Ce texte de l'Abbé Matthieu Raffray pourrait être l’homélie de ce dimanche matin. L'Abbé Matthieu Raffray est prêtre, professeur de philosophie et de théologie. CD
Avant de partir en guerre, il faut nous asseoir et considérer
quelques-unes de nos trahisons et de nos illusions hédonistes.
Hollande a annoncé que la France serait impitoyable contre cet acte de
guerre. Et Sarkozy d’ajouter que cette guerre doit être totale. Est-ce à
dire que la chrétienté doit partir en guerre, et le pape François
prêcher la croisade ?
Non, je ne le crois pas. Pour une simple et bonne raison, que le Christ
lui-même nous donne dans la parabole du roi prudent : quel est le roi
qui part en guerre contre un autre roi et qui ne commence pas par
s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre
qui vient l’attaquer avec vingt mille ?
Et de conclure, afin de nous montrer ce que coûte le combat pour le
bien : de même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui
appartient ne peut pas être mon disciple. Avant de prêcher la croisade,
il faudrait donc que les peuples chrétiens osent porter l’étendard de la
croix, ou du moins le regarder en face.
Avant de partir en guerre, il faut nous asseoir et considérer quelques-unes de nos trahisons et de nos illusions hédonistes :
Nos pays ont depuis longtemps renié leurs racines chrétiennes,
ils ont rejeté la croix qui les avait formés, façonnés, au nom des
mensonges libertaires et libéraux de la Révolution. Ils ont préféré les
droits de l’homme aux droits de Dieu, ils ont chassé du domaine public
Celui qui sauve les bons et, aussi, punit les méchants, dans l’éternité.
Nos théologiens, nos pasteurs et prédicateurs, au lieu de défendre la
foi chrétienne au nom de la vérité, de chercher à convaincre les
consciences par leurs arguments et par leurs exemples, ne se fatiguent
plus que pour justifier l’homosexualité ou l’infidélité, et pour prêcher
une absurde tolérance envers toutes sortes de médiocrités. Pire : ils
ont rabaissé de toutes leurs forces les choses les plus sacrées jusqu’au
plus pauvre humanisme, pitoyable et risible.
Quant aux politiques, loin de chérir le bien commun et la paix de
leurs fils, ils ont vendu leurs intérêts au service, entre autres, d’un
multiculturalisme visant à l’indifférentisme religieux.
La capitale qui « porte la bannière de la croix en Europe »
n’est-elle pas devenue, selon les mots des barbares eux-mêmes, la
capitale des abominations et des perversions : qui y est encore capable
de se sacrifier pour la vertu, pour l’honneur, pour la patrie, de
renoncer à son confort individualiste, à ses lâchetés, à ses idéaux
corrompus ?
Le mal a frappé alors qu’au Bataclan on chantait une hymne au démon (« Kiss the Devil ») :
les minutes de silence ne suffiront pas à faire taire les armes
ennemies car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang mais
contre les princes de ce monde de ténèbres.
Alors, avant de partir en guerre, tournons-nous d’abord vers
notre sol, nos ancêtres, nos serments, vers les sources les plus nobles
de notre histoire. C’est la victoire qui est en jeu. Tournons-nous
surtout vers le Ciel : pour entendre l’Évangile nous dire « Lève-toi et
marche », il faudra d’abord savoir écouter « France, souviens-toi des
promesses de ton baptême ! »
Abbé Matthieu Raffray
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