"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

mercredi 6 mars 2013

El Caudillo


Le deuil du bruit et de la fureur d'une Nation libre 
par Nicolas Dupont-Aignan


Ce soir, un lourd silence s’étend depuis le cœur du Venezuela. Une des grandes voix du monde libre s’est éteinte. Le président Hugo Chavez, qui avait si souvent trompé la mort, n’a pas pu gagner son dernier combat.
En 1999, un homme qui se veut « le fléau de l’oligarchie et le héros du peuple » est porté au pouvoir par les suffrages d’une très large majorité des Vénézuéliens.
Ce soutien indéfectible de la nation, Hugo Chavez le trouvera toujours dans le verdict des urnes qu’il a scrupuleusement respecté. C’est bien en tant que président légitime qu’il a surmonté un coup d’Etat attenté par l’oligarchie pétro-militaire en 2002 ; c’est bien en tant que président légitime qu’il a reconnu sa défaite référendaire en 2007. Curieux « dictateur » tant décrié par la pensée unique que cet homme qui s’est toujours soumis au vote populaire quand tant de nos « démocrates » autoproclamés s’en lavent les mains.
Hugo Chavez était une révolte. Une révolte contre la confiscation de la rente pétrolière par quelques uns quand tous n’ont que la pauvreté à se partager. Une révolte contre le défaitisme d'Etat incapable de promettre à ses enfants autre chose que la misère. Une révolte contre la soumission intéressée de dirigeants au parti de l’étranger américain.
On ne bouleverse pas le destin d’une Nation sans erreur. Hugo Chavez en a sans aucun doute commis de nombreuses. L’homme n’était ni un saint ni une idole. Il incarnait pourtant la fierté d’un peuple pour lequel un rêve nouveau avait été dessiné. La pauvreté a reculé, l’accès à l’éducation et aux soins a progressé, la démocratie s’est renforcée. En douze années de réformes, Hugo Chavez a contribué à donner aux Vénézuéliens les moyens de leur propre liberté.
Un peuple n’est pas libre quand il est tétanisé par la misère ; une nation n’est pas libre quand ses dirigeants se couchent devant les intérêts étrangers.
Désormais, les Vénézuéliens sont libres. Ils seront fidèles à l’œuvre d’Hugo Chavez s’ils savent regarder son bilan avec lucidité, préserver ses accomplissements, poursuivre ce qui reste à accomplir, corriger ce qui ne fut pas bien accompli.
Toute légende vivante a ses failles mais elle anime un peuple fier d’être libre. Les défis sont nombreux pour le Venezuela, faire le deuil du bruit et de la fureur n’est pas le moindre.
 
Nicolas Dupont-Aignan

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