Surnommé l'Émir blanc, il est connu des services de police depuis
1987. Non sans raison. Ce prédicateur radical est une référence pour
tous les islamistes et candidats au djihad en France. C'est dans sa
ferme de l'Ariège qu'il reçoit: Mohamed Merah, le tueur de Toulouse, et
sa famille, partie combattre au Moyen-Orient ; Sabri Essid, l'un des
coupeurs de têtes identifiés de l'État islamique ; Jean-Michel et Fabien
Clain, proches des terroristes du 13 novembre, qui ont revendiqué les
attaques…
Il a pourtant fallu attendre mardi pour que ce Syrien
naturalisé français soit entendu par la justice. Puis condamné, le
lendemain, à six mois de prison pour détention d'un fusil de chasse sans
autorisation. Et encore, avec sursis!
Passivité, absence de
preuves, vide juridique? L'incompréhension vous saisit. La colère vous
étrangle. Combien d'assassinats et d'attaques mortelles ce gourou du
fanatisme a-t-il pu, de près ou de loin, inspirer depuis des années?
Combien d'autres en France, comme lui, prêchent la haine, sur Internet
ou ailleurs, sans être inquiétés? Auteur de propos qui incitent au
lynchage des femmes non voilées, l'imam de la mosquée Sunna de Brest
est, par exemple, toujours en place.
Le ministère de l'Intérieur
avait affirmé en août 2014: «Ce n'est pas un délit de prôner le djihad.»
Dans l'état actuel du droit, il a raison ; mais ce délit, il faut le
créer. On peut gloser à l'infini sur la signification du mot «djihad»,
mais l'expression est rarement utilisée à des fins pacifiques par ceux
qui nient les principes de la République et détestent la France. On est
bien plus facilement traîné en justice pour la moindre atteinte au
politiquement correct ou critique des lois mémorielles dont on nous
abreuve depuis une quinzaine d'années.
Un sursaut est nécessaire
afin de mettre hors jeu les ennemis de l'intérieur, les tueurs et leurs
mentors, tous déjà fichés ou presque. Dès maintenant, il faut préparer
l'après état d'urgence pour que notre législation soit à la hauteur du
défi, et appliquée sans faiblesse. Une question de clairvoyance et de
volonté politique.
Yves Thréard / Le Figaro 26/11/2015
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