"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

mardi 12 janvier 2016

Rebel, Rebel





« Rebel, Rebel ». Nous sommes en 1974.  Sur ma pétoire moteur 2 temps gonflé avec un carbu Dell’Orto de 19 et des chicanes de pot passées à la mèche de 12, je file vers mon bahut. Je suis en retard… comme toujours. Dans la tête, des riffs de guitares rythment mes slaloms entre les caisses. Un retro par ci, un retro par là en font les frais. « Rebel, Rebel », je chantonne dans ma tête. Pas d’écouteur dans les oreilles, le premier walkman ne sortira que dans six ans…

Huit heures deux…la porte de la « caserne » est en vue. Pas de bol, à l’entrée c’est l’enflure de pion qui veut toujours que je rentre moteur coupé dans la cour en poussant ma meule. Par chance, c’est un trouillard, je lui ai confié un jour que les freins à tambours de ma chignole étaient un peu juste pour la stopper ; il s’écarte. « Rebel, Rebel ». 

Trois, quatre heures de cours bien chiants, subis dans une classe où je suis entouré de futurs pousse-caddies et c’est l’heure du déjeuner avalé en cinq minutes, puis direction le foyer. « Rebel, Rebel », c’est là que je retrouve mes semblables, celles et ceux qui se feront virer en fin d’année de ce bahut. Le temps d’éjecter les minets vêtus de moumoutes de hippie qui nous gavent avec leurs vinyls de Genesis, Yes, Maha Vishnu Orchestra et l’on s’empare des platines. J.Geils Band, Aerosmith, Ducks de Luxe, les Stooges, Doctor Feelgood, Hawkwind (lemmy déjà…) T-Rex et Bowie…. Diamond Dogs vient de sortir, on l’use jusqu’à la corde. « Rebel, Rebel ».

La porte en fin d’année, on l’a tous eu. « They put you down, they say I'm wrong ». On s’en foutait, on allait repartir vers de nouvelles aventures. Le ciel était notre seule limite. "Hot tramp, I love you so !" chantait Bowie.

C’était en 1974, au lycée Val de Seine... « Rebel, Rebel », qu’as-tu fait de tes serments ?


CD

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