pas temps
d'étendre le domaine des libertés à exiger, même sous état d'urgence, à
celui de ne plus avoir le cerveau matraqué?
Il faudrait un procès de l'immigrationnisme imposé
par la force et le mensonge, mais il n'y en aura pas, comme il n'y a pas
eu de procès du communisme, malgré la découverte de ses crimes
tragiques.
Monsieur Hollande a bien de la chance. Il a une bonne
police et une mauvaise opposition parlementaire qui ne sait pas poser
les vraies questions qui fâchent et qui préfère la polémique
superficielle à la réflexion de fond. Il est vrai qu'elle aussi n'a
guère à se vanter.
Les mosquées à fermer, les prédicateurs à expulser, les frontières à
ressusciter. Les mesures qu'hier encore on trouvait imprenables ont été
soudainement prises pour indispensables. Comme si l'on comprenait enfin
que l'Europe psychotique, toujours en proie à son complexe de
culpabilité, n'était pas moins suicidaire que ces hybrides paranoïaques
d'Orient et d'Occident qui nous détestent tant.
Mais c'est le
temps qui manque. Si l'on veut en gagner et économiser ainsi un peu du
sang des hommes, il convient de liquider le totalitarisme
islamo-gauchiste. Ou bien c'est lui qui nous liquidera.
Gilles-William Goldnadel
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