"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !"

Louis Ferdinand Céline

jeudi 3 septembre 2009

Dèjà plus là bas. Pas encore ici.

" C’est une singulière destinée que celle du voyageur : il sème partout des affections, des souvenirs, des regrets : il ne quitte jamais un rivage sans le désir et l’espérance d’y revenir retrouver ceux qu’il ne connaissait pas quelques jours auparavant. Quand il arrive, tout lui est indifférent sur la terre où il promène sa vue : quand il part, il sent que des yeux et des cœurs le suivent de ce rivage qu’il voit s’enfuir derrière lui. Il y attache lui-même ses regards ; il y laisse quelque chose de son propre cœur ; puis le vent l’emporte vers un autre horizon où les mêmes scènes, où les mêmes impressions vont se renouveler pour lui. Voyager, c’est multiplier, par l’arrivée et le départ, par le plaisir et les adieux, les impressions que les événements d’une vie sédentaire ne donnent qu’à de rares intervalles ; c’est éprouver cent fois dans l’année un peu de ce qu’on éprouve dans la vie ordinaire à connaître, à aimer, et à perdre des êtres jetés sur notre route par la Providence. "

Alphonse de Lamartine, 3 septembre 1832, Voyage en Orient

1 commentaire:

  1. Sur cette photo, notre voyageur ne contemple pas le lac du Bourget si cher à Lamartine, mais nul doute qu'à ce moment précis, ce contemplatif inconnu désire repartir !

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