CHU de Rouen, chambre 4352, janvier 2017 |
C'est parfois au bout de la nuit que votre vie ralentit car la mort cherche à vous attraper. Déjà, ce corps qui semble ne plus être tout à fait à vous, cette jambe, ce bras qui ne répondent plus, cette joue engourdie et cet œil gauche qui invente ses propres images.
Bientôt vous voilà dans un véhicule dont vous n'êtes pas le conducteur. Vous êtes allongé dans le sens inverse de la marche et vous observez, l'esprit déjà ailleurs, ce paysage connu mais juste entrevu aux travers des petites fenêtres et qui dans la nuit à intervalles réguliers, s'éclaire de bleu. Puis ce sont les néons d'un couloir qui défilent au dessus de vous. Vous les percevez mal, tout alentour prend des allures de kaléidoscope.
Vous entendez des bruits, on s'agite autour de vous, cela semble lointain et imprécis. Vous devriez être en panique mais bien au contraire, une extraordinaire douceur vous enveloppe et une grande sérénité habite votre âme. Ce que vous étiez, voici encore quelques heures n'existe plus. Vous êtes prêt. Vous attendez que quelque chose vienne vous chercher. Des anges peut-être ? Ou bien alors le vide ? Je ne me suis pas posé la question, confiant en la réponse...
Quelques heures passent et vous vous réveillez entouré d'êtres aimés qui vous veillent. Vous êtes resté dans l'anti-chambre, vous n'avez pas franchi la porte, la mort vous a accordé un répit, les prières de ceux qui vous aiment peut-être ?
Ce n'était ni le jour, ni l'heure (*), mais dorénavant vous savez à quoi ressemblera la dernière.
Ce n'était ni le jour, ni l'heure (*), mais dorénavant vous savez à quoi ressemblera la dernière.
CD
(*) Mathieu 25 : 13
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