En 2020 à la même période de l'année, j'écrivais sur ce blog au sujet du Covid " la seule question aujourd'hui qui vaille d'être posée, c'est celle-ci: serons nous encore là pour voir tomber les feuilles que nous regardons éclore aujourd'hui".
Deux ans plus tard je pourrais réécrire mot pour mot la même phrase concernant le conflit ukrainien. Personne ne sait où nous en serons dans quarante huit heures, une semaine, un mois, je n'ose m'aventurer plus loin.
Voilà bien longtemps que les bruits de bottes et celui des chenilles de chars n'ont pas retenti sur le pavé de nos démocraties d'Europe de l'ouest. Pas loin de 80 ans, autant dire une éternité à tel point qu'il ne doit plus rester qu'une poignée de Français pour se souvenir du son des attaques en piqué, de l'obus qui fend l'air, de la rafale qui transperce et de la trouille qui va de paire. C'est si loin tout cela dans la mémoire collective que l'on avait longtemps cru que ces bruits et ces sons s'étaient tus à jamais. Et voilà que l'histoire nous rattrape, donnant définitivement tort à Fukuyama et raison à Samuel Huntington.
Ce qui nous tombe dessus aujourd'hui planait sur nos têtes depuis plusieurs décennies et l'occident a tout fait pour que le phénomène prenne de l'ampleur. En préambule, je précise que je condamne totalement l'agression de l'Ukraine par la Russie et les actes de guerre qui en découlent. Mais l'Occident doit se regarder dans la glace. Depuis la dislocation de l'URSS en 1991, nous avons méprisé, humilié, pillé les ex-républiques socialistes soviétiques et principalement la Russie. L'Occident n'a eu de cesse malgré les engagements initiaux, d'avancer toujours davantage les bases de l'Otan vers les frontières physiques de la Russie, d'y intégrer les ex nations du pacte de Varsovie et les pays qui formaient le "matelas" de protection de la Russie face aux occidentaux. Pendant vingt ans, Poutine a multiplié les appels du pied à l'UE afin de développer des partenariats économique, culturel et même militaire. Pour toute réponse les Européens lui ont claqué la porte au nez en prenant bien soin de lui coincer les doigts dans le chambrant. L'Oncle Sam veillait sur son prè carré.
Pourtant de nombreuses voix en France se prononçaient pour un rapprochement avec les Russes, arguant qu'une Europe des nations de l'Atlantique à l'Oural, selon l'idée du général De Gaulle, formerait une formidable entité à la mesure des enjeux du 21ème siècle et seule capable de rivaliser face aux mastodontes que sont les Etats Unis d'Amérique et la Chine.
Depuis des siècles, la France et la Russie ont eu tant d'échanges culturels et linguistiques. La Grande Catherine de Russie fut une fervente lectrice de l'œuvre de Voltaire, Pierre Cubat fut le cuisinier de trois Tsars (Alexandre II, Alexandre III et Nicolas II) tout comme Urbain Dubois fut celui de la maison des Orlov. Ceux qui connaissent l'Histoire se souviendront de l'alliance Franco-Russe conclue en 1892. Enfin, lorsque les Russes "blancs" durent fuir les bolcheviks suite à la révolution d'Octobre, c'est la France qu'ils choisirent pour se réfugier, 80% d'entre eux étant francophones et très attachés à la culture française. Enfin, les Russes pensent que nous avons les mêmes racines judéo-chrétiennes et sont des alliés dans la lutte contre l'état islamique.
Aujourd'hui, je suis effaré par ce que j'entends et par la tournure que prennent les événements. Les va-t'en guerre de salon et nos dirigeants qui ont le nez collé sur la vitre du hublot (ce sont parfois les mêmes) mènent une danse qui pourrait devenir macabre. Aucune distanciation face à l'évènement, aucune mise en perspective historique, des analyses d'écoles de commerce, nos politiques courent comme des poules décapitées derrière l'évènement. Macron se comporte en coq cayen et prend des postures à la Obama comme si nous étions dans la dernière série de Netflix. Von der Layen, la pintade permanentée de la commission, excite le coq Poutine en prenant des décisions hors de propos qu'aucune légitimité démocratique ne l'autorise à prendre. Le ministre Bruno Le Maire parle de guerre "totale" en matière de sanctions contre la Russie avant de se faire vertement reprendre et ramener la queue entre les pattes par l'ancien président russe Dimitri Medvedev. Mes chers Compatriotes, avec des dirigeants aussi provocateurs qu'inconséquents, si dans les jours ou semaines qui viennent, Vladimir nous transformait en chaleur et en lumière, nous n'en aurions pas le temps mais nous pourrions tous les en remercier.
En Europe, nous avions oublié que, selon l'expression de l'Abbé de Saint Pierre "la paix n'est qu'un état transitoire entre deux guerres" . Gavés de "pain et de cirque", durant plusieurs décennies, nous voilà aujourd'hui dans un état désastreux. Quarante ans de pacifisme bêlant, de désengagements, de consumérisme, de déculturation, de dévirilisation, de destruction des piliers de notre civilisation ont fait qu'en 2022, la "Reine" Europe se retrouve nue et son protecteur "Oncle Sam" dévirilisé lui aussi. Comment un Vladimir Poutine pourrait-il craindre un Joe Bidon (l'idole des bien pensants progressistes) qui a détalé de Kaboul comme un lapin à la vue de trois talibans sur une mobylette ? Il me plait à penser que si Donald Trump était toujours président, Vladimir y aurait regardé en deux fois avant de dégainer.
On peut beaucoup et même sûrement plus encore, reprocher à Poutine, mais lorsqu'il a repris en main la Russie, elle était en lambeaux. Il a eu pour lui, la durée et l'autorité et c'est ainsi qu'il a su et pu redonner sa fierté au peuple russe et sa place à la Russie dans l'ordre mondial. Pendant ce temps là, nos démocraties modernes et libérales, prenaient le chemin inverse.
Aujourd'hui clairement entre la Russie que nous avons poussé dans ses bras et la Chine, va se constituer un pôle sino-russe avec lequel nous ne pourrons ni rivaliser, ni lutter. Comme l'écrivait Jean Raspail, "ces temps là seront cruels".
Encore faudra-t-il que le "temps" soit encore de ce monde...
C.Dragasès
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