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La démocratie? Rien à foutre ! | |
Posée sur la cheminée de la salle du conseil municipal, la statue de Marianne est là qui nous regarde. Depuis des décennies, elle observe parfois en souriant, parfois en fronçant le sourcil, les échanges entre majorité et opposition et la manière dont le maire conduit les affaires communales. Jusqu’à la fin du 20ème siècle, bon an, mal an, tout s’était bien passé et elle était plutôt fière de ses représentants.
Marianne a commencé à s’inquiéter lorsque Bihorel s’est donné pour maire un jeune freluquet arriviste. Marianne eut alors un mauvais pressentiment, un peu comme si le « malin » investissait la place. Encadré, le jeune impétueux fut ramené plusieurs fois à la raison par sa propre majorité et sa première mandature se termina sans trop de dégâts apparents.
C’est en février 2010, lors du vote du PLU, que Marianne a commencé à se sentir salie. Son mauvais pressentiment se réalisait. Elle ne comprenait pas comment le maire pouvait faire adopter contre l’avis de la population exprimé lors de l’enquête publique, un PLU largement rejeté.
Mais le pire l’attendait. C’est depuis le 26 juin dernier, pendant la lecture par le maire des résultats du référendum sur la fusion et l’interprétation qu’il en fit, que Marianne a la nausée. Le 4 juillet fut presque pour elle, un coup de grâce. Ce jour là, le voleur de commune et ses berniques votèrent la disparition de Bihorel contre l’avis des deux tiers de la population. Marianne eut toutes les peines du monde a retenir ses hauts le cœur devant une pareille trahison des principes qu’elle incarnait et que le maire était sensé faire respecter. Cette nuit là, dans l’obscurité d’une salle du conseil municipal revenue au calme, Marianne eut du mal à trouver le sommeil, revivant inlassablement l’instant du vote.
La photo en tête de ce billet représente Augusto Pinochet. Certains diront que la comparaison est excessive. Certes, il y a loin entre une commune et une nation, entre un freluquet et un généralissime. Houbron n’a pas non plus parqué ses opposants dans le stade du GCOB. Il s’est contenté de les faire éliminer arbitrairement par le préfet.
Mais ce qu’ils ont en commun, ce sont les gênes des ennemis de la république et de la démocratie. Le Freluquet, n’a-t-il pas, tellement excédé par les accusations d’avoir utilisé ses amis politiques pour faire adopter la loi du 16 décembre 2010 et influé sur le préfet pour que ce dernier élimine 4 élus des oppositions, lâché jeudi soir, que c’était lui attribuer beaucoup plus de pouvoir qu’il n’en avait réellement et que s’il avait eu vraiment ce pouvoir, les choses se seraient passées encore très différemment. Tout un programme ! Croyez moi, mes Chers Compatriotes, tout est une question d’époque mais surtout de circonstances.
Marianne sait qu’au 1er janvier 2012, des mécréants viendront la retirer de sa cheminée pour la remiser dans un placard perdu dans les combles ou dans la cave de l’ex-mairie de Bihorel. Mais elle sait aussi qu’il n’est pas besoin d’attendre cette date pour que Bihorel soit un territoire disparu de la république. Alors ce soir du 29 septembre, lorsque « l’homme qui n’aime pas Bihorel » et les élus de BVAB entrent dans la salle du conseil municipal, Marianne sent monter en elle, la même nausée qu’en juin dernier. Une nausée qui ne la quittera pas de la soirée tant elle verra un Pascal Houbron, jeter ce qui restait encore des oripeaux de la république et de la démocratie à Bihorel, au fond du caniveau.
Oui, la démocratie, il n’en a vraiment rien à faire comme lorsqu’on l’interroge sur le financement des stèles, sur l’éviction de 4 conseilleurs municipaux d’opposition (pour lesquels il n’aura pas un seul mot) ou sur les emprunts toxiques qui vont coûter (très) cher au contribuable bihorellais. Ricanements et mépris, voilà, ce que le Freluquet fournira pour toute réponse. L’essentiel pour lui est acquis. Au 1er janvier la fusion se fera, le reste : rien à foutre !
Début de conseil tendu, où les BVAB se contentèrent de regarder leurs chaussures. J.C.Ravenel ouvrit les hostilités en relançant le débat sur le financement des stèles. Houbron se contredira par rapport au dernier conseil, Hamster Jovial (merci Gotlib) alias François d’Hubert confirmera qu’une partie de l’argent venait bien de fonds publics.
Ce financement n’a jamais été voté par le conseil pas plus que l’autorisation de les construire sur des terrains communaux. Quelque chose me dit que tout cela va se terminer au tribunal devant un juge qui voyant arriver le Freluquet s’exclamera : « encore vous ! ».
Les emprunts toxiques donnèrent l’occasion à l’un de mes fidèles lecteurs, Maurice Buisson, de faire étalage de toute sa science en la matière. Ce fût un moment délicieux d’entendre Maurice user de termes techniques financiers (pibor, ribor) et de voir Houbron et Christiane Bazin (adjointe aux finances) boire la tasse, leurs yeux lancer des SOS, puis manquant d’air, les voir couler à pic, n’ayant rien compris au brillant exposé de Maurice. Confirmation nous fut ainsi donnée qu’avec les BVAB, les finances de la commune sont aux mains d’incompétents.
Les interventions de Benoit Pétel et de Claude Taleb, ne purent que faire regretter que ces deux là marchent au « courant alternatif » et qu’entre deux conseils municipaux, on ne les entende pas plus pour mener une fronde « anti-freluquiste ». Leurs efforts pour ramener un peu de décence dans le débat qui les opposait à Houbron furent vains. Ce dernier poussa l’outrecuidance jusqu’à les accuser de n’être guidés que par leurs intérêts personnels. Quel voyou, ce Freluquet ! Il abuse de ses pouvoirs pour livrer avec son PLU, Bihorel aux promoteurs avant de vendre notre commune à Gilbert Renard, histoire de mettre de l’huile dans sa carrière politique et le voilà qui se pose en moralisateur.
Un autre moment fut pour moi aussi somptueux qu’un verre de Cazetiers*. Le camarade Léon toucha juste, lorsqu’il expliqua à Houbron que sa carrière politique était cramée, que non seulement on le poursuivrait dans toutes les réunions de campagne qu’il tiendrait pour lui pourrir la vie, mais aussi, et c’est là que ça fit mal, lorsque l’élu régional sous-entendit qu’il userait de toute son influence pour rendre le freluquet tricard. A cet instant, Houbron blêmit.
La fusion, quand à elle, commence à produire ses premiers dégâts. Je ne reviendrai pas sur les victimes collatérales que sont nos 4 élus des oppositions éliminés arbitrairement du conseil municipal du Bois Guillaume élargi. Nouvelle victime, immédiate, elle aussi, c’est le contribuable bihorellais. Rappelez-vous, mes Chers Compatriotes, la propagande freluquiste qui n’était pas à un mensonge près, nous avait annoncé des baisses d’impôts conséquentes, la « commune nouvelle » étant appelée à devenir quasiment une sorte de paradis fiscal en matière de taxe foncière et d’impôts locaux.
Cela c’était avant le vote du mois de juin mais jeudi soir, une des premières décision prise en vue de la création de la « commune nouvelle » fut la suppression de l’exonération de deux ans de la taxe foncière pour les constructions nouvelles (y compris les agrandissements). Comme me faisait remarquer un ami, « j’ai l’impression que l’on a pas fini de s’enfiler les suppositoires les uns derrière les autres ».
Malgré tout cela, j’ai passé une excellente soirée parce que les Bihorellais présents eurent l’élégance de cette dérision qu’ont les hommes qui savent rirent jusque dans les cimetières et nous avons beaucoup ri et beaucoup tourné en dérision. Et puis, Marianne eut ce soir là, le sourire, le temps d’une « Marseillaise » chantée (sans fausse note, bravo M. Coruble) par des Bihorellais parqués au fond de la salle. Elle pensa que tout n’était peut être pas encore perdu, mais que ses enfants, à Bihorel comme dans la France entière, feraient bien de se réveiller, s’ils ne veulent pas être emportés avec elle et la démocratie.
Manu ad ferum
CD
Ps : je propose dores et déjà que nous nous rendions au premier conseil municipal de la «commune nouvelle » pour y brandir le portrait de nos 4 élus évincés arbitrairement.
* Cazetiers : premier cru de Gevrey Chambertin, situé près du Clos Saint Jacques. Les puristes et connaisseurs locaux me reprocheront sans doute de ne pas avoir précisé "d'en haut". Voilà qui est fait.