Sur mon glorieux passage, les hommes se retournaient,
Le monde et ses égards, oui, tout m’appartenait !
À présent, je suis vieille, j’ai perdu mon pouvoir.
J’ai reçu bien des roses ; leurs épines m’ont blessée,
Après les jours heureux suivaient les nuits glaciales,
J’ai affronté déserts, tempêtes, et chacals,
Et sans jamais plier, j’ai lutté, supporté.
Mais tous ces coups du sort, reçus en pleine face,
En laissant sur ma peau, d’indélébiles traces,
Ont fortifié mon âme, comme un muscle qui travaille.
Elle devenait plus belle, après chaque bataille !
Et vous tous qui pensez, sa beauté s’est fanée,
Emportée par le temps, eh bien vous vous trompez,
Car de cette sombre pierre qu’était mon cœur, avant,
Les intempéries de la vie en ont fait un diamant.
Derrière mes yeux, délavés par tant de larmes versées,
Et mes paupières ridées, usées par les tourments,
Se cache mon âme...
Regardez-la, et vous verrez,
Comme je suis belle, bien plus belle… qu’à vingt ans !
Martine Hadjedj
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