Hélie Denoix de Saint Marc |
Mes chers Compatriotes, la France vient de perdre l'un de ses plus valeureux soldat et patriote. Peu de chance que ce gouvernement digne descendant des porteurs de valises ne lui rende le moindre hommage.
Je vous propose à la lecture celui que Jean Sevilla lui a rendu sur le site Boulevard Voltaire.
"Nous le savions lentement aspiré par l’âge et la maladie, mais comme
les vieux chênes, tant qu’il vivait et durait, il était là. Et puis est
venu ce matin d’été où Hélie de Saint Marc est parti, et nous sommes
nombreux, si nombreux, à être tristes. Et pourtant il n’aurait pas aimé
notre tristesse, lui qui avait appris à surmonter les épreuves, toutes
les épreuves que la vie lui avait infligées.
Quelle image retenir de lui, tant elles se bousculent dans la
mémoire ? Enfance bordelaise et périgourdine, milieu de hobereaux
désargentés. Sur une cheminée de la demeure familiale trône un buste de
Marie-Antoinette. Le père, avocat, lit Charles Maurras mais veille, en
1942, à saluer dans les rues de Bordeaux les passants qui portent
l’étoile jaune. Déjà un héritage de fidélité et d’esprit rebelle. Le
jeune Hélie est membre d’un réseau de Résistance. En 1943, cherchant à
rejoindre les forces combattantes d’Afrique du Nord, il est dénoncé,
arrêté. Prison, Compiègne, Buchenwald, puis le camp satellite de
Langenstein… Saint Marc en réchappe grâce à un communiste letton qui l’a
pris sous sa protection. Quand il est libéré par les Américains, il
pèse 42 kilos et ne se rappelle plus son nom.
Ayant frôlé la mort, il n’a plus peur. À 23 ans, il est élève à
Saint-Cyr. Avec la Légion, ce sont ensuite deux séjours en Indochine, et
cette scène qui le hantera jusqu’à la fin de ses jours : sur ordre du
commandement, au cours d’une opération de repli à la frontière de Chine,
il devra abandonner des villageois qui avaient fait confiance à l’armée
française.
Ce sera ensuite la guerre en Algérie, sous la direction du général
Massu, puis le putsch de 1961 dans lequel, commandant par intérim du 1er
REP, il entraîne son régiment. Lors de son procès, le soldat perdu
expliquera n’avoir pas voulu revivre ce qu’il avait subi en Indochine :
trahir la parole donnée.
Condamné à dix ans de réclusion criminelle, gracié en 1966, il entame
une carrière civile et mène enfin une vie de famille. Deux décennies
d’activité professionnelle où il ressemble – en apparence – à un cadre
tel que l’industrie française en emploie des milliers, mais où il mûrit
en réalité une réflexion qui s’exprimera, à partir des années 1990, dans
ses livres et ses conférences. Témoin et acteur d’événements tragiques,
Hélie de Saint Marc devient alors un personnage public, qui raconte et
commente ce qu’il a vu. Mais il ne le fait pas comme un ancien
combattant ; soit dit avec le respect qu’on doit aux anciens
combattants…
Ancien déporté, ancien officier ayant servi dans des guerres perdues,
ancien prisonnier, ancien proscrit, Hélie de Saint Marc, quand il se
racontait, ne ressassait pas ses malheurs. Au contraire, sans renier ses
engagements, il sublimait sa propre histoire, parvenant à une sagesse
lucide sur la destinée humaine. Ceux qui avaient l’honneur d’être reçus
par lui, à Lyon ou à l’ombre de ses oliviers, dans la Drôme, le
constataient : le présent et l’avenir le passionnaient plus encore que
le passé.
La foi, la fidélité, l’honneur, le patriotisme, le courage, le don de
soi, le service, telles étaient les valeurs qu’il prêchait, avec son
profond regard et sa voix sûre, mais calme. « Il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine », écrivait-il dans sa Lettre à un jeune de vingt ans. Adieu donc, cher Hélie de Saint Marc, à la douce pitié de Dieu. Vous aussi, à votre manière, vous étiez un Veilleur.
Jean Sevilla
Jean Sevilla
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