"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

lundi 14 novembre 2022

Humanité par Charlotte d'Ornellas




 

Personne ne quitte son pays de gaité de cœur, c’est entendu. Mais personne ne devrait quitter son pays pour finir dans une tente sous un pont du périphérique parisien, poussé à la délinquance par des réseaux criminels ou par les basiques nécessités d’une vie déracinée et solitaire. C’est pourtant ce qui arrive, sans que cela n’arrête la propagande migratoire des idéologues endurcis et des élites décidemment déconnectées.

On peut bien accueillir 234 personnes de plus, répètent en cœur ceux qui ne subissent jamais les conséquences de leur prétendue générosité. 234 personnes en détresse, qu’est-ce que cela pèse dans un pays de 67 millions de personnes, ânonnent en cœur les vedettes au grand cœur virtuel. Ils affirment agir par humanité… Mais où sont ces défenseurs de l’humanité lorsque ce sont leurs proches, ceux dont le gouvernement a premièrement la charge, qui murmurent leur détresse sans association de défense, sans micro ni caméra, sans avocats commis d’office, sans défenseurs de droits fondamentaux à leurs trousses ?

Savent-ils seulement qu’il suffit de quatre clandestins pour terroriser les habitants d’une place défigurée par le trafic de crack ? Qu’il a suffi d’un seul pour faire basculer la vie d’une jeune fille violée dans son sommeil ? Qu’il n’en suffit que d’une dizaine pour rendre un quartier invivable aux familles ? Qu’il n’a fallu que l’un d’entre eux pour salir les derniers jours d’une vieille femme violée dans son salon ? Qu’il a suffit d’un seul pour endeuiller les parents de tel ou tel petit Français assassiné.

Le dire serait de la « récupération » ? Répétons que ce n’est que de l’élémentaire compassion, doublée d’un appel au réalise.

Bien sûr, l’immigration illégale n’est pas seulement affaire de délinquance. Nombre d’exilés sont de pauvres hères innocents de tout délit ou crime, de simples exilés malheureux de vivre si loin de leurs patries. Mais où donc se cache la compassion des généreux pour les Français désespérés de leur exil intérieur, de la disparition culturelle de pans entiers de leur patrie à eux ? Nulle part.

Il est indiscutable que les malheureux qui forcent les portes d’entrée de l’Europe n’ont pas des vies enviables. Mais que les bonnes âmes se posent honnêtement la question : envisageraient-ils la détresse d’un inconnu si ce dernier venait à forcer la porte de leur maison ? S’inquiéteraient-ils de la souffrance de l’intru au moment d’exiger son départ à grand renfort de police ? Non, évidemment. Qu’ils acceptent alors de comprendre que la France est pour beaucoup de Français une maison commune dont il convient de préserver les murs porteurs.

Eux qui n’ont que la démocratie à la bouche devraient comprendre : rêver d’un vaste monde sans frontière est leur droit, accepter l’épuisement d’une majorité de leurs concitoyens devant la question migratoire est leur devoir.

Quand accepterons-nous enfin d’avoir l’humilité de reconnaître que nous ne pouvons plus ? Que la charité ne s’impose pas à d’autres ?

Le baromètre arabe, un réseau de recherche qui publie des enquêtes d’opinion dans les pays du Moyen-Orient et du nord de l’Afrique, publie des chiffres qui devraient faire réfléchir : 48% des jordaniens rêvent de quitter leur pays, 46% des Soudanais, 45% des Tunisiens, 34% des Marocains… Des proportions qui doivent être au moins similaires dans les pays de l’Afrique subsaharienne. Evidemment que ces aspirations individuelles sont compréhensibles.

Mais n’importe qui peut comprendre que nos pays ne pourront jamais digérer de tels mouvements de population sans disparaître.

Les 234 malheureux du jour sont potentiellement des millions. Quand aurons-nous la sagesse de comprendre que les portes doivent se fermer ? L’humilité de reconnaître que nous n’y arriverons plus ?

Ou plus exactement que la limite est déjà largement franchie : leur humanité ressemble à un bidonville porte de la Chapelle. Leur générosité finit sous une tente de fortune en périphérie des grandes villes. C’est cette réalité qui devrait remplacer l’imaginaire de l’eldorado dans la tête de tous les candidats à l’exil. Et dans celle des militants qui organisent la submersion.

 

Charlotte d'Ornellas

Journaliste à Valeurs actuelles









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