Henriette, vache libre et heureuse (Plateau d'Emparis, août 2007) |
Voilà un long moment que nous n'avions pas parlé sur ce blog de la ferme des Bouillons à Mont Saint Aignan. Après le renoncement d'Auchan et la classification en terre inconstructible de l'endroit, le dossier sommeillait. Les autorités et les propriétaires, attendant le désintéressement de l'opinion, jouaient en quelque sorte le pourrissement de la situation. Rien n'est pire que l'été pour ce type d'affaire. C'est en général à ce moment précis lorsque citoyens et militants (on en est pas moins homme) sont préoccupés par leur bronzage que le dénouement intervient.
Je ne suis guère surpris par l'issue connue depuis hier matin (l'évacuation par les gardes mobiles des occupants des lieux). Que pèse en effet une bande d'alternatifs face à un trio qui s’entend comme larrons en foire; j'ai nommé le préfet (de l'état socialiste), l'administration (Safer) et l'argent (Immochan) ? Ici comme ailleurs: rien.
Dès lors, il était évident que le sort des artistes de rue et pour un temps des champs était scellé et qu'ils seraient bientôt priés d'aller planter leurs carottes et leurs poireaux plus loin. S'ils avaient eu un peu de culture historique, ils auraient su que gouvernement de gauche ou pas, les socialistes n'ont jamais hésité à faire donner la troupe face à la populace lorsque cela sert leurs intérêts politiques ou les intérêts économiques de ceux qui les financent.
Certains médias domestiqués ont cherché à nous faire croire que la ferme des Bouillons était occupée par des "zadistes" (de sinistre mémoire) afin que le vulgum pecus trouvât normal qu'on les évacuât. Même si je me sens très éloigné des scouts pastèques (verts à l'extérieur, rouges à l'intérieur) qui occupaient les lieux, je trouvais ce mouvement plein de fraicheur, lui qui défendait une agriculture aux antipodes de la ferme des mille vaches, des trois milles cochons, des cinquante milles poulets ou des broyeuses de poussins mâles vivants et "inutiles", s'ils sont vus au travers des lorgnons comptables et bureaucratiques des tenants d'une agriculture industrielle et financière, pourvoyeuse de malbouffe pour grande distribution.
Étant récipiendaire de la lettre d'information de la ferme des Bouillons, j'ai visionné comme sans doute bon nombre d'entre vous, la vidéo de présentation de la sci "familiale" Mégard nouvellement propriétaire des lieux qui joue au choix le rôle d'idiot utile ayant flairé le bon coup financier ou celui de collabo de la famille Mulliez en vue de projets futurs et non avoués à ce jour.
Dans cette vidéo, on y entend le" bougli bougla" marketing de jeunes arrivistes (tel qu'on le leur enseigne dans de quelconques écoles de commerce ou d'agroalimentaire) qui ont établi un "business plan" dans le bio, puisque c'est un domaine à l'heure actuelle particulièrement lucratif et à l'image valorisante puisqu'il permet d'apparaitre comme des bienfaiteurs de l'humanité. La vidéo ne montre pas leurs ongles, mais je vous parie qu'ils terminent des doigts bien plus habitués aux touches des claviers tactiles des tablettes qu'à la cueillette de carottes et de poireaux pour aller les vendre au marché bio du coin. Récupérés par le système qui nous a montré depuis bien longtemps qu'il savait tout digérer et recycler, l'écologie et le "bio" modernes et massifiés ont perdu de ce fait leur romantisme au profit de la rationalité financière en devenant un business comme un autre.
Mes chers Compatriotes, si le dossier de la ferme des Bouillons parait éloigné de ceux des éleveurs de bétail ou des producteurs de lait (au bord d'une jacquerie qui pourrait bien submerger les ploucs qui nous gouvernent, chouette!), ce n'est qu'une illusion. La politique agricole voulue par l'union européenne, décidée par les lobbys de l'industrie agroalimentaire et mise en place par ses exécutants des différents gouvernements français depuis trente ans, est simple: faire disparaitre le paysan et l'agriculteur (comme l'on a déjà fait disparaitre l’artisan pêcheur) au profit d'usines à protéines sur plusieurs étages comme il en existe déjà aux Pays Bas, usines où les animaux ne sont plus qu'une marchandise. Agriculture industrielle et profitabilité à tout crin, en remplaçant labourage et patûrage sont devenues en quelque sorte, les deux nouvelles mamelles de la France de la malbouffe (pour tous, bien entendu).
Dans un pays socialiste comme l'est actuellement devenue la France où l'on nous rebat les oreilles avec la "diversité", il est déplorable que ceux qui nous gouvernent n'appliquent pas celle-ci aux modèles économiques en n'en privilégiant un seul en agriculture comme en tous domaines; celui qui sied aux marchés et lobbys financiers.
Dans ces conditions, mes chers Compatriotes, je vous engage à rester comme moi totalement de marbre face à "l'écoloparade" que nous prépare pour la fin de l'année, Fanfan la teinture et la mère de ses enfants (ministre de l'écologie) avec ce sommet mondial des bonnes intentions pour la nature et le climat, foutaises à visées électoralistes parmi tant d'autres si l'on considère la politique menée en la matière par les mêmes sur le terrain.
CD
Je connais mal le dossier mais allez donc voir sur le compte Twitter du freluquet ce qu'il en pense...
RépondreSupprimerRaymond
"Lobby" fait "lobbies" au pluriel ... Sinon oui, vos propos transpirent l'intelligence ! Et votre plume est excellente - comme de coutume - ... MB
RépondreSupprimermerci, vous allez me faire rougir...
Supprimerplus sérieusement, pour lobby, mon Larousse donne les deux orthographes au pluriel: lobbies et lobbys.
Excellente soirée