Quand j’étais adolescente, et m’étonnais de la stupidité ambiante, les gens intelligents de ma famille me disaient que cela avait toujours été comme ça, et avec l’âge, je me suis rendu compte que non, ou plutôt j’ai trouvé la confirmation de ce que je savais déjà, que la stupidité était la conséquence de la modernité, que plus on était moderne et plus on était con. De fait, les gens des années 50 et 60 me paraissent infiniment moins stupides que leurs descendants, je ne savais même pas, à l’époque, que l’on pouvait atteindre de tels abîmes de connerie, ce qui prouve que l’on avait au moins raison sur un point, à ce moment-là, dans le tissu de bêtise dont on m’abreuvait: on n’arrête pas le Progrès. Pas plus que la charge d’un rhinocéros.
Dans les années 50 et 60, il y avait encore de sages paysans, de dignes artisans, des lecteurs avertis, des amateurs de bonne chanson et de musique classique, et même des profs de gauche qui ne persécutaient pas leurs élèves de droite. ce n’était pas encore l’enfer total. C’est seulement dans les années 70 que j’ai commencé à voir la France se transformer en bande dessinée de Lauzier et en Brésil sans la samba.
Laurence Guillon
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