C'est bien connu, si en France tout se termine par des chansons et l'inauguration de la stèle n'a pas failli à cette tradition, tout commence souvent aussi par un discours.
Voici le texte de celui prononcé lors de cet évènement par Michel Coruble, grand inspirateur et animateur du CRAC devant l'éternel.
Bonjour
à toutes et à tous et merci, merci mes ami(e)s d’avoir répondu à notre
invitation. Si vous me le permettez, avant que nous ne procédions au dévoilement de cette
mystérieuse 6ème stèle, je voudrais vous dire quelques mots au nom
du CRAC, notre Comité de Résistance et d’Actions Citoyennes.
Le
CRAC, vous en avez sans doute déjà entendu parler ; les membres du CRAC,
vous les avez peut-être même déjà entendu chanter lors de certains conseils
municipaux houleux, et vous allez encore les entendre tout à l’heure car ce
matin, la chorale d’Alfred est là et bien là ; vous avez certainement remarqué
aussi certaines de leurs facétieuses affiches et les détournements de noms de
rue auxquels ils s’étaient livrés pour dénoncer le déni de démocratie ayant
présidé à la fusion ; bref, vous savez tous plus ou moins aujourd’hui que
le CRAC est un réseau de citoyens des 2 communes de Bihorel et de
Bois-Guillaume, de toute tendance politique, un réseau qui s’est constitué au
lendemain de la funeste soirée du 4 juillet 2011, quand les élus des conseils
municipaux de nos deux communes se sont déshonorés – il n’y a pas d’autre mot -
en trahissant la confiance qu’une majorité d’électeurs leur avait accordée. La
cérémonie de ce matin s’inscrit donc dans l’objectif poursuivi depuis bientôt
deux ans par notre comité, à savoir, faire vivre, envers et contre tout, la
démocratie locale en perpétuant la mémoire des conditions scandaleuses dans
lesquelles s’est opérée la fusion Bois-Guillaume – Bihorel.
Nous
n’oublierons pas en effet, ce 4 juillet 2011, quand par esprit clanique, par
bêtise ou par intérêt, pour complaire finalement aux médiocres calculs
politiciens de Pascal Houbron et de Gilbert Renard, la quasi-totalité des élus
de leurs deux majorités municipales a voté, au mépris de tout esprit
démocratique, la réunification des communes. Il serait plus juste d’ailleurs de
dire que ce qu’ils ont tous voté en ce soir de honte, c’est l’annexion, oui, l’annexion
de Bihorel par Bois-Guillaume car notre commune a bel et bien été annexée,
littéralement absorbée ; elle n’est plus aujourd’hui de toute évidence,
rien d’autre qu’un quartier de Bois-Guillaume, un quartier périphérique,
excentré, un quartier revenu à un statut auquel nous pensions avoir échappé il
y a exactement 121 ans aujourd’hui, quand le 14 avril 1892, après des mois, des
années de luttes pour ne plus être les parents pauvres de la commune de
Bois-Guillaume, les habitants de Bihorel, emmenés par le docteur Alfred Caron,
avaient enfin obtenu d’ériger leur quartier en commune libre et autonome.
Et
voilà qu’aujourd’hui, l’Histoire bégaie amèrement. Mais qu’on ne s’y méprenne
pas, nous ne sommes pas ce matin de larmoyantes victimes venues gémir sur notre
triste sort ; si nous érigeons une stèle à la mémoire de notre commune, ce
n’est pas pour pleurer sur un combat qui serait définitivement perdu ou pour
engager je ne sais quel travail de deuil ; bien au contraire, cette stèle
est là comme un cri de colère qui ne s’éteindra plus, cette stèle est là pour rétablir
la vérité historique, cette vérité que nos élus voudraient tant faire oublier,
cette tache indélébile qu’ils voudraient tant pouvoir effacer : l’histoire
pitoyable de cette fusion sur fond d’enjeux politiciens pathétiques avec ses
invraisemblables dénis de démocratie, ses mensonges éhontés, ses reniements à
répétition. Cette stèle est là pour rappeler à tout jamais les conditions
infamantes de création de la prétendue « commune nouvelle » ; elle
est là pour maintenir vivante dans la mémoire de tous, la violence qui nous a
été faite, la violence que nos élus nous ont fait ; pour dire que jamais,
jamais il ne faudra oublier, jamais il ne faudra accepter pareil dévoiement,
pareille violation du principe démocratique. Non, tout cela ne s’effacera
pas ; cette stèle en gardera le témoignage inaliénable : toutes les
traces de la forfaiture y sont gravées dans le marbre pour qu’elles
s’inscrivent tout aussi profondément dans le marbre de nos mémoires
d’électeurs.
Personne
ne doit oublier comment ces deux maires, Pascal Houbron et Gilbert Renard, et
tous les membres de leurs majorités municipales, se sont conduits de manière totalement
indigne en prononçant l’annexion de Bihorel par Bois-Guillaume en dépit du
rejet massif de ce projet dans les urnes par les habitants des deux communes et
en dépit aussi de leurs engagements publiquement réitérés à respecter le
verdict de la consultation. Personne ne doit oublier que nous sommes
aujourd’hui, à Bihorel, avec un maire que nous n’avons pas élu, un maire qui ne
s’est même jamais présenté à nos suffrages, alors que dans le même temps,
quatre membres de l’opposition, quant à eux démocratiquement élus, se trouvent exclus
du conseil municipal… Le dysfonctionnement, le scandale démocratique est criant
et c’est là le résultat du cynisme absolu d’élus se prévalant d’un droit
déconnecté de toute morale. Ces élus sont coupables, coupables non seulement de
crime contre les communes dont ils avaient la responsabilité mais coupables
surtout d’avoir creusé une faille vertigineuse entre légalité et légitimité,
une faille abyssale entre politique et éthique aussi ; ces élus sont
coupables d’avoir perverti l’essence même de la Loi en la captant à leur seul profit ;
coupables ce faisant de nourrir la dangereuse tentation populiste ;
coupables, en un mot comme en cent, de crime contre la démocratie.
Ils pensent avoir commis le
crime parfait parce qu’ils ont commis un crime parfaitement légal mais ça n’en
reste pas moins un crime dont les auteurs devront être sanctionnés par les
citoyens dans les urnes. Ces élus ont commis l’irréparable ; ils se sont
discrédités, disqualifiés, placés eux-mêmes hors-jeu de tout débat démocratique
et désormais, leur départ est le préalable indispensable au rétablissement d’un
débat apaisé au sein de nos deux communes.
La
démocratie - nos élus locaux nous en ont hélas apporté la terrible preuve -
n’est pas, ne sera jamais un acquis définitif ; le combat pour la défendre
reste toujours à mener ; et si demain, ceux-là mêmes qui l’ont bafouée
pour satisfaire leurs petites ambitions personnelles et promouvoir leur petites
carrières, ont encore l’impudence, l’indécence absolues de se présenter aux
suffrages des électeurs qu’ils ont ouvertement méprisés, alors, la sanction devra
être à la hauteur de leur trahison : il ne peut y avoir et il n’y aura pas
d’impunité pour ceux qui ont piétiné la volonté des électeurs : en 2014, aucun
vrai démocrate ne donnera son suffrage aux coupables d’un tel crime contre la
démocratie : pas un vote, pas un seul n’ira aux violeurs de
démocratie ; pas une voix, pas une seule n’ira aux voleurs de
communes !
Vive
Bihorel libre ! Vive Bois-Guillaume libre !
Michel Coruble, pour le
CRAC
Parc de l’Argilières,
Bihorel,
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