Par Caroline Bruneau du journal Causeur
Les premières répliques du séisme migratoire qui secoue actuellement l’Europe se font sentir. Et on peine à y croire. Des réfugiés fuient aujourd’hui l’Allemagne, pour échapper aux mêmes persécutions que celles qui les avaient poussés à quitter leur pays d’origine.
En Bavière, en Saxe ou dans le Brandebourg, les témoignages s’accumulent. De nombreux réfugiés chrétiens en provenance de Syrie, d’Irak
ou du Kurdistan subissent intimidations et agressions de la part de
réfugiés musulmans. Dans plusieurs centres d’accueil mis en place par
les autorités locales, la charia s’applique et les chrétiens –
minoritaires – sont victimes de brimades.
Le pasteur luthérien de l’église de la Trinité de Berlin-Steglitz
(sud de Berlin) Gottfried Martens témoigne de la situation très précaire
des chrétiens dans l’édition dominicale du quotidien berlinois Die Welt du 27 septembre
: « Les musulmans très croyants répandent dans les foyers l’idée
suivante : là où nous sommes règne la charia. » Et ceux qui souffrent le
plus sont les musulmans convertis au christianisme : « Ceux-là ont 100%
de chance d’être agressés », précise le pasteur.
La situation n’est pas récente : l’hebdomadaire Die Zeit
s’est lui aussi fait l’écho d’agressions et d’une ambiance délétère dans
les foyers de réfugiés dès juillet 2014. Voilà plus d’un an, donc, que
les autorités allemandes sont conscientes des dangers qui menacent les
réfugiés chrétiens. « Il y a une ambiance d’intimidation et d’hostilité
envers les chrétiens », explique le prêtre maronite de Francfort Gaby
Magea. L’accès aux cuisines communes est restreint pour les chrétiens,
traités de « porcs » par certains musulmans, et leurs enfants sont
agressés.
La solution proposée par les autorités locales ? Une ségrégation des
réfugiés selon leur religion, y compris entre musulmans chiites et
sunnites, qui ont importé pour certains leurs conflits sur le sol
allemand. Outre-Rhin, des voix s’y opposent, au nom justement de
l’asile, et prônent la distribution d’une charte fondamentale des
valeurs allemandes, telles que l’égalité entre les hommes et les femmes,
la liberté d’opinion ou de religion. Mais sans beaucoup d’espoir que
les migrants y
adhèrent, comme l’explique dans le quotidien berlinois Max Klingberg,
qui travaille depuis 15 ans pour la Société internationale des droits de
l’homme : « La situation va empirer, prévient-il. Les agressions sont
le plus souvent le fait des Pakistanais et des Afghans, ils sont encore
plus islamistes que les Syriens. » Pour lui, l’aveuglement n’est plus de
mise : « Il faut arrêter de croire que tous les réfugiés sont des
défenseurs des droits de l’homme. Parmi ceux qui arrivent, une portion
non négligeable a des croyances d’une intensité équivalente à celle des
frères musulmans. » Rien d’étonnant à ce que les témoignages recueillis
en Allemagne, au sein même de foyers de réfugiés, se rapprochent de
propos tenus par l’Etat islamique.
Les foyers sont désormais devenus des lieux de violence religieuse,
et l’Allemagne ne peut plus l’ignorer. A Suhl, en Thuringe (centre du
pays), une cinquantaine de demandeurs d’asile sunnites ont organisé ce
que le mensuel bavarois Bayern Kurier (édité par le parti
conservateur CSU) décrit comme « une chasse à l’homme » contre un Afghan
qui avait déchiré des pages du Coran. Dix-sept personnes, donc six
policiers, ont été blessées dans l’émeute qu’ils ont provoquée.
L’hebdomadaire de gauche Der Spiegel, qui a consacré à cette
émeute un article sur son site web, n’a pour sa part pas indiqué la
raison de cette flambée de violence.
S’agit-il pour le journal d’entretenir encore un peu l’illusion,
alors que l’Allemagne attend désormais près d’1 million de réfugiés
d’ici la fin de l’année ? Sur les six premiers mois de 2015, 20%
seulement étaient Syriens, 5,2% Irakiens, les autres provenant surtout
du Kosovo et d’Albanie (17 et 13%). En 2014, le pays à accueilli deux
fois et demi plus de musulmans que de chrétiens. Ces derniers ont donc
été rattrapés par la peur. En Allemagne, ils sont de plus en plus
nombreux à réclamer d’être hébergés au sein des églises locales. Mais
pour certains, l’aide arrive trop tard. Une famille de chrétiens d’Irak a
préféré rentrer à Mossoul : des islamistes présents dans leur foyer, à
Geissen, les avaient menacés de les tuer et de « boire leur sang » s’ils
ne partaient pas, rapporte Die Welt. Et ce départ est sans retour : tout réfugié qui quitte le pays doit s’engager à ne pas demander l’asile une deuxième fois.
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